Dialogue d’un grand-père avec son petit fils : c’est quoi Alger
A ma grande surprise mon petit fils me demanda:
" Dis papy c'est quoi Alger ? tu en parles si souvent ?
Surpris par cette interrogation , interloqué je ne savais pas quoi lui répondre ........" Vois -tu mon grand _c'est la ville où je suis né .
C'était Alger la blanche, Alger la fière, Alger la française, la plus belle ville du monde .C'était une métropole immense , cosmopolite resplendissant d'une santé insolente et d'une vigueur sans limite ."
" Alger c'était l'osmose réussie de l'orient et l'occident "
L' Orient par la luminosité de son ciel , ses mosquées, ses foules bigarrées, ses marchés bruyants et colorés où se mélangent les odeurs de jasmin, d'épices et de fleur d'oranger."
L'Orient , par ses ruelles étroites , ses toits en forme de terrasses recouvertes de linges séchant au soleil, se femmes voilées , ses souks, ses vendeurs ambulants de fruits, légumes, vaisselle , mais surtout sa Casbah "
Alger transpirait l'occident et la France par ses longues avenues haussmannienes ,ses immeubles bourgeois du centre ville, ses hôtels particuliers aux jardins plantés d'orangers, ses grands magasins luxueux, ses monuments historiques, son merveilleux jardin d'essai et d'acclimatation , son université. "
" Papy c'est quoi la Casbah ? "
- " La casbah c'est le quartier arabe originel de la ville .Un vestige de la ville mauresque découverte par les français et autour de laquelle la ville moderne s'est développée .La casbah était très peuplée presque exclusivement d'indigènes .Des maisons basses et un dédale de ruelles étroites entrelacées oppressantes avec des escaliers inquiétants par l'absence de lumière .L'ensemble avait un aspect lugubre malgré la blancheur des murs peints à la chaux.Au pied des maisonnettes aux fenêtres insignifiantes , des cafés sordides , rendez-vous des joueurs de dominos sirotant du thé à la menthe et fumant au narguilhé. La casbah et pour cause était interdite aux voitures . Seuls les hommes et les ânes pouvaient y déambuler."
", Les algérois dans leur ensemble, fuyaient et redoutaient la casbah.C'était pour beaucoup le haut lieu de la débauche, du vice du danger, des magouilles et de la dépravation.Ce n'est pas tout à fait vrai, mais ce n'est pas totalement faux .Effectivement , dans ces ruelles étroites étaient implantées ces établissements que les convenances dénommaient maison de tolérance, et le petit peuple des bordels."
" Mais la casbah c'était aussi des échoppes a l'apparence peu ragoûtantes où l'on pouvait négocier tout ce qui était illicite et n'existait nul part ailleurs.La casbah c'était une ville dans la ville, .Un monde peut-être indigent mais digne à bien des égards , avec ses codes, ses interdits ."
"Mais Alger c'est beaucoup plus.De part sa géographie la ville bénéficiait d'une luminosité incomparable avec un soleil fidèle qui mettait en relief le bleu de le mer , le vert des collines surplombant la cité, la blancheur des bâtiments." On ne peut parler d'Alger sa évoquer sa baie.Une baie naturelle , un don de la nature. Certains prétendent qu'après Rio de Janeiro,la baie d'Alger est la plus belle du monde.Au creux de ce merveilleux don du ciel, se blottit le port., le poumon de la ville.Sans son port Alger ne serait rien.Un port immense gigantesque . Un inextricable entassement de quais , de grues, de portiques de hangars à perte de vue.Le port ne dormait jamais . La nuit venue les bars et les kiosques à fritures devenaient le rendez vous d'une faune hétéroclite, étrange ; inquiétante allergique à la lumière .Il n'était pas rare le petit matin de repêcher dans les eaux cristallines des victimes de règlements nocturnes."
" Fenêtre de l'europe sur l'afrique, l'université d'Alger accueillait des milliers d'étudiants venus de tout le continent avides du savoir et de la culture française.
" Tous ces qualificatifs ne sont pas usurpés, mais toute médaille a son revers.A l'instar de toutes les métropoles Alger avait ses zones d'ombres, ses quartiers délabrés, ses ensembles HLM, son bidonville, sa délinquance ses trafics, sa misère."
- " Mais papy tu parles toujours de ton bab el oued !"
"Et oui mon grand , c'est le quartier d'Alger où je suis né.,où j'ai grandi et cela te marque."
"Bab el oued était le premier arrondissement du grand Alger.Bab el oued ou porte de la rivière . Une arlésienne cette rivière.Bab el oued était encadré par nd. d'Afrique, St. Eugène, la Casbah, la carrière Jaubert et la mer bordée du fabuleux stade Marcel Cerdan dans le prolongement des plages de Matarese-Padovani."A bab el oued, cohabitaient harmonieusement des gens originaires de toutes les contrées de la méditerranée.Le quartier avait ses particularités : les Italiens dans le bas au bord de la mer, les espagnols sur les hauteurs ,les maltais à la campagne, les juifs, les arabes et les métropolitains disséminés dans la masse."
" Partant de la place dutertre , la rue camille douls nous amène cahin-caha via le chemin de sidi ben our à ND. D' Afrique et son illustre basilique.ND D'Afrique sanctuaire de la vierge noire.ND D'Afrique
veille sur le quartier comme ND de la Garde se penche sur Marseille.Il parait d'ailleurs que les deux basiliques se font face des deux côtés de la méditerranée. La vierge noire est vénérée par les catholiques et les musulmans."
"-
"
Papy , tant de gens différents comment faisiez-vous pour vous comprendre ,?" -
-" mais nous parlions tous plus ou moins bien le français !compte tenu de son étendue l le quartier avait des points de retrouvailles , de rassemblement."
-les trois horloges devant le magasin Moatti et les wc enterrés,
-l'avenue de la bouzaréah que garçons et filles arpentaient dans les deux sens,
-les places Dutertre et Lelièvre avec son kiosque à musique,
-les innombrables bars remplis tous les soirs par les algérois venus arroser leurs kémias d'anisette,
-sans oublier le front de mer reliant padovani au bains de chevaux rendez-vous des amoureux recherchant l'obscurité.
"dis papy, tu y retourneras un jour à Alger ?"
" Vois-tu Julien , a l'automne de ma vie j'ai désormais passé plus de temps içi en catalogne française, cette terre qui m'a accueillit et qui me rappelle là-bas ce pays qui n'existe plus. Alors le temps passant, je cultive la nostalgie et entretiens mes souvenirs.. Mes copains d'avant me manquent terriblement."
" Allez Julien ça suffit, avec tes questions.Tu vas finir par me faire pleurer”
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