J'ai
mis longtemps pour accepter la France, trop civilisée pour moi, et
d’une certaine manière pas assez Je vis maintenant à Paris mais je ne
m'y sens pas chez moi comme dans les villes méditerranéennes,
américaines, ou même asiatiques.
À
cause des ciels, des rencontres, et du spectacle de la rue. Dans mes
bagages j’emporte mes souvenirs. J’emporte aussi mon savoir de la
cuisine.
Cinquante
ans ont passé. La douleur s'éteindra-t-elle jamais ? Parfois je me dis
qu'en perdant mon pays, j'ai gagné le monde mais cela ne me réconforte
pas vraiment.
Que
me reste-t-il alors, à moi comme à nous tous, indépendamment de cette
terre rouge dont le souvenir collera à mon corps à jamais ?
La chkaimba, la t’finas,
les tadjines et autres plats de notre tradition. car notre cuisine,
c’est finalement ce qui nous reste de notre identité.
Où que nous soyons, en France, en Israël ou ailleurs, tant que nous la
préparons, nous existons encore en tant que peuple spécifique avec une
longue histoire derrière lui.
Elle
représente notre culture que avons voulu léguer aux enfants et que nous
tentons maintenant de léguer aux petits-enfants. Nous essayons
maladroitement de
leur expliquer la joie de la famille, de l’amitié, de la fête et du
pays.
Alors
nous préparons une jolie table, avec des couleurs qui rient et qui
sentent bon. Le jour où ils nous demandent de leur expliquer une de nos
recettes, nous
savons que nous avons gagné.
C’est
notre cuisine qui nous apporte cette gaieté, ce dynamisme, cet
optimisme que tout le monde autour de nous nous envie. Avec la miguina, le
soleil
entre dans notre assiette, et avec lui la mer et le sable chaud, le
jasmin et la fleur d’oranger, les fragrances de la menthe et du
figuier.
Et avec eux le désir de vivre.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire