jeudi 19 août 2010

ALGER

En 1830, Motivé par les ressources agricoles de la "Mitidja" », Charles X envoie un corps expéditionnaire français commandé par le général de Bourmont, ministre de la guerre prendre possession de la ville qui tombe le 5 juillet 1830, trois semaines après avoir débarqué à Sidi-Fredj (Tipaza) situé à 30 km à l'ouest. Simple raid à l'origine, l'occupation française va se prolonger pendant plus de 130 ans, et marquer profondément la cité qui comptait à peine 30 000 habitants en 1830.
La ville, bâtie en amphithéâtre sur un rocher dont l'inclinaison est tournée vers l'Est, s'étendait alors, dans la partie comprise entre  la Casbah (la citadelle) et le port, soit 3 200 mètres de remparts avec cinq portes qui enfermaient environs 12 200 maisons de grandeurs diverses contenant toutes une cour d'une plus ou moins grande étendue. Les faubourgs constituaient la campagne avec de belles villas enfouies dans un cadre de verdure et de vastes jardins qui faisaient l'admiration des Européens. La ville haute, constituait la vraie ville avec ses mosquées, ses zaouïas et ses rues étroites.
Au lendemain de la colonisation, la ville est maintenue comme capitale de la nouvelle colonie d'Algérie, ou ne commission de gouvernement et un conseil municipal institués par Bourmont remplacent l’administration turque. Puis dès 1848, elle devient le siège de la préfecture du département du même nom, permettant ainsi développement rapide, grâce à l'arrivée d'émigrants européens au cours de la deuxième moitié du XIXe siècle, principalement d'origine française, tandis la population locale se concentre plutôt dans une Casbah en voie de taudification.
Afin d'investir la ville, deux ressources s'offrent aux colons : soit celle d'occuper les habitations mauresques, en s'adaptant à leur architecture ; soit celle d'en démolir quelques-unes pour construire des voies carrossables et des places pouvant servir aux rassemblements de troupes et aux marchés.
La topographie de la ville, accidentée dans sa partie ouest et n'offrait qu'une zone basse légèrement plane dans sa partie est, qui en bordure de mer pouvait, grâce au voisinage du port, avoir un plus grand intérêt économique. Ainsi, c'est dans cette dernière zone qu'il y eu le plus de transformations.
On commença par quelques démolitions entre Bab-Azoun et la Marine, ainsi que dans la rue des Souks pour permettre aux chariots de circuler librement. On continue le tracé des rues Bab-Azoun, Bab el Oued et de la Marine qui ont été auparavant simplement élargies. Pour les deux premières, on construit des rues à arcades et on fait adopter l'établissement de galeries, de façon à lutter contre les rayons du soleil. Aussi l'ouverture de deux autres rues est décidée : celles de Chartres et des Consuls afin d'établir une communication entre les portes Nord et Sud au cas où les rues Bab-Azoun et Bab el Oued aient été rendues inutilisables.
À partir de 1840, la ville sortant des limites des fortifications ottomanes et des logiques de défense, le Génie élabore en 1841 un projet d’ensemble de fortifications modernes. L’architecte Pierre Auguste Guiauchain rédige en 1845 un schéma général de voirie et d’alignements concernant les terrains à édifier à l’intérieur de la nouvelle enceinte. Il installe les nouveaux bâtiments publics : Hôtel de Ville, palais du Gouverneur, théâtre, palais de justice, hôtel des postes et du trésor... dans les meilleurs emplacements dominant la mer et prévoit une série de percées transversales destinées à faciliter la liaison entre les nouveaux quartiers du nord et du sud de la ville.

Ce plan qui sera publié en 1848 par Delaroche, esquisse les rampes et les escaliers destinés à relier les quais à la ville, quelque 15 mètres plus haut, de même que les liaisons avec la place du Gouvernement au sud. Par étapes successives cette idée aboutira, en 1860, au projet de Frédéric Chassériau, architecte de la ville, qui dessine l’ensemble de la structure soutenant le boulevard et les rampes entre les quais et la ville. Il prend le nom de boulevard de l’Impératrice en honneur de Eugénie de Montijo, l’épouse de Napoléon III qui l’inaugure en 1865 (avant son achèvement) et accueille, au fil du temps, d’importants édifices publics : la Préfecture, le Palais des Assemblées, le Casino, l’Hôtel de ville, etc...
Les Français s'installent principalement dans les faubourgs, dans des maisons qui se trouvent le long des remparts, comme le quartier populaire de Bab El-Oued au nord, tandis que l'on poursuit également l'européanisation de la ville musulmane ; aménager les constructions mauresques semble être le meilleur programme d'utilisation de la cité. Ainsi, dès 1839, la partie basse de la ville tend à disparaître, démolitions et expropriations contribuent à donner un aspect nouveau à ce quartier. L'immigration d'Européens est importante. Tous les nouveaux venus commencent d'abord par occuper les maisons mauresques qui sont transformées pour répondre à des exigences nouvelles. Celles-ci deviennent bientôt des bâtisses insalubres et mal aérées. Lors de son voyage, Napoléon III fait une enquête personnelle qui a pour résultat d'arrêter les démolitions de la vieille ville. Le rapport dit que la haute ville doit rester telle quelle. On commence à s'apercevoir qu'il est difficile de greffer une ville européenne sur une ville musulmane. Le temps seul se charge alors de modifier l'aspect de la cité.
Ainsi, les quartiers d’Alger ressemblent peu à peu à des quartiers parisiens, dignes des travaux haussmanniens, avec les lieux nécessaires à la vie publique (jardin, église, mairie, école). Les anciennes somptueuses villas ottomanes réquisitionnées, sont utilisées comme maisons secondaires par les grandes familles françaises.
La colonisation fait d'Alger une ville à majorité européenne, ceci bien que la population musulmane indigène commence à s'accroître de façon exponentielle à partir de la Première Guerre mondiale, du fait tant de l'accroissement naturel que de l'exode rural.
À partir de 1903, l’administration française demande le respect de la culture indigène, c’est ainsi que le style néo-mauresque est né. (Exemple : grande poste). L’embellissement de la ville est accentué pendant les années 1930 (centenaire de la conquête de l’Algérie). C’est un moyen pour justifier la colonisation et de montrer sa réussite. Pour cela, on construit des musées (musée des beaux arts), des jardins (jardin d’essais), des lieux artistiques (villa abd eltif).
Les transports modernes sont également installés. Ainsi, en 1892 le chemin de fer fait son apparition par la création de la Compagnie des Chemins de Fer sur Routes de l'Algérie (CFRA), dont une partie du réseau est centré sur Alger. Il se compose d'une ligne côtière traversant la ville par les boulevards le long du port. La même année, la Compagnie des Tramways Algériens (TA) est créée afin de constituer un réseau purement urbain dans Alger. Une longue ligne est construite, parallèle à celle des CFRA, mais à l'intérieur de la ville. En complément de la ligne de tramways des TA, une nouvelle ligne de trolleybus est mise en service.

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