mardi 29 janvier 2019

UN AMOUR DE PLUIE de H.ZAKINE


Demain, je t’emmène au Théâtre des Champs Elysées. Devant la mine étonnée d’Ava, Marc ajouta :
--Un de tes compatriotes y donne un récital.
--Qui ?
--Surprise ! Je crois que cela te plaira !
--Et si ça ne me plait pas ?
--Ce soir, je serais ton esclave……….sexuel !
Ava supplia Marc, se fit chatte mais elle n’obtint qu’une seule réponse.
--C’est un crooner américain !
--Oh, dis-moi qui est-ce…… je saurai te récompenser en rentrant !
--Je n’en doute pas une seconde !

Ils dinèrent au petit restaurant italien que Marc avait présenté à Ava au premier jour de leur idylle. Après de tendres promesses, leur attention fut captée par la délicieuse chanson Bella Notte évocatrice du film de Walt Disney, la belle et le clochard, qui renvoya Marc à ses souvenirs d’enfance.
--Hou, hou,  à quoi tu penses ?
--Excuse-moi ! Cette chanson me rappelle tant de souvenirs de ma grand-mère !
--Ce qui m’a séduite chez toi, outre ta personnalité, ce fut ta sensibilité. Je me suis dit alors,  cet homme n’est pas ordinaire ……….et ce que j’ai découvert par la suite……….m’a énormément plu !
--Que de compliments. Serais-tu amoureuse ?
--Je me pose la question ! Répondit malicieusement Ava  dans ce jeu instauré par les deux amants qui feignaient l’insouciance, voire l’indifférence. Mais sans se concerter, ils  jouaient admirablement la comédie de la dérision. Et pourtant, l’épée de Damoclès était bel et bien suspendue au ciel de leur amour.

La surprise fut totale. Tony Bennett à Paris. Un crooner peu connu en Europe mais une star aux Etats Unis.
--Quel cadeau ! Tu lis dans mes pensées ou quoi ? 
--Pourquoi ?
--Dean Martin, Frank Sinatra, Perry Como et Tony Bennett sont mes crooners préférés.
-- Lire dans tes pensées ? Sans doute car je crois fermement que tu m’étais destinée……. ma grand-mère disait à qui voulait l’entendre : quand la destinée s’en mêle, personne ne peut la détourner de son chemin.
--Et ta grand-mère était la sagesse personnifiée.
--Te moquerais-tu  de Reinette? Ironisa Marc qui fit mine de s’en offusquer.
--Oh que non ! Une de mes principales qualités est le respect dû aux anciens et jamais, je me  serais permis de……
--Je te taquine ! Allez, le concert  commence à dix heures.



Le Théâtre des Champs Elysées comporte trois salles de spectacle : une grande salle à l’italienne de 1905 places, dédiée à l'opéra et à la musique et deux autres salles  consacrées au théâtre.
L’amour lui donnant des ailes,  Marc n’avait pas lésiné sur les moyens. Une loge située à droite de la scène les hébergea à la grande satisfaction d’Ava qui remercia son hôte d’un ardent baiser.
--Merci mon amour !
Alors que les derniers fauteuils se garnissaient, les lumières se tamisèrent sous les ah d’impatience d’un public acquis à la star américaine. Précédé de quelques morceaux de jazz célébrissimes, Tony Bennett entama « The Shadow of yoursmile » sous un tonnerre d’applaudissements.  Dès les premières notes, la voix éraillée du crooner enflamma un public qui ne demandait qu’à être conquis.
--Je t’aime ! murmura Ava.
Marc écoutait Tony Bennett mais n’entendait que les battements de son cœur qui lui murmuraient l’hymne à l’amour. Il la regardait, n’avait d’yeux que pour elle, peu importait Tony Bennett, son esprit vagabondait auprès de sa belle. Dans la pénombre de la salle, son visage éclairé d’une lumière orangée semblait baigné d’une grâce infinie. Elle était si belle, si rayonnante qu’il en était bouleversé. Oui, il était en présence d’une fée aux cheveux blonds dont il était fou amoureux. Il savait. Il avait compris qu’il était ce qu’il n’avait jamais été……un amour, une éternité, presqu’irréel, un coup de foudre comme au cinéma……mais là, dans la vraie vie, à n’en croire pas ses yeux, et pourtant, elle était assise à côté de lui, à applaudir son bonheur, à partager ce moment de plaisir. Un bonheur pourtant si fragile…….
Il lui caressa si tendrement la joue qu’elle en fut retournée. Elle lut dans ses yeux tant d’amour qu’elle se pencha vers lui et lui tendit ses lèvres. Alors que Tony Bennett interprétait Smile de Charlie Chaplin, il lui glissa à l’oreille : je t’aimerai toute ma vie…..et même au-delà !
Le spectacle fut à l’image de leur humeur. Tendre et chaleureux. La communion  entre un artiste et son public fut saluée par un tonnerre d’applaudissements et Ava remercia Marc dès la sortie du Théâtre des Champs Elysées.
--Comme je t’aime ! J’ignorais que l’on pouvait aimer autant et je veux perpétuer ce miracle!
--Dissocier  ton amour de mon amour serait nous rendre orphelins l’un de l’autre. Appuya Marc.
Elle se serra tout contre lui, lui caressa le visage où commençait à poindre une barbe  qui plut à Ava.
--Tu serais beau avec une barbe !
--Si tu es câline en rentrant, demain, je ne me rase pas !
--Mais j’en ai bien l’intention, que tu te rases ou non !
Soudain, la petite pluie fine qui tombait sur Paris se transforma en déluge. Marc ôta son imperméable pour protéger Ava de l’averse en l’engageant à presser le pas jusqu’à la voiture. Ils roulèrent sous une véritable barrière de grêle qui obligea Marc à garer sa voiture sous une rangée d’arbres près de la Concorde. C’est le moment que choisit Ava pour retirer son slip avec un sourire délicieux qui invita Marc à se déboutonner pour accueillir une femme prête à tout pour satisfaire son désir.
--Oh, mon chéri, cette pluie m’excite……..hum……viens…….là……
Peu importait le lieu, bien sombre il est vrai, elle voulait faire l’amour sauvagement, férocement avec une pointe de bestialité que Marc exécuta en parfait gentlemen. Parvenu au pays de volupté, assise à califourchon sur lui, elle n’eut plus la force de changer de position. Elle était bien. Les jambes repliées sur elles-mêmes, elle demanda à ne plus bouger et s’alanguit ainsi rivée à son amant pour goûter cet instant de bien-être complice. Marc la ramena à lui en claquant ses fesses dénudées.
--Allez !
--Hum ! Apprécia-t-elle, provocatrice en diable.
--En plus, tu aimes ça ?
--Tout ce qui vient de toi me plait, mon chéri !
--Une telle complicité est un don de dieu ! conclut Marc.

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