vendredi 27 avril 2018

QUELQUES UNS DE MES ECRITS...........

IL ETAIT UNE FOIS......BAB EL OUED
LA NAISSANCE
Nous sommes en 1845. Hors les murs de la citadelle, un nommé LICHTEINSTEIN, de nationalité allemande, possède la jouissance d’un terrain de vingt-cinq hectares qu’il aurait acheté, pour « une poignée de figues », à un juif superstitieux, désirant se débarrasser de cet ancien cimetière........ israélite.
Son intention de créer une cité en lieu et place du conglomérat d’habitations utiles aux travailleurs qui œuvrent à l’édification et au renforcement des remparts de la ville est soumise au Président du Conseil, le Ministre Nicolas SOULT. Sitôt accepté, le projet voit le jour. La cité BUGEAUD sort de terre grâce au concours de nombreux industriels parmi lesquels quelques aventuriers, escrocs ou spéculateurs qui quitteront le pays, l’opprobre pour seul et unique bagage.
Bab El Oued naît dans la douleur. Les vieilles maisons de torchis, de bouse, de diss et de boue ne résistent pas à l’oued M’Kacel, lors des pluies diluviennes d’octobre qui enjambent le pont BAR CHICHA, construit sur le tombeau de ce grand Rabbin d’El Djézaïr. Pont qui sera détruit par l’oued, reconstruit et rebaptisé « pont de fer ».
Mais le ciel veille sur ce quartier qui comptera plus tard jusqu’à cent mille âmes. Au loin, se détachant sur l’azur, une masse claire se dresse, majestueuse et tentatrice. Cette carrière qui appartient au Procureur de la République à Constantine, Monsieur ROUBIERE, offre le calcaire bleu de ses entrailles pour bâtir le faubourg. Ceinturée de fours à chaux, non loin des jardins du Dey, la montagnette est vendue aux frères JAUBERT dont le nom restera accolé à la construction de Bab El Oued.
Les carriers valenciens retroussent leurs manches, imités bientôt par les maçons piémontais; les briqueteries et les fours à chaux tournent à plein régime, Bab El Oued troque ses habitations éphémères pour des maisons en dur. Suivent les commerces et les professions libérales. Les fortifications sont déplacées en 1848. Elles avancent vers le cœur de Bab El Oued, de la place MARGUERITTE du futur Lycée BUGEAUD à l’Esplanade NELSON, à hauteur du futur boulevard Général FARRE , à deux pas de la mer.
Bientôt, les écoles installent le savoir au centre du faubourg. De partout affluent des familles. La ronde des naissances ancre définitivement cette population issue de nulle part à ce quartier mythique.

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LA MORT
Bab-El-Oued l’Européenne meurt officiellement le jour de l’indépendance de l’Algérie. Mais ce quartier aux mille parfums d’épices, aux amitiés éternelles et aux fausses rancunes, aux coups de colère légendaires et aux visages burinés par le soleil et la mer a cessé d’exister avec le départ des premiers « exilés involontaires pour raison d’état ».
Le coup de grâce survient au mois de mars 1962 avec la signature des accords d’Evian, le blocus de Bab El Oued et la fusillade de la rue d’Isly. Dés lors, chacun s’emploie à prendre un billet d’avion ou de bateau afin de fuir la curée. Une tristesse indicible accompagne la descente aux enfers de ce peuple qui aurait pu donner des leçons d’optimisme et de joie de vivre au monde entier. Les pas des derniers promeneurs qui, par reflex d’habitude, par inconscience aussi, effectuent l’ultime « andar et venir1 », le dernier « paséo2 », la suprême « passegiata » de l’avenue de la Bouzaréah, se perdent dans l’assourdissante résonance d’un silence de mort. L’avenue ouverte aux quatre vents de l’amitié d’enfance, du voisinage des balcons, de la fureur des rues et du fou-rire de l’insouciance renvoie l’image d’un voyage au centre de la solitude. Les magasins aux yeux clos ont, pour la plupart, déjà tiré leur révérence. D’autres, vitrines exsangues et patrons sur le pas de la porte, attendent l’hypothétique clientèle. Ce petit homme au costume fané demeure à l’intérieur de son atelier d’horlogerie, dans cette autre maison où il a vu défiler les heures de sa vie et de son quartier. Devant sa machine à polir inerte, il écoute la musique insolite du silence. Comment prendre la décision de partir pour un ailleurs impossible et dérisoire ? Comment ?...
