A LA FETE FORAINE
En été, tout était prétexte à la rigolade. Surtout dans les quartiers où la jeunesse elle se baladait entre la mer et le soleil.
Chez nous autres, à Bab El Oued, c’était la course effrénée au plaisir comme si on avait peur que le bon dieu y reprenne d’une main ce que de l’autre il avait donné. C’est comme ça dans tous les pays du monde. Sauf que chez nous, Azrine y venait, pas une miette on lui laissait. On était des jouisseurs à la puissance dix en même temps que des grands naïfs. On pensait que de vivre dans ce pays, c’était un contrat que nos ancêtres y z’avaient passé avec le bon dieu qui était tellement reconnaissant d’avoir pacifié et embelli un pays qui valait, jadis, trois clopinettes, que vitam aeternam, on serait heureux. Pauvres mais heureux.
Et heureux, on l’était dans le quartier où le rire c’était le son le plus familier et le plus répandu. Même si on avait pas un gros compte en banque, on se sentait quelqu’un, on se sentait riche de quelque chose de plus important que l’argent. En fait, notre richesse elle venait du cœur et personne, à Bab El Oued, y la gardait pour soi .
On aimait tant se moquer des autres qu’on se rendait même pas compte de la vexation ou la peine que ça pouvait engendrer. Et en été, c’était le nec plus ultra de la rigolade bon enfant.
Tous les après midi, y avait ceux qui tapaient la sieste et celles qui préféraient descendre au jardin pour se raconter leur vie en long, en large et en travers. Y avait surtout celles qu’elles disaient toujours du mal de la voisine et qui entretenaient la mauvaise langue qu’elles avaient au fond de la bouche.
Mais vers le soir, quand les hommes y rentraient du travail ou du café, tout le monde y se retrouvait autour de Charles Finaltéry ou de Paul Trinchant pour le radio-crochet de la journée. On aurait pu se contenter de faire passer les candidats un après l’autre et se bidonner comme dans tous les concours de chants. Aouah! A Bab El Oued, on faisait rien comme tout le monde. Alors, chaque quartier, on inscrivait, en cachette, un copain qu’on savait qu’il en touchait pas une en chanson et que Luis Mariano et lui, y z’étaient pas passés par la même porte. (Franchement, qu’est ce qu’on sent fout qu’y soit passé par la même porte ou non, la vérité !).
Avant le radio-crochet, on se régalait à l'avance de la tête que les candidats y z'allaient se taper quand Charly Finaltéry il allait les appeler à monter sur la scène.
Raïeb, les pauvres, les uns après les autres, le présentateur y les obligeait à monter sur la scène poussés par ceux qui les avaient inscrits en cachette. Verts, mais y montaient! Y z’avaient beau montrer leur bonne foi, dire qu’y z’en touchaient pas une en chanson, qu’une casserole, elle chantait mieux, y a pas, y chantaient. Et nous autres, pendant qu’y poussaient la chansonnette presqu'en se cachant derriére le piano,, on leur faisait un de ces carnavals, j’vous dit pas ! On leur jetait pas des tomates pace qu'on avait pas d'argent à jeter par les fenêtres mais c’était tout comme ! Les sifflets, les rigolades, les "hou hou", les chansons d’amour, les qui se prenaient pour des professionnels et qui chantaient stoïques au milieu de la fureur, ceux qui se pissaient dessus à chaque mot, les femmes qu’elles se pâmaient pour un chanteur à la gomina, les cataplasmes ambulants, enfin, tout ça, ça rentrait fourbus mais contents, heureux de vivre à la bonne franquette dans ce quartier qui aurait pu donner des leçons de bonheur au monde entier.
Raïeb, les pauvres, les uns après les autres, le présentateur y les obligeait à monter sur la scène poussés par ceux qui les avaient inscrits en cachette. Verts, mais y montaient! Y z’avaient beau montrer leur bonne foi, dire qu’y z’en touchaient pas une en chanson, qu’une casserole, elle chantait mieux, y a pas, y chantaient. Et nous autres, pendant qu’y poussaient la chansonnette presqu'en se cachant derriére le piano,, on leur faisait un de ces carnavals, j’vous dit pas ! On leur jetait pas des tomates pace qu'on avait pas d'argent à jeter par les fenêtres mais c’était tout comme ! Les sifflets, les rigolades, les "hou hou", les chansons d’amour, les qui se prenaient pour des professionnels et qui chantaient stoïques au milieu de la fureur, ceux qui se pissaient dessus à chaque mot, les femmes qu’elles se pâmaient pour un chanteur à la gomina, les cataplasmes ambulants, enfin, tout ça, ça rentrait fourbus mais contents, heureux de vivre à la bonne franquette dans ce quartier qui aurait pu donner des leçons de bonheur au monde entier.
Mais la politique………………………
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