dimanche 26 mai 2019

LEONE JAFFIN

LÉONE JAFFIN
J'ai mis longtemps pour accepter la France, trop civilisée pour moi, et d’une certaine manière pas assez Je vis maintenant à Paris mais je ne m'y sens pas chez moi comme dans les villes méditerranéennes, américaines, ou même asiatiques.

À cause des ciels, des rencontres, et du spectacle de la rue. Dans mes bagages j’emporte mes souvenirs. J’emporte aussi mon savoir de la cuisine. 

Cinquante ans ont passé. La douleur s'éteindra-t-elle jamais ? Parfois je me dis qu'en perdant mon pays, j'ai gagné le monde mais cela  ne me réconforte pas vraiment.

Que me reste-t-il alors, à moi comme à nous tous, indépendamment de cette terre rouge dont le souvenir collera à mon corps à jamais ?

La chkaimba, la t’finas, les tadjines  et autres  plats de notre tradition. car notre cuisine, c’est finalement ce qui nous reste de notre identité. Où que nous soyons, en France, en Israël ou ailleurs, tant que nous la préparons, nous existons encore en tant que peuple spécifique avec une longue histoire derrière lui.

Elle représente notre culture que avons voulu léguer aux enfants et que nous tentons maintenant de léguer aux petits-enfants. Nous essayons maladroitement de leur expliquer la joie de la famille, de l’amitié, de la fête et du pays.

Alors nous préparons une jolie table, avec des couleurs qui rient et qui sentent bon. Le jour où ils nous demandent de leur expliquer une de nos recettes, nous savons que nous avons gagné.

C’est notre cuisine qui nous apporte  cette gaieté, ce dynamisme, cet optimisme que tout le monde autour de nous nous envie. Avec la miguina, le soleil entre dans notre assiette, et avec lui la mer et le sable chaud, le jasmin et la fleur d’oranger, les fragrances de la menthe et du figuier. 

Et avec eux le désir de vivre.


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