Francis Borelli est né le 8 avril 1932 à La Calle (Algérie), un petit port de pêche proche de la frontière tunisienne. Amateur de ballon rond, il grandit en Tunisie puis partage sa jeunesse entre la Tunisie et la France, au gré des obligations militaires et de son parcours de footballeur.
DEBUTS A LA PATRIOTE DE SOUSSE, EN TUNISIE
Son père — gardien de phare — muté en Tunisie, Francis Borelli fit ses premières armes au Patriote de Sousse, avec lequel il évolue en première division tunisienne alors qu’il était encore junior — il était surclassé depuis les cadets — et dont il devient l’un des joueurs vedette. Pendant son service militaire effectué en région parisienne, Francis Borelli joue avec la réserve du Red Star, et dispute même deux matches en équipe première. De retour à Sousse après avoir exercé différents métiers dans la capitale française (représentant en Cocotte-Minute, vendeur de tissu, publicité, travail à la chaîne chez Renault…), Borelli retrouve la Patriote et obtient une sélection avec l’équipe nationale tunisienne. Il quitte de nouveau Sousse pour la France, à l’AS Cannes cette fois.
Défenseur vigilant tout en restant un puissant demi-offensif, ce joueur est d’une classe certaine, tant son aisance et sa virtuosité font merveille manifesta des qualités de grand joueur. Incontestablement, il s’agit là d’un homme doublé d’un stratège de valeur. Excellent tripoteur de balle, bon technicien, mystifiant ses adversaires par ses dribbles, rapide, accroché au sol, l’enfant prodige de la Patriote, qui a toujours eu l’estime, la confiance et l’enthousiasme de ses dirigeants et des spectateurs, fera du chemin en France s’il persévère. À peine âgé de 22 ans, grand et robuste, l’espoir soussien, « l’artiste » comme l’appellent les connaisseurs de la balle ronde, nous quitte pour tenter sa chance. Bonne chance Francis.
Lucie Borelli précise l’attachement de son père pour le pays de son enfance :
Il a continué à y retourner par la suite, et il entretenait des liens très étroits avec soit les personnes qui étaient sur place, soit la communauté tunisienne qui était sur Paris. Il était notamment très attaché à la ville de Sousse (Tunisie) et à la ville de La Calle (Algérie). Il est resté extrêmement attaché à ses origines.
« Il a été accueilli comme l’enfant prodigue, comme un roi, comme une star. De quoi le faire passer pour le « Pelé tunisien » des années 1950 : compliments, félicitations, réceptions, diners, festivités en son honneur ont jalonné le parcours du président Borelli en Tunisie durant la tournée qu’y a effectué le PSG. Au point de le rendre presque mal à l’aise, de le voir gêné par toutes les louanges qui lui ont été adressées, le présentant comme le plus fort des plus forts.
Mais, derrière cet embarras, l’homme avait du mal à cacher une profonde émotion qui le faisait replonger dans ses souvenirs. Notamment ceux de ses débuts en équipe première contre le Club Africain où il commenca déjà à briller au sein de la défense de la Patriote avec ses copains Charles Cimalando, Joseph Mazouz, Armand Draï et Eugène Vigo.
Roublard, truqueur, malin, mais tellement sympathique qu’il était devenu, sans être le plus doué, la vedette de la Patriote de Sousse. Et si après tant d’années, il aurait pu rougir devant ses anciens coéquipiers pour tout le fracas avec lequel il fut accueilli, il avait en revanche la reconnaissance de tous pour être le seul de la belle époque à être aligné dans un match amical avec les anciens de la Patriote. Et même s’il a un peu vieilli, il n’en démontra pas moins qu’il avait gardé tout son football. »
Après un passage par la réserve de l’AS Cannes, il s’installe de nouveau à Paris, où il trouve différents « petits boulots ». Parmi ceux-ci, il fait de la figuration au cinéma — il a notamment joué le rôle d’un gangster (sic) dans un film de Robert Hossein.
