L’histoire est celle de ces rapatriés venus de l’autre rive de la Méditerranée, projetés vers un ailleurs par les bons mots du général. " Je vous ai compris ", clame le grand Charles sous le soleil algérois. Pourtant, beaucoup se sentiront pendant très longtemps incompris. " Il avait bien manoeuvré. Il n’empêche que pour nous, c’était une trahison. L’OAS, ça ne voulait rien dire. C’était quoi ? Juste l’armée dans toute sa représentativité qui désirait que ce département soit une terre française. Et nous, nous étions complètement « pour » , tempête ce pied-noir meurtri pour de bon dans sa chair. " La cicatrice est toujours ouverte. J’ai laissé mes racines là-bas. La décolonisation était inéluctable mais c’était une connerie de l’amorcer dans un pays qui n’était pas prêt à ça. Il aurait fallu la préparer. "
Michel Acaries parle. Le ton est abrupt. Il y a des instants qui ne s’oublient pas. " Mon père a été raflé un dimanche de mai 1962 par les gendarmes de la République. On enlevait les forces vives pour les exporter en métropole. Durant plusieurs semaines, on n’a pas su ce qu’il était devenu. En juin, on est à Orly-Sud après avoir voyagé en Caravelle. Là, par miracle, une dame de la Croix-Rouge a demandé son nom à ma mère et lui a dit qu’elle allait pouvoir retrouver son mari. "
La famille recomposée s’installe à Marseille où le paternel prend une licence de taxi. Son rejeton, Louis, casse bientôt la baraque entre douze cordes. Bon prince, l’aîné est chargé de monter à Paris pour préparer le terrain et la future carrière du petit dernier. À la vie, à la mort, déjà. " Il y a quelque chose entre nous, une telle complicité. On ne se pose jamais la question de savoir qui fait quoi. Sans lui, je ne serais pas là. "
Et inversement. Les frangins apprennent le métier chez Jean Bretonnel, Monsieur Jean pour les intimes. Louis sera pugiliste, Michel organisateur : " Je n’avais pas le feu sacré pour monter sur un ring. Je n’étais intrinsèquement pas doué. " La nature est prévoyante. Le binôme commence à voler de ses propres ailes avant de prendre de l’altitude. L’un met les gants, l’autre s’occupe de l’intendance et des cordons de la bourse. Premier gros coup en 1984 : Bercy, plein comme un ouf, voit le benjamin perdre sa couronne européenne face au Britannique Tony Simson. Puis, défait par Santos, en juin 1985 au Parc des Princes réquisitionné pour l’occasion, il raccroche définitivement et devient entraîneur.
Louis Acariès a été boxeur professionnel entre 1978 et 1984 chez les poids moyens. Il compte 45 combats, 39 victoires (dont 21 par KO) pour 6 défaites. Il a ensuite raccroché les gants pour devenir entraîneur. Il coache actuellement Brahim Asloum.
On peut penser ce qu'on veut de Louis ACARIES qui après sa carrière de boxeur professionnel, a su réussir sa reconversion d'homme d'affaires et de devenir par exemple un ami personnel de la famille DREYFUS à l'OM de Marseille.
Louis ACARIES a réussi une belle carrière puisqu'il a disputé une centaine de combats amateurs et pros, est devenu tour à tour champion de France et d'Europe dans des catégories différentes et qu'il a disputé un championnat du monde.
Or, le clan ACARIES emmené par le frère Michel tenait absolument à modifier le style de Louis.
Longtemps son manager était Jean BRETONNEL, Monsieur Jean. C'était non seulement un redoutable homme d'affaires mais il aimait ses boxeurs et savait les faire progresser.
Sur un ring, Louis ACARIES avait un comportement imprévisibe. Il était très bien dans le vestiaire avant de monter sur un ring mais ses qualités mentales n'étaient pas à la hauteur.
Dès lors et à partir de 1981, on note une sorte de brouille entre la famille ACARIES et Jean BRETONNEL. Ce dernier déplorait que Louis "boxe les pieds à plat et la tête entre les gants. Il est inconcevable de gâcher de tels dons."
M. Jean regrettait de son côté que Louis ACARIES soit étouffé par sa famille. Il était visiblement trop couvé.
"Je tiens Louis pour un grand mais on ne l'a jamais vu en tant que tel, soulignait BRETONNEL. Au mieux, il a boxé à 60% de ses moyens
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire