Le savant dont la perte fut si vivement sentie dans toute l’Algérie était né à Paris le 11 mai 1801. De solides études, faites au collège charlemagne, l’avaient préparé à suivre les cours de l’École des chartes. Son début dans la paléographie lui assigna tout d’abord un rang dans la science. Il fut chargé en 1832, par le gouvernement anglais, de recueillir les pièces originales relatives à l’occupation de la France au quinzième siècle.
Vers le milieu de l’année 1834, comme averti par un de ces pressentiments auxquels nul esprit ne résiste, il abandonnait en quelque sorte la théorie pour la pratique, et venait en Afrique avec le maréchal Clauzel, dont il fut le secrétaire particulier. Il l’accompagna dans ses excursions et suivit le maréchal Valée à Constantine. De ces expéditions militaires, il rapporta un grand nombre de manuscrits arabes qui formèrent le noyau de la bibliothèque d’Alger. De nouveaux horizons s’étaient ouverts devant la sagacité de Berbrugger.
Admirant le pays que nos armes venaient de conquérir, il entreprit sans relâche de le faire connaître, dans l’espoir sans doute que la conquête en deviendrait plus assurée. C’est alors que, tantôt sous la tente, à côté des soldats qui pansaient leurs blessures, tantôt dans le calme de la ville, il composait cet ouvrage important qui fut publié sous le titre de l’Algérie historique, pittoresque et monumentale.
Non content de travailler, il aimait à répandre autour de lui le feu sacré qui l’animait. Doué d’une élocution facile, qui s’était exercée plus d’une fois en France dans des conférences publiques, il possédait à un haut degré le talent de semer les idées et de les faire accepter. Dès qu’il eut remarqué que les premiers colons mis en possession du sol par une autorité aussi patriotique que vigoureuse, commençaient à exhumer avec la pioche les débris de la domination romaine, on le vit grouper autour de lui les chercheurs et les hommes d’étude. La « Société historique algérienne » était fondée, et pendant douze ans il fut le principal rédacteur du journal des travaux de la société : la Revue Africaine.
On compte en outre, parmi les écrits de Berbrugger, un Cours de langue espagnole, un Dictionnaire espagnol-français, la Relation de l’expédition de Mascara, les Époques militaires de la Grande Kabylie, une Notice sur les puits artésiens du Sahara, l’Histoire du martyr Géronimo et la Notice sur le Tombeau de la Chrétienne, ce problème historique dont ses calculs patients ont dévoilé l’énigme après vingt siècles, enfi n de nombreux mémoires insérés dans les journaux d’Algérie et de France.
A défaut de fortune, les honneurs ne manquèrent point au savant conservateur de la bibliothèque d’Alger. Au mois de juin 1865, il reçut la croix de commandeur de la Légion d’honneur, en récompense de ses travaux littéraires. Précédemment, il avait été nommé membre correspondant de l’Institut. Berbrugger est décédé à Alger le 2 juillet 1869.
Revue Africaine, « Éloge funèbre de Berbrugger », par Cherbonneau.
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