jeudi 6 mars 2014

MON ENFANCE A L'ESPLANADE de hubert zakine

EXTRAIT.....
Les habitants de l'Esplanade avec le marché Nelson pour se nourrir, les jardins Guillemin pour s'enivrer de bavardages à bâtons rompus et de cavalcades enfantines, Padovani, Prado plage et les bains des chevaux pour les joies de la plage, la piscine olympique d'El Kettani pour les compétitions de natation, les lycées Bugeaud, Lazerges et le collège Guillemin pour les têtes bien faites, les cinémas Majestic et Variétés pour la distraction, les cafés pour l'anisette, la khémia et l'entretien de l'amitié, les écoles Rochambeau et Lazerges pour l'enseignement du lire, écrire et compter, la rue pour façonner l'enfance, tout était réuni pour que chacun s'identifie à ce quartier off limits de Bab El Oued!





Prenez le marché Nelson! On monte, on descend, c'était le grand style depuis 1957 avec sa structure en fibro-ciment. (zarmah, je suis un diplômé es-architecture, total je suis archi-nul en fibro-ciment et même en fibro-autre chose). Le marché Nelson à ciel ouvert jusqu’en 1956 où les femmes elles tchortchoraient sans crier comme des marchandes de poissons, il était le rendez-vous des ménagères en goguette. En plus, tout le monde y se connaissait alors je vous dis pas combien les langues elles travaillaient. Mais toujours avec distinction! J'exagère un tant soit peu (un tant soit peu, là, je fais zarmah) mais il est vrai que le catimini était la denrée la plus courtisée dans ce haut lieu de l'Esplanade. (purée, qu'en langage châtié, ces choses sont dites!)


Notre plage de l'Esplanade elle se trouvait à..........l'Esplanade. La palisse, c'est mon cousin!Notre coin de paradis, il s'appelait Padovani. Un petit bout de plage coincé entre le boulevard front de mer et El Kettani qui venait nous taper la sérénade à Magali pour qu'on déserte pas Bab El Oued et qu'on aille faire les beaux et les belles à la Madrague ou à la Pointe Pescade. Les beaux et les belles, seulement si on était un Adonis et une Vénus comme ma sœur et moi. On est jamais si bien que par soi-même non? Tant qu'il y a de la gêne, il y a pas de plaisir! Mais au fait, j'ai pas de sœur!
Padovani, c'était la plage des petites gens de Bab El Oued. Nous autres, enfants de l'Esplanade, du matin au soir, on tapait le bain. Aller et retour jusqu'au petit rocher pour un diplôme de natation décerné par le quartier. Notre méditerranée, câline comme une mère de chez nous, elle nous offrait son grand lit indigo pour taper la pancha jusqu'à plus soif. L'air de rien, on matait les petites. On jouait les Johnny Weissmuller même si on savait pas nager. En fin d'après midi, on remontait de la plage, exténués mais heureux. Le corps brûlé par le soleil, on se changeait fissa fissa (vite) pour rejoindre le jardin Guillemin qui éclaboussait le quartier d'exubérance.

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