Le moindre bruit fait aujourd’hui sursauter des hommes et des femmes habitués à la fureur des pays méditerranéens où l’éclat de rire demeure le son le plus répandu. On se retourne machinalement pour s’assurer que personne n’a de mauvaises intentions ou dans l’espérance de voir une dernière fois un visage ami. Au détour d’un café dont le rideau reste désespérément baissé, la machine à remonter le temps entraîne vers la douceur des jours heureux lorsque la multitude envahissait ces temples de l’amitié qui s’égaraient parfois dans un verre d’anisette. Le temps s’est arrêté aux Trois Horloges lors du blocus de Bab El Oued. Ses aiguilles qui tricotaient la vie d’un petit peuple fier de la sueur des aïeux, qui battaient au rythme des chansons napolitaines, des mélopées judéo-arabes et des mandolines espagnoles avaient partagé les petites joies et les grandes peines de cette comédia dell’arte permanente qui sévissait dans le quartier. Elles se sont essoufflées à tenter de suivre la course endiablée de la jeunesse et le cœur fatigué, elles se sont éteintes avant l’heure, avant la déchirure, avant le grand départ. A jamais. A toujours.
Le cimetière des balcons accompagne le dernier convoi de l’exode. Des rangées d’épingles orphelines espèrent encore la grande parade multicolore du linge séchant au soleil. Témoignage de vie, témoignage de Méditerranée, les terrasses ouvertes sur la mer assistent au chaos d’un départ salvateur. Les persiennes de bois refermées, les immeubles semblent prolonger la sieste des fantômes du faubourg. La vie est partie de ce grand corps inerte. Le squelette de Bab El Oued mettra des années à se désintégrer. Les murs sont debout mais ils ne répercutent plus les bruits et les senteurs d’autrefois. Bab El Oued la française, Bab El Oued la tricolore, Bab El Oued l’européenne a glissé lentement de la réalité à l’imaginaire. Elle s’est fondue dans le moule commun du souvenir de ses enfants,
Elle n’est plus que NOSTALGIE.

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MA MERE JUIVE D'ALGERIE
Notre enfance a vécu. Bien vécu même. Entre kemoun et richesse du coeur, entre tramousses et anisette, entre chants napolitains, andalous et musique judéo-arabe. Vibrante comme toutes les jeunesses triomphantes, mûrie au soleil d'étés resplendissants, à l'abri de l'aile protectrice d'une mère méditerranéenne, elle a si bien existé qu'elle a écrit dans nos mémoires, l'alibi irréversible du souvenir.
Tu as enveloppé notre enfance de papier rose transparent qui ne laissait filtrer que les rayons de joie, te dressant, courageuse et forte, contre les méchants et les sots.
Lorsque la nuit t'habillait de larmes, à l'abri de nos regards endormis, tu laissais libre cours à cette lassitude qui envahissait ta solitude. Le lendemain était un autre jour, et tu nous présentais le visage d'une mère juive d'ALGERIE heureuse, en venant nous offrir notre baiser matinal dans nos lits de sueur. Rite immuable des baisers du soir et du réveil, j'en ressens encore les effets quelques quarante cinq années plus tard. Je ferme les yeux et redeviens petit garçon. Après la douche, dans mon pyjama rose, je me glisse dans les draps de lavande. Tu passes ta main d'amour dans ma tignasse brune "qui me mange toute la figure" et m'embrasses avant de me border.
Tu es partie et tu as emporté avec toi des parcelles de mon enfance dont tu ravivais les couleurs.
