Bab El Oued italien, Bab El Oued juif, Bab El Oued espagnol. Bab El Oued c’était avant tout un quartier populaire et populeux ! Un quartier à nul autre pareil. Avec sa fureur, son rire, ses jardins, ses plages (ah Padovani) et là-haut, tout là haut, Notre Dame d’Afrique qui veillait sur ses enfants.
Bab El Oued et ses marchés tonitruants, ses marchants d’habits, ses personnages hauts en couleurs, ses écoles, ses instituteurs et institutrices que chacun et chacune d’entre nous a su garder tout au fond de sa mémoire d’exil, Nelson, place lelièvre, Avenue de la Bouzaréah, le Trianon, le Marignan,la clinique Durando, Sygwalt, je pourrais écrire un livre rien qu’à les nommer (d’ailleurs j’en ai écrit un) ses cliques, l’Orphéon de Bab El Oued que mon ami Henri Agullo m’a conté. Je ne résiste pas au plaisir de vous faire faire un petit voyage dans le temps.
Il était une fois un homme, Diégo Agullo, qui s’en alla chercher fortune au pays d’Algérie. Venant de sa petite ville d’Elche en Espagne, traînant derrière lui cinq enfants et à ses côtés sa femme, il débarqua un beau matin, dans la capitale Algéroise. Il alla directement à Bab El Oued .
Diégo fils, le roi de la "Spardégna" au travail.
En ce temps là, l’Espagne et l’Italie formaient deux communautés distinctes. Le quartier des Messageries parlait Napolitain, péchait les oublades et chantait la tarentelle alors que la Cantère jouait du flamenco, parlait le Valencien et se spécialisait dans la boulangerie. Mais les deux entités soeurs construisaient le faubourg en faisant sortir de terre de nouveaux immeubles.
Notre homme, Diégo Agullo était amateur de chant et de théatre. Après s’être installé au quartier de la basséta appelée également la Cantère, il alla rejoindre l’Orphéon de Bab El Oued dont le siège se trouvait rue de la Bretonniére. Là, il sut se rendre utile par son dynamisme et sa disponibilité. Tous les dimanches, il tenait la buvette lors des représentations théatrales qui parlaient du pays de Cervantès dont les spectateurs, tous ibériques, avaient la nostalgie. Sa femme l’aidait à vendre cocas, calentitas, montécaos qu’elle fabriquait elle-meme tant et si bien que Diégo Agullo devint une figure de l'Orphéon Espagnol de Bab El Oued. Jusqu'à sa mort, son fils, prénommé comme son père Diégo, le seconda avec tant de zèle qu'il postula au poste de président.
Il le demeura jusqu'en 1945 date à laquelle il fut destitué à l’arrivée des réfugiés espagnols qui prirent la place des républicains pour donner à l’orphéon espagnol un aspect plus politique. Le communisme était à son apogée en Algérie. Le parti déclinera avec les événements car les espagnols comme les italiens et les juifs devinrent Algérie française et rien d’autre qu’Algérie française.
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