mercredi 16 février 2011

VOUS AVEZ DIT MULTICULTURALISME? IVAN ROUFIOL

Je suis étonné du peu de commentaires suscités par la déclaration de Nicolas Sarkozy, jeudi soir sur TF1, reconnaissant à son tour le fiasco du multiculturalisme, après la chancelière allemande Angela Merkel et le premier ministre britannique, David Cameron. Le chef de l’Etat a dit, répondant à la question d’un internaute : « Dans toutes nos démocraties, le multiculturalisme est un échec. On s’est trop préoccupé de l’identité de celui qui arrivait et pas assez de l’identité du pays qui l’accueillait […] Ca pose la question de l’islam et de nos compatriotes musulmans. On ne résout pas les problèmes en refusant d’en parler. » Or, le Camp du Bien, qui s’est donné en festival ce lundi matin en la personne de Jean-Luc Mélenchon affrontant Marine Le Pen sur RMC-BFM-TV, reste curieusement réservé après cette charge qui, il y a peu, aurait indigné les dépositaires des bons sentiments, de l’antiracisme et de la lutte contre les discriminations. Le politiquement correct a visiblement pris un coup dans l’aile. Je m’en réjouis d’autant plus que, dès 2007, j’écrivais (La Fracture identitaire, Fayard) : « La première urgence est de rejeter clairement le multiculturalisme. Il est une menace pour la nation qui a besoin d’une culture propre pour exister. »

Reconnaître cet échec revient à admettre que ce modèle, qui s’est imposé à la France en dépit sa tradition assimilatrice, a servi de prétexte pour dispenser certains des nouveaux arrivants extra-européens, et singulièrement musulmans, de faire l’effort de s’intégrer à la culture d’accueil, en dépit d’une accession aisée à la nationalité française. Le multiculturalisme reste, tout particulièrement, le cheval de Troie de l’islam politique qui a trouvé, dans cette formule défendue aussi bien par Tarik Ramadan que par l’Union européenne, l’argument pour revendiquer sa place, ses lois, ses droits, ses protections, tout en se gardant de défendre un tel système hétérogène en terres d’islam. Le Liban, qui fut l’exemple espéré d’une cohabitation harmonieuse entre les religions et les cultures, est là pour rappeler que la guerre civile n’est jamais loin quand une idéologie, l’islamisme en l’occurrence, prétend imposer sa supériorité. Le multiculturalisme en Europe, outre qu’il détruit la notion d’Etat-nation à laquelle les peuples sont attachés, porte les mêmes risques de tensions et il est heureux que les dirigeants ouvrent enfin les yeux. Reste à savoir si Sarkozy ira au bout de son constat, qui invite logiquement à une remise en question de l’immigration de peuplement et du droit du sol.

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