Mémoire vivante de ma jeunesse, je ne mesurais pas, alors, l'importance de tes faits et gestes, de tes apparitions furtives dans la salle à manger où je faisais mes devoirs d'écolier, de cette porte de notre chambre que tu entrouvrais pour un dernier regard sur notre sommeil, de ces heures passées devant ton fourneau pour nous cuisiner nos plats préférés, de tous ces petites choses de la vie qui allongeaient les heures et nous rendaient tout simplement heureux.
Le décor de ma vie a changé. Derrière les carreaux enrhumés où la pluie colle à ma vie, je revois les hivers pointillés qui arrosaient ALGER. Seule, l'école combattait ton désir de nous garder à la maison, bien au chaud, bien au sec. En rentrant, un bon "boktof" ou une chaude "loubia" nous attendait pour lutter contre le froid pourtant si doux sur cette terre d'AFRIQUE. Tu nous racontais l'hiver de la casbah lorsque la vieille ville qui descend en cascade vers la mer, devenait torrent à la grande joie des enfants courant après les petits bateaux de papier voguant sur l'eau des rigoles.
Et cette odeur si particulière des ruelles tortueuses et mouillées qui charriaient l'esprit de sel déversé par quelque main généreuse pour désinfecter le quartier.
En t'écoutant, nous revivions ces déluges de pluie automnale d'une enfance qui adorait recevoir cette douche céleste au grand désarroi des mamans "mauvais sang". A ce jeu, ma mère juive d'ALGERIE, tu ne craignais personne et pour parer à toute grippe qui te saoulerait d'inquiétude, tu nous préparais une flambée d'alcool accueillante et réparatrice.
Trésor de bonté et de mansuétude, mère adoratrice qui pardonnait tout "aux yeux de ses yeux", persuadée de notre bonne volonté, tu vivais au rythme de tes trois garçons. Poutre maîtresse de l'édifice familial, comme toutes les mamans du monde, tu étais garante de la pérennité des traditions. Ta présence permanente attisait le respect des us et coutumes où l'enfance puise la sève des connaissances et des convenances.
Ma mère juive d'ALGERIE, tu étais porteuse de toutes ces vertus maternelles. Fille de MOÏSE et femme d'Orient, tu t'abreuvais du miel de tes origines en recueillant le fruit sucré-salé de ta naissance française.
L'école de Jules FERRY t'enseigna le savoir lire, écrire et compter, ta mère comment tenir ta maison, la vie t'apprit le reste.
Fière d'être française, ma mère, tu l'étais assurément. Jusqu'à la trahison. Mais ce noble sentiment n'arrivait qu'en troisième position, précédé par sa fierté d'être enfant d'ALGERIE et fille d'ISRAÊL.
L'orientalisme de ma mère se vérifiait dans ses superstitions, à mi-chemin des croyances religieuses et des coutumes du pays. Si la "mezouza" trônait bien à la chambranle du seuil de la porte de sa maison juive, la main de fatmah détournait le mauvais oeil de sa maison orientale. Cet orientalisme, emprunté à ton passé judéo-arabe, colle à ma vie de déraciné comme la sciure de bois aux semelles de mes souliers. Toutes ces traditions me sont familières et il me semblerait trahir mes aïeux si l'une d'entre elles sombrait dans l'oubli.
Non, jamais, cet héritage ne sera dilapidé par un quelconque relâchement coupable ou un renoncement de mon passeport identitaire. Je suis juif d'ALGERIE comme le furent mon père, mes grands-pères, mes arrières- grands-pères et, au-delà, mes ancêtres.
Malgré le grand vent de l'histoire qui déracina mon arbre de vie et, si ma fierté française s'est quelque peu noyée en méditerranée, il me reste la plus merveilleuse des certitudes. Ancrée en moi au plus profond de mon être et de mon avoir été, elle réchauffe mes nuits et ensoleille mes jours, elle me parle au coeur plutôt qu'aux oreilles et parfume mes mots d'olive et de jasmin.
Elle est ma conscience éveillée et mon subconscient endormi. Elle chante ma vie en arabe, italien, juif et espagnol. Elle est une certitude du passé retrouvé. Je suis un juif d'ALGERIE comme ma mère. Avec fierté!
