samedi 19 décembre 2009

ANISETTE GRAS - le prix de l'amitié -


Ce sont les émigrants maltais, venus coloniser l'Algérie, qui les premiers, vers 1835, distillent cette liqueur à base de fenouil sauvage. Son utilité ... Combattre le paludisme qui infecte les marécages et décime les populations. On la boit pure, par petite gorgées, "à la maltaise", dira-t-on plus tard. Sa fonction thérapeutique ne s'arrêterait pas là ... diluée, l'anisette soulagerait les gastrites et les nausées ... en compresse elle réduirait les entorses et apaiserait les morsures de serpent ... en bain de bouche, elle calmerait les infections dentaires. Elle est la panacée de l'armée d'Afrique qui en use et en abuse quand il s'agit de maintenir de vaillants soldats épuisés par les fièvres.
Il faudra attendre 1872 pour que les frères Gras, originaires d'Espagne, lancent à Alger sa formule apéritive, composée cette fois à parti d'anis étoilé. Dans les années qui suivent, sa bouteille carrée reconnaissable à son étiquette blanc et bleu s'orne de toutes les distinctions que la marque reçoit : Médaille d'or à Paris, Alger et Marseille, Médaille d'honneur à Anvers, Grand Prix à Rouen, Grand Prix hors concours à Philippeville et Sidi Bel Abbès ...
En 1884, Pascal et Manuel Limiñana, deux frères venus d'Alicante tenter leur chance en Algérie, se lancent à leur tour dans la fabrication d'anisette et créent au Hamma le Cristal Anis, dont le publicitaire fait côtoyer les emblèmes des trois communautés algériennes : arabes, espagnole et française. Leur production est au départ artisanale. Dans un local situé au milieu d'un terrain vague, les Limiñana distillent eux-mêmes la fleur d'anis dans un alambic rudimentaire, remplissent à tour de rôle les bouteilles, recouvrent le bouchon d'un papier d'argent, puis livrent en araba (charrette) à domicile, et le succès ne tarde pas. Le Cristal Anis s'impose en Algérie et plus tard s'exportera jusqu'en Nouvelle-Calédonie. A Oran, la famille Timsitt, qui a obtenu l'autorisation nécessaire des autorités rabbiniques, propose, de son côté, une nouvelle anisette commercialisée sous la marque Phénix. Elle sera, dans les années cinquante, la préférée des Oranais et de la communauté séfarade.
Devenue à l'heure de la "kémia", la boisson incontournable des français d'Algérie, l'anisette avait connu au cours de son histoire divers aléas :
Interdite en 1915, dans la foulée de l'absinthe, rétablie en 1922 avec diverses règles d'usage, comme de ne pas dépasser un degré alcoolique de 45° et une teneur en essence d'anis de deux grammes par litre. - Elle avait été de nouveau interdite sous le gouvernement du Maréchal Pétain ... pour être de nouveau autorisée après la guerre ... c'est à dire que les autorités jugèrent plus simple de la libéraliser que de traquer tous les contrefacteurs




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire