« C’est l’histoire d’un homme déchiré entre le ciel et la terre. » Ce résumé par Jules Roy de l’un de ses récits semble désigner sa propre vie, qui fut marquée par l’écartèlement entre des appartenances, des passions et des exigences contraires.
Né en Algérie en octobre 1907, dans une famille de paysans implantés dans la Mitidja depuis 1854, il fut bouleversé par la révélation tardive de sa bâtardise. « Enfant du péché et du scandale » selon ses propres termes, l’adolescence le trouve partagé entre deux aspirations antagonistes, entre l’action et la contemplation. Tenté d’abord par le séminaire où il étudie jusqu’à l’âge de vingt ans, il choisit l’armée, qui conjugue sa mystique de l’héroïsme et son sens de la rigueur morale. Il sera aviateur. La déroute de 1940, la destruction de la flotte française à Mers-el-Kebir l’accablent. « Le premier choc créateur, c’est la guerre », dira-t-il plus tard.Il publie alors un premier recueil de poèmes (Trois Prières pour des pilotes, 1941), dont son ami Jean Amrouche rend compte en ces termes : « Une poésie sobre, humaine, calquée sur un chant intérieur, impur peut-être mais poignant… ». Après le débarquement des Alliés en Afrique du Nord, il révise ses engagements politiques, rallie avec son escadrille la Grande-Bretagne et la Royal Air Force. Il sera de ceux qui pilonneront les villes allemandes en 1944-1945. La Vallée heureuse – nom que les pilotes donnaient à la Ruhr sur laquelle ils déversaient leur cargaison de bombes – publiée en 1946 est le terrible récit de cette expérience.La France est alors en pleine reconstruction, le pays est fragile, divisé. Le livre obtient pourtant le prix Renaudot,est unanimement salué par la presse et consacre l’écrivain. Durant quelques années, Jules Roy écrit plusieurs récits de guerre (Le Métier des armes, 1948). Il est devenu l’ami d’Albert Camus, fréquente la première génération des écrivains maghrébins. Il voyage, fait du journalisme, produit des documents sur la Chine, sur le Liban (Beyrouth, Viva la muerte, 1984). Un long cri déchirantLes guerres de décolonisation vont être sources de nouveaux déchirements. L’Indochine le confronte à une « belle croisade » contre le communisme. En 1953, il rompt pourtant avec l’armée, déshonorée à ses yeux par des méthodes qu’il réprouve. Il écrit plusieurs pièces de théâtre, dont Beau Sang (1952), et Les Cyclones (1953) qui portent l’empreinte d’Albert Camus, dont il partage un temps la maison dans la vallée de Chevreuse. Mais c’est l’Algérie, son pays natal, qui va l’acculer aux prises de position les plus douloureuses et les plus dramatiques. Depuis 1954, les « événements » prennent un tour de plus en plus grave, qui confine à la guerre civile. Après la mort d’Albert Camus en 1960, en qui les intellectuels engagés avaient placé tous leurs espoirs, Jules Roy entreprend de dénoncer les misères subies par les populations civiles .Il parcourt le pays, d’où il revient avec La Guerre d’Algérie (1960) « long cri déchirant », lancé à la face des militaires et des politiques, qui bouleversera la France. Pied-noir devenu, comme le souligne le titre d’un de ses livres, Étranger pour [s]es frères (1982), l’écrivain se lance dans un roman en six volumes, Les Chevaux du soleil qui retrace à travers la vie de sa propre famille les cent cinquante ans de présence française en Algérie. Le roman aura un grand succès et sera adapté pour la télévision.
À Vézelay, où il passe la fin de sa vie, il rédige des œuvres plus méditatives, tournées vers l’intériorité (Vézelay ou l’amour fou, Rostropovitch, Gainsbourg et Dieu, 1991). Il meurt en juin 2000, non sans être souvent retourné en Algérie, dont le destin continue de le tourmenter (Adieu mon cœur, adieu ma mère, 1995). « Pessimisme et amour de la vie, c’est toute la pensée méditerranéenne », déclarait-il.
À Vézelay, où il passe la fin de sa vie, il rédige des œuvres plus méditatives, tournées vers l’intériorité (Vézelay ou l’amour fou, Rostropovitch, Gainsbourg et Dieu, 1991). Il meurt en juin 2000, non sans être souvent retourné en Algérie, dont le destin continue de le tourmenter (Adieu mon cœur, adieu ma mère, 1995). « Pessimisme et amour de la vie, c’est toute la pensée méditerranéenne », déclarait-il.
Pied-noir ,je lis en ce moment "les chevaux du soleil", dont j'avais vu , à l'époque où cela passait , la série à la télé! J'ai eu envie d'aller sur le site de Rovigo pour mieux "voir" les lieux qui sont décrits dans le livre.Je suis tombée sur votre site qui me parait interessant! J'y reviendrai quand j'aurai plus de temps devant moi! A bientôt!
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