Mais une fierté enfouie en moi. Sans flagornerie mais sans pudeur. Sans la crier sur les toits mais sans la taire. Sans ostentation mais sans ambages.
Ma peau mate et mes cheveux noirs, mon accent de là-bas et l'amitié que je porte en souffrance, mon étoile de David et ma nostalgérie suffisent à m'identifier aux yeux des autres.
Le souvenir vit grâce à la mémoire des hommes. Bien après leur mort, les peintres, les écrivains, les grands hommes touchent encore l'âme des vivants.
Toi, ma mère juive d'ALGERIE, de ton passage sur cette terre ne subsistent que quelques objets qui t'ont accompagnée sur la longue route de l'existence. Sublime héritage que nous transmettrons à notre descendance afin que se perpétue la mémoire. Mais, au-delà de la matérialité émotionnelle d'une glace finement décorée de feuilles d'argent ou d'une bonbonnière de porcelaine que tu reçus le jour de tes noces, il nous reste de toi, ma mère juive d'ALGERIE, l'étrange sensation que tu vis en nous, dans notre mémoire assassinée et dans notre comportement.
"Les chats ne font pas des chiens!" telle était ta façon de concevoir la filiation et la similitude de raisonnement entre un père et son fils, une mère et sa fille.
A l'école de ta vie, nous avons appris la superstition et le goût du travail bien fait, l'ordre et la propreté, le respect des anciens et celui des traditions, le sens de la famille et de l'amitié. Avec en prime, une inquiétude démesurée pour nos propres enfants.
Cet héritage d'un mode de vie disparu, assorti de dogmes et de contraintes, demeure la seule richesse issue de cette nostalgérie qui voilait ton regard d'exilée.
Ton sang coule dans nos veines et tes recommandations résonnent toujours à nos oreilles, traçant la route de miel que tu désirais tant nous voir emprunter.
Oui, ma mère juive d'ALGERIE, tes fils portent sur leurs épaules l'histoire de ta famille, de notre famille et personne, d'où qu'il vienne, où qu'il aille, ne brisera la chaîne de la fidélité à ton peuple, à ta communauté, à ton pays, à ton souvenir.
Saurons nous transmettre à nos enfants les enseignements que tu nous léguas? Avec la même foi et la même discrétion? A force d'amour et d'abnégation?
Seul le temps le dira. Seule la vie tranchera. Mais que demeure à jamais la mémoire d'une mère juive d'ALGERIE, femme parmi d'autres femmes de ce pays, balayée par un vent de folie, espèce en voie de disparition que seul le souvenir sauvegardera pour toujours et à jamais.
H.Z

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31 RUE MARENGO

En ce samedi de juillet, la nouvelle se répandit telle une traînée de poudre. Le retour de Lili Boniche dans la casbah de son enfance. Le roi de la mélopée judéo-arabo-andalouse priait au temple de la place du grand rabbin Abraham Bloch avant de retrouver les amis de sa jeunesse au café Lévy. La bousculade de la sortie de la synagogue se mêla à l’habituelle cohue qui régnait le samedi matin en ce quartier. L’anisette coula à flots et les chants traduisirent l’ambiance festive de ces retrouvailles entre un homme et son passé. Il chanta des airs que reprirent en chœur ses amis, parla de sa vie française guindée heureusement balancée par la présence juive des rues de Paris. Il se remémora avec ses copains les histoires d’antan comme celle de ces deux frères propriétaires d’un café de la basse casbah qui dormaient dans la soupente de leur bar. Une nuit, ils furent réveillés par la lumière et le bruit qui venaient de leur établissement alors qu’ils avaient éteint avant de se coucher. Très religieux et très au fait des histoires de revenants, ils s’étaient recouchés sereinement et retrouvèrent le café tel qu’ils l’avaient laissé, les chaises sur les tables et le bar impeccablement rangé. La scène se renouvela plusieurs nuits durant. Un jour, ils durent aller veiller un mort dans la rue de la lyre, se firent remplacer mais omirent de prévenir le musulman que l’on retrouva mort, tête retournée face contre terre. L’histoire émit l’hypothèse que le gardien sans doute emporté après les intrus qui ne revinrent plus jamais. La casbah était pleine de ces croyances qui se heurtaient à la crédulité des gens ou bien étaient cajolées et perpétuées de génération en génération par une population naïve et friande de ces histoires au frontière du réel.
Puis ce fut les rues Marengo, Randon, Salluste, Boulabah, Darfour, Boutin ou du Soudan avec, à ses trousses, une nuée d’enfants cavaleurs qui lui rappela bien des souvenirs. Il termina la matinée dans les cafés de la rue Bab Azoun, dégusta la traditionnelle khémia, les allumettes aux anchois, les tramousses et la petite friture. Il ne manqua de se rendre au Tantonville, brasserie chic de la place de l’Opéra où, jadis, il côtoya les femmes riches du tout Alger, où il déjeuna avant de s’envoler pour d’autres destinations d’Afrique du Nord afin d’honorer ses contrats.
Ce retour aux sources de Lili Boniche se fit dans la joie des retrouvailles avec les enfants de sa jeunesse, images pétrifiées d’un passé bienheureux où la vie s’écrivait au nom de l’amitié, du partage et de l’insouciance. Son exil loin de ce judaïsme à mi chemin de l’orient et de l’occident qui lui était si familier se parfumait volontiers des larmes de la nostalgie.
Le quartier mit plusieurs jours à se remettre de ce retour de l’enfant prodigue dans cette rue Marengo si chère à son cœur.
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Parfois, le jeudi, les "Trois Stooges" comme ils s'appelaient eux-mêmes, "montaient en ville" pour faire "comme les grands". Ils s'imaginaient en temps de paix, les poches vides mais le coeur content. Rire était le dénominateur commun des trois amis et l'insouciance habitait leur enfance. Ils n'omettaient jamais d'entrer aux "Galeries de France", grande surface aux boiseries orientales de la rue d'Isly, pour le seul plaisir de prendre l'ascenseur de l'établissement sous la conduite d'un groom habillé comme le groom d'Afric film qui apparaissait aux entr'actes des cinémas.
Mais le plus souvent désargentés, ils montaient à Notre Dame d'Afrique pour une après-midi passée entre rire et contemplation. La vue qui descendait vers la mer, les cyprès qui étendaient leur verdure sous la brise marine, l'ocre jaune du tuf du stade de Saint Eugène et au-delà, le bleu du ciel d'Alger leur proposait une symphonie d'azur et d'or. Leur jeunesse préférait suivre la partie de football de quelques garnements, torses nus et mouchoirs sur la tête, derrière la basilique à l'abri des remontrances du vieux garde musulman.
Parfois surpris par une averse, ils "faisaient la course" sous la pluie pour rentrer à Bab El Oued, trempés mais heureux d'avoir oublié l'espace d'une après-midi les soucis des adultes. Vers quatorze heures, lorsque le ciel détournait les yeux des rivages de l'Algérie et ensoleillait Bab El Oued, les enfants se ruaient sur les aires de jeux et les esplanades. Alors, commençait la grande farandole des amours enfantines sous le regard attendri des mamans-gâteau. Mais bien vite, la réalité reprenait le dessus si tant est qu'elle avait réellement disparue des conversations des grandes personnes. Les femmes de Bab El Oued tenaient bon pour leurs enfants, pour elles-mêmes et en premier lieu pour leurs maris qu'elles savaient sensibles au courage de leurs épouses ………………………
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SQUARE GUILLEMIN

Parler pour rien dire, raconter à travers tous ces personnages sortis de ma mémoire d’éléphanteau, l’histoire pittoresque d’un quartier pas comme les autres, qui nous brule toujours le cœur : Basseta, Messageries, Consolation, Guillemin, Lelièvre ou Azrine.