Papa faisait de la figuration. Un jour, alors qu’il sortait à peine d’un tournage, encore maquillé, il faisait le malin avec son maquillage à la terrasse d’un café. Il papotait fort avec ses copains, quand un homme assis à côté est venu le voir et lui a tendu sa carte de visite : « Monsieur, j’aimerais vous rencontrer et travailler avec vous. Je m’occupe d’une boite et je pense que nous pouvons faire quelque chose ensemble. » C’était Henri Sidélio. L’insertion publicitaire dans différents ouvrages — c’est ce qu’avait inventé Monsieur Sidélio — en était à ses balbutiements. Papa et lui se sont retrouvés à faire ça ensemble : Monsieur Sidélio c’étaient les idées, papa c’était la tchatche ! Ils ont bien cartonné avec ça. Papa a continué son activité jusqu’aux premières lueurs de la maladie, donc aux environs de 2000 à peu près.
Dirigeant du Paris SG de 1973 à 1991
Parallèlement à ses activités professionnelles, Francis Borelli entretient toujours une passion hors norme pour le football. Il y joue très régulièrement, notamment avec un certain Daniel Hechter. Quand le couturier débarque au Paris SG en 1973, son ami Francis Borelli fait partie de l’aventure, aux côtés de Charles Talar, Guy Bossant, Jacky Bloch et Jean-Paul Belmondo.
Juin 1973. Le Paris SG, reparti en troisième division l’été précédent, après que le Paris FC lui a arraché son effectif professionnel et sa place en D1, termine deuxième. Le désistement de Quevilly lui permet cependant de décrocher une place en deuxième division pour la saison 1973/1974. C’est à ce moment-là que Daniel Hechter et ses amis rejoignent le Paris Saint-Germain, dont Henri Patrelle garde la présidence ; Hechter est nommé président du comité de gestion, aux termes d’un accord signé le 15 juin 1973 entre les deux hommes.
Juin 1973. Le Paris SG, reparti en troisième division l’été précédent, après que le Paris FC lui a arraché son effectif professionnel et sa place en D1, termine deuxième. Le désistement de Quevilly lui permet cependant de décrocher une place en deuxième division pour la saison 1973/1974. C’est à ce moment-là que Daniel Hechter et ses amis rejoignent le Paris Saint-Germain, dont Henri Patrelle garde la présidence ; Hechter est nommé président du comité de gestion, aux termes d’un accord signé le 15 juin 1973 entre les deux hommes.
TREIZE ANS A LA TETE DU PSG
Le 6 janvier 1978, en raison du scandale de la double-billetterie du PSG, la FFF suspend Daniel Hechter à vie. Trois jours plus tard, Francis Borelli est élu président du Paris SG. Il conservera ce poste plus de treize ans, durant lesquels il a permis au club parisien de s’installer durablement en D1, malgré la concurrence du Paris FC puis du Matra Racing (Lagardère jettera l’éponge en 1990). C’est également sous la houlette de Borelli que le PSG a remporté ses premiers trophées :
la coupe de France 1982, contre Saint-Étienne (2-2, 6 tirs aux but à 5) ;
la coupe de France 1983, contre Nantes (3-2) ;
le titre de Champion de France 1986, améliorant au passage le record d’invincibilité en D1 (27 matches).
Finale de la coupe de France 1982. Francis BORELLI étonne la France du ballon rond en embrassant la pelouse du Parc des Princes.
Le geste spontané du président parisien n’a d’ailleurs pas surpris outre mesure sa fille qui explique le geste de de son père ainsi:
"C’était quelqu’un d’enthousiaste, avec un tempérament du sud, donc qui pouvait s’enflammer, qui avait définitivement une passion absolue et totale pour le foot, et un amour immense et démesuré pour son club. Tout cela conjugué a abouti à cette fameuse image que tout le monde a encore en tête."
