mardi 5 juillet 2011

IL ETAIT UNE FOIS BAB EL OUED de hubert zakine -30 -

CHAPITRE QUATRIEME
MŒURS ET TRADITIONS
LA RELIGION
NOTRE DAME D’AFRIQUE
Monseigneur DUPUCH, premier évêque d’Alger, rapatrie des Dames du Sacré Cœur de Lyon une vierge en bronze dans la ville blanche. Après avoir tenté de placer la statue à l’intérieur de l’église SAINTE- CROIX située dans la haute casbah, il se résigne à l’installer au cœur de l’archevêché. Après trois années, il confie la Vierge aux Trappistes de Staouéli.
Monseigneur PAVY qui succède à Mgr DUPUCH en 1846  est accompagné de deux lyonnaises qu’il avait connues durant son ministère rhodanien. Ces femmes locataires du Petit Séminaire vouent une dévotion totale à Notre Dame de Fourvières qui domine la ville de Lyon. Affectée au service des enfants malades à Saint-Eugène, les deux femmes découvrent un ravin où elles installent une statue de la Vierge Marie. Les familles des pêcheurs, épouses en tête, affluent vers cette chapelle naturelle improvisée bientôt suivies par d’innombrables fidèles venues des quatre coins d’Alger. L’engouement pour ce lieu incite Mgr PAVY à édifier une petite chapelle, Notre Dame des Ravins, sur les hauteurs de la Bouzaréah non loin de la Campagne OUALID, petite colline truffée d’amandiers. Le prélat apprend l’existence de la statue ramenée par son prédécesseur et confiée aux bons soins des Trappistes. Il la récupère pour la placer dans la petite chapelle. La statue de bronze avait foncé avec le temps. Elle devint la Vierge noire d’Alger.
Monseigneur PAVY met, alors, en chantier  la basilique en ouvrant une souscription à laquelle viennent se greffer des capitaux juifs. De son côté, la famille OUALID, propriétaire du terrain jouxtant l’édifice offre une parcelle sur laquelle les bâtisseurs respectueux conservent le banc de pierre où chaque soir, le « vieux OUALID » s’asseyait, le regard rivé sur l’admirable panorama d’Alger. En 1854, Mgr PAVY pose la première pierre de Notre Dame d’Afrique. La mise en chantier est effective le 2 février 1858. Mgr LAVIGERIE la consacre le 2 juillet 1872 devant des milliers de fidèles, musulmans et israélites compris, tous enfants d’Alger.
Le 4 mai 1873, la Vierge noire de Notre Dame d’Afrique prend place dans la crypte.
Alger possède l’une des plus belles basiliques byzantines de la planète. Sa situation privilégiée dominant la baie, les vivants et les morts, son regard posé sur la grande bleue comme une douce  promesse aux marins algérois, la dévotion des trois religions du livre l’atteste : Notre Dame d’Afrique appartient à tous.
Les pèlerinages rassemblent des foules vibrantes de foi avec le déploiement de bannières et statues portées avec fierté par les hommes  du quartier. La montée vers  Notre Dame d’Afrique pour passer la journée ou un moment à l’ombre de la basilique, s’empare de chaque virage afin d’ apparaître plus belle, plus proche de Dieu et des hommes avec vue sur la Méditerranée qui troue les ruelles de Bab El Oued pour s’exhiber dans sa bleue nudité, impudique au regard du faubourg. Si l’on est indigène, on vénère « Madame l’Afrique » car elle veille sur les chrétiens et les musulmans selon la profession de foi énoncée dans la crypte. Si l’on est israélite et même si l’on regrette de ne pas y être mentionné, on estime que « Notre Dame d’Afrique » veille sur la communauté puisqu’elle veille sur tous les Algérois. Et de là haut, quelque soit la saison, n’apparaissent aux yeux avides des enfants du faubourg que l’azur, la mer et Bab El Oued ; au delà, la ville s’enroule dans son voile atmosphérique, se devinant à peine à travers la brume de chaleur qui dérobe les beaux quartiers à la vue panoramique mourant  dans l’onde cristalline.
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A SUIVRE...

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