mercredi 26 mars 2014

IL ETAIT UNE FOIS BAB EL OUED DE HUBERT ZAKINE

BAB EL OUED...........

 
 
Paradis des humbles gens, Bab El Oued vivait au rythme de l’enfance. Une enfance évoluant bruyamment, accaparant les aires de jeux afin de dépenser une énergie débordante, de gesticuler, de parler à haute voix au mépris de la sieste des justes.
Une enfance heureuse bercée par les chansons douces des mamans, prolongée par la musique de l’amitié qui chantait en chœur dans le ...
quartier avant de s’épanouir au sein de l’adolescence.
Les pays méditerranéens déversent dans les jardins des nuées de bambins accompagnés de leurs mamans afin de s’enivrer de senteurs poivrées, d’emmagasiner les bienfaits d’un soleil généreux, de partager le pain de l’amitié, nourriture vitale des gens de ces pays.
 
 
L’Algérie ne dérogeait pas à cette règle. Composée en majorité d’immigrés d’Espagne, de Malte et d’Italie, les nouveaux arrivants perpétuaient ainsi les coutumes et traditions de leurs pays d’origine sur une terre d’accueil qui pratiquait elle-même la vie au grand air.
Ajoutez y les juifs de la casbah qui avaient fui les appartements vétustes de leur enfance pour enfin « respirer à pleins poumons» .
Plus que tout autre quartier, Bab El Oued s’installa dans cette pratique avec d’autant plus de désinvolture que les pionniers vécurent dans des baraquements de fortune où la promiscuité et l’insalubrité les jetaient dehors à chaque occasion. Le besoin de communiquer avec « leur pays », le soir après leur dur labeur faisant le reste. Les gargottes, les tavernes, les restaurants et les cafés décoraient leurs enseignes du drapeau transalpin ou ibérique, attirant une foule de compatriotes désœuvrés, cherchant désespérément à renouer avec le passé.
 
 
Les enfants de ces déracinés profitèrent de ces coutumes aérées qui poussaient tout un chacun hors de chez lui. « Descendre en bas la rue » devint le leitmotiv d’une jeunesse athlétique qui pratiqua naturellement les jeux et disciplines sportives « indoor ».
Puisant dans le grenier des anciens, les enfants les empruntèrent à leurs aînés qui tardaient à «émanciper» leur adolescence, préférant prolonger leur statut d’éternels gamins, de « grand dadais qui jouent encore avec les p’tits ». Car à Bab El Oued, on aimait constituer des équipes de « petits » qui, fièrement, défiaient les « grands » dans d’homériques luttes intestines.
H.ZAKINE
 
 
 

     


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