Francis Borelli parle du P.S.G
« Le PSG est un club qui m’a tout donné dans l’existence. Oui j’aime le PSG d’un amour indéfectible. Le temps n’a rien gommé. Dans la vie des équipes, dans l’existence même des clubs, certains cycles s’amusent à freiner les destins. Même les plus hauts. C’est ainsi. Faut-il pour autant renoncer ? A-t-on le droit de se détourner de sa plus vibrante passion ? Évidemment que non. Je vous l’ai déjà écrit : j’aime le PSG. Et personne ne pourra me changer. Comme vous les supporters, je souffre aujourd’hui. Comme vous les dirigeants, j’encaisse les bruits et le son d’un blues désaccordé. Comme vous les footballeurs, je m’accroche au prestige en suspens de Paris. Depuis mon retour de Cannes, je n’ai jamais raté un match du PSG au Parc des Princes. Comme beaucoup d’entre vous. J’entends quelques quolibets. Comme vous. Qu’importe : on pourra même me traiter de fou, il n’y a que ces couleurs parisiennes qui illuminent mon cœur. Et à chaque blessure, il saigne ce cœur-là. Mais il s’enflamme encore.
Je vous l’accorde, j’ai le privilège d’avoir assisté à la construction, au développement et à la pérennité du club. Je sais déjà que nous ne descendrons pas en D2 parce que nous ne le méritons pas. Je sais aussi que nous repartirons très tôt et plus vite que vous ne le pensez, vers des lendemains radieux. Cela dit, jamais le PSG n’a eu autant besoin de vous. N’attendez pas que notre club retrouve son standing pour le serrer dans vos bras. Faites le dès maintenant. Surtout maintenant ! N’ayez pas peur. Battez-vous contre la résignation. Depuis qu’à Paris on s’est inventé des voyages qui tutoyaient les nuages, je me refuse à baisser les yeux. Vous aussi j’espère. Je vous en conjure : ne sifflez pas nos footballeurs, applaudissez-les pour qu’ils retrouvent une lumière définitive. Ces joueurs-là ont subi une terrible charge émotionnelle. Ils ne sont ni des robots, ni des machines libérées des doutes et des angoisses. Mais des êtres de chair et de sang tout simplement. Bien sur les esprits sont atteints. Mais ne méritent-ils pas du respect, et oserais-je l’affirmer, quelques honneurs, ces footballeurs-là ?
Je n’aurais ni le culot, ni l’indécence d’écrire que le club n’a pas d’âme, mais il est évident — et les dirigeants du PSG le savent bien — que dans les circonstances actuelles la chaleur, le réconfort, la solidarité, l’amour, l’affection deviennent plus que jamais des valeurs à renforcer d’urgence auprès de nos joueurs. Que les dirigeants du PSG redoublent de vigilance sur ce point. Je ne réclame rien. Je ne veux froisser personne. Je devine trop bien les interrogations de certains. Tant pis pour eux. Je veux juste vous crier qu’il est indispensable de supporter le PSG. Qu’il repartira encore plus fort grâce à une force collective, à des bouts d’amour qui s’additionnent. Je vous l’avoue il ne se passe pas une journée sans que je rêve des dizaines de olas qui enlacent tendrement les gradins du Parc des Princes. Je ne revendique rien. Oui, Paris a toujours un grand club. Qui va se réveiller plus fort, plus uni. Comme nous tous au fond, face au périple de la vie avec ses joies et ses douleurs. Qui poussent à se battre. Et le Paris Saint-Germain ne refusera jamais de se battre. Je le sais. Vous le savez tous. Vous ne seriez pas au Parc des Princes sinon… »
Le PSG c’est mon Amour, c’est ma passion. Tout ce qui vient du Paris Saint-Germain m’enchante. J’ai presque envie de vous dire que je suis souvent triste. J’ai connu des moments merveilleux, extraordinaires, mais c’est vrai que là je me sens un peu mal à l’aise parce que je sais que plus jamais je pourrai travailler, m’amuser, vivre avec le PSG. Il m’arrive d’être triste, de temps en temps très gai. Le PSG est quelque chose d’extraordinaire, c’est tout mon amour. Il n’y a rien qui me soit arrivé de mieux.
Le bilan de Francis Borelli à l’AS Cannes, marqué par le retour du club en D1 et la qualification en coupe UEFA, coïncide également avec de brillantes performances chez les jeunes : deux fois champion de France des moins de 17 ans, vice-champion de France de D3, sacré meilleur club professionnel de jeunes et meilleur centre de formation en 1995, vainqueur de la coupe Gambardella la même année.
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