lundi 8 octobre 2018

LE PARADIS PERDU - HUBERT ZAKINE

LE PARADIS PERDU
Un soleil généreux qui inonde la terre.
Un ciel majestueux qui tamise la misère.
Une chaleur qui pénètre les entrées et les cours ,
Les terrasses, les balcons, les issues de secours. 

Des saisons qui empruntent l’école buissonnière
Pour garder à l’été sa plus belle lumière.
Les parfums d’Arabie embaument les jardins
Entre danses espagnoles et chants napolitains.
Le vent venu de France et de Jérusalem
Complètent le tableau d’un pays de bohême.


La Méditerranée qui détourne le regard,
Surgissant de partout, surgissant de nulle part.
Au détour d’une rue, d’une place, d’un jardin
Il nous semble toujours la toucher de la main.
Une Méditerranée à l’accent pataouète.
Des cabanons sur l’eau à l’odeur d’anisette. 

Des plages de sable fin autour d’une cabassette.
Des familles réunies à la bonne franquette.
Et l’été de chez nous qui chante l’amitié,
Pour un jour, pour une heure ou pour l’éternité.


Et le rire de partout qui dévale en cascade,
Qui ricoche sur les murs et poursuit sa balade
Que reprennent tous en chœur les amis de passage
Pour l’escorter au large de tous ses paysages. 

L’avenue conquérante qui attire la jeunesse
Répercute le bruit, la fureur, l’allégresse. 

On se tape sur l’épaule pour se dire bonjour.
L’amitié à la vie, à la mort, à l’amour.
De l’école au cimetière en passant par l’enfance
Sur ce morceau de terre qui ressemble à la France


Des quartiers animés dès le petit matin,
Des enfants qui descendent jouer dans le jardin.
Un drapeau tricolore pour unique voyage,
Pour unique décor, pour unique message. 

Et la rue qui se veut école de la vie.
Où l’on apprend comment se faire des amis,
A jouer aux noyaux, à souffrir en silence,
A rendre plus joli le rêve de l’enfance.
A remplir sa jeunesse de futurs souvenirs
Quand l’espace et le temps n’auront plus d’avenir.


Le théâtre de la vie sur la scène des balcons
Ensoleille le ciel bleu, enflamme l’horizon.
Discussions animées ou échanges de menus.
Une maman qui surveille son enfant dans la rue. 

Voisinage familial qui tutoie l’amitié
Et les portes qui restent ouvertes sur le palier.
Tout concourt au bonheur malgré la pauvreté
Car la richesse du cœur est la seule monnaie.
L’étalon de l’argent semble dévalué
Sur ce morceau de France, de Méditerranée.


Le tape cinq connivence de la complicité
Et le bain de jouvence qui regorge des cafés.
On se tape la khémia pour assoiffer Musette.
On étanche sa soif à grand coup d’anisette.
La tablée de belote à la table de Camus
Semble plus animée que celle de Raimu. 

Le bras d’honneur vengeur pour une partie perdue
Au comptoir de Sauveur, l’amitié revenue.
Prolongement naturel de l’enfance disparue,
Les cafés ont un goût de paradis perdu.


La musique andalouse ou bien napolitaine
Se promène sur ses rives méditerranéennes.
Se côtoient espagnols, italiens et maltais,
Arabes, juifs, alsaciens, gitans et mahonnais.
A cette race issue un peu de n’importe où,
Le pays a offert ses rivages, ses cailloux.
En retroussant leurs manches sans jamais rechigner,
Ils ont bâti une France sur les rives d’Alger.
Un pays de lumière au soleil disparu,
Un ciel bleu, une terre, un.................. PARADIS PERDU
 

HUBERT ZAKINE

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