samedi 19 décembre 2009

ANISETTE LIMINANA -le prix de l'amitié bis -

En 1876, Pascual LIMIÑANA fut le premier de la famille à quitter le village espagnol de Montforte del Cid. Puis ce fut le tour de son frère Manuel. La misère sévissait alors dans les campagnes espagnoles et leur père ne parvenait plus à nourrir sa nombreuse famille. Il décida de les envoyer, d'abord l'un, puis l'autre, tenter leur chance en Algérie. Ayant à peine atteint l'âge de douze ans, chaque enfant se vit remettre un peu de nourriture enveloppée dans un linge noué aux quatre coins et dut parcourir à pied les vingt kilomètres qui séparaient Montforte du port d'Alicante, tout en se remémorant les recommandations paternelles : "Si tu t'allonges en attendant le bateau, pose ta tête sur une pierre rugueuse pour ne pas t'endormir, car il repartirait sans toi. Lorsque le bateau sera là, présente-toi au Capitaine et demande-lui de te prendre à son bord". C'est ainsi qu'ils s'en allèrent l'un après l'autre pour servir dans le bar de leur oncle installé rue de la Marine à Bab-El-Oued. En échange de leur travail, ils étaient logés et nourris, mais ne recevaient aucun salaire. Manuel livrait aux clients de son oncle des tonneaux de vin qu'il faisait rouler le long des rues en pente. Il se contentait d'un sou en guise de pourboire. Lorsqu'il avait réuni quelques pièces, il se rendait au kiosque à journaux pour acheter quelques feuillets des romans de Jules Verne publiés chaque semaine par la maison d'édition Hetzel. Il les lisait le soir à la lueur d'une bougie avant de s'endormir sur une table du bar. Il se procura aussi un dictionnaire afin de mieux déchiffrer ces passionnants récits, ce qui lui permit d'acquérir peu à peu une parfaite maîtrise de la langue française. Le bar était fréquenté par de nombreux Espagnols qui, par les chaudes soirées de juillet, s'abandonnaient au souvenir mélancolique de la paloma, l'anis qui les désaltérait si agréablement dans leur pays.
Manuel et Pascual demandèrent à leur oncle de se procurer des "fleurs d'anis" afin de préparer eux-mêmes la délicieuse boisson, ainsi qu'il l'avait vu faire dans leur village.

Et cette idée eut un grand succés, les clients affluèrent dans le café. Petit à petit ils dévelopèrent ce commerce, aidés par leur oncle. Un jour Pascual regagna son Espagne natale et redevint agriculteur, Manuel s'installa au Hamma, alors séparé d'Alger par une vaste étendue d'eucalyptus. Il acheta un terrain de 350 m2 au n° 26 de la rue Caussemille et, dans un local exigu, il créa en 1884 le CRISTAL ANIS
L’étiquette d’alors ressemble beaucoup à l’étiquette actuelle.
La technique consistait à faire macérer la graine de fleur d’anis dans de l’alcool dans des chaudrons de cuivre avant d’être distillée dans un alambic. Le remplissage des bouteilles était manuel.
Il acheta une charrette et des chevaux pour répondre à la demande croissante de la clientèle. Manuel fut aidé par son fils, François qui décéda avant lui.
Lorsque Manuel disparut en 1936, la sté avait une dizaine d’employés. Ses fils, Ernest et Manuel, continuèrent l’activité.
Ils remplacèrent le remplissage manuel par un remplissage automatique et de nouveaux produits furent crées.
1948, le CRISTAL ANIS était devenue la boisson nationale de l’Algérie.
Manuel LIMINANA fils eut l’idée de soutenir le jeu de boule et créa des clubs boulistes.
1954, Il aida le théâtre aux armées et finança le lancement en France de la pièce "La famille HERNANDEZ".
En 1961, Manuel LIMINANA fut arbitrairement expulsé d’Algérie par le gouvernement de DE GAULLE et comme il avait conservé la nationalité Espagnole, dût se réfugier en Espagne.
Après l’indépendance, l’usine fut nationalisée par l’Etat algérien.
Il re-créa l’entreprise à Paris avec une succursale à Marseille qu’il dirigeat de puis l’Espagne quelques années avant d’être autorisé à revenir en France. Après des années difficiles il fit construire une nouvelle usine à Marseille qui est le Siège Social actuel.
Vers 1988 Manuel LIMINANA décéda suite à un accident mais l’entreprise est restée familiale. Quand vous buvez du CRISTAL ANIS LIMINANA vous contribuez à la vie de cette entreprise Pied-Noire.



2 commentaires:

  1. mon pére est algérien et a travailler avec liminana manuel il était son patron a l'époque et ils ont beaucoup de souvenir ensembles

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  2. mon père de nationalité algérienne a travailler chez liminana manuel ,c'était son patron à l'époque ,mon père nous raconte qu'il était un brave homme .

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