Parler de l’amitié, ce sentiment si proche de l’amour, l’école où les maitres y prolongeaient l’éducation de la maison, tchatcher de football, des plages de Padovani aux bains des chevaux, parler, tchortchorer et encore tchatcher en arabe, espagnol, italien juif ou javanais mais parler !
Mon quartier, c’était pas le quartier de n’importe qui. Bordé par la mer avec des plages mesquinettes, d’accord mais qui suffisaient largement au petit peuple de Bab El Oued, pas regardant pour un sou. Avec mes copains, pour rien au monde on seraient allés ailleurs. Pourtant, les Bains Matarèse, la Vigie, l’Eden et les Deux Chameaux, rien qu’y nous tapaient la danse du ventre pour nous séduire. Ces plages minuscules, assises au pied des cabanons sur pilotis, des filles, les unes plus belles que les autres, une méditerranée comme y en a pas deux, elles attiraient les garçons comme des aimants. Et les gobieux du quartier Guillemin, rien qu’ils traversaient l’avenue Malakoff pour draguer tout ce qui bougeait. En un mot comme en cent, personne il avait l’intention de laisser sa part aux chiens (pourquoi les chiens et pas les chats, les renards, les lions et les éléphants, la vérité) A savoir !
Dans le quartier, c’est la folie du premier juillet au trente septembre. Tous les jours, la bande de oualiones de la rue Thuillier, elle mate le balcon de Malika, la belle fatmah qui travaille au rez-de-chaussée de la maison des morts. Comme des gobieux, chacun il essaie de voir sous sa jupe quand elle lave le balcon. Pas pour surveiller si elle astique bien le parterre ! Que nenni ! Pour taper des jetons sous son sarouel et sur ses gros tétés, même qu’elle met pas de soutien gorge sous sa chemise. Remarque, nous les petits, zarmah, ça nous intéresse. Total, on s’en fout du tiers comme du quart. La vérité, qu’est-ce qu’on en ferait à notre âge, de ses tétés ! Trop grands pour prendre la tétée et trop petit pour jouer avec…………..
. Y faut dire que tous les jours, une petite blondinette, elle vient au square Guillemin près de la bonbonnière de Pasquale où la vanille des beignets italiens elle embaume le quartier. Comme j’ai l’air de pas lui déplaire, je me fais un cinéma en cinémascope, en technicolor et même en relief. Mon ami Boisis, rien qu’il veut que je l’attaque comme si elle est un château fort et moi Ivanhoé. Tan tan tan ! Il est fou Boisis ! Metteur en scène dans l’âme, il adore les films américains depuis que son père, il lui a fait cadeau une panoplie de cow-boy. C’est bizarre comme les garçons, on aime jouer aux cow- boys ! Les filles, y en a pas bezef qu’elles se prennent pour Calamity Jane ! Aouah, elles préfèrent jouer à la corde, à la marelle et à la poupée. Les plus dégourdies, elles rêvent au prince charmant en lisant les journaux de leur mère, Cinémonde, Nous Deux ou Confidences. Y a pas à dire, les filles, elles sont différentes des garçons et c’est pourquoi elles nous intéressent tant. D’accord, on a à peine douze ans mais déjà, on se prend pour des grands et même, si on pense aux jeux de notre âge, on rêve à des jeux de mains, jeux de vilains.
--Bonjour mesdemoiselles ! Vous voulez qu’on vous tienne compagnie !
N’importe quoi ! Dire des bêtises pareilles à mon âge! Qu’est ce qui m’a pris de me prendre pour un grand ! Zarmah, je suis le roi des dragueurs. J’ai envie de prendre mes jambes à mon cou et de laisser Boisis se débrouiller tout seul face aux « demoiselles ». Qué, des demoiselles, de bouts de zan, oui. La vérité, je peux pas. Il serait capable de faire pipi sur lui tellement y meurt de honte. Bou, les petites, elles nous sourient l’air de dire ni oui ni non. Mieux, elles nous auraient toisé comme Vivien Leigh devant Clark Gable quand il lui demande dans « Autant en emporte le vent » si elle est amoureuse de ce grand cornichon de Leslie Howard. Aouah, elles se contentent de se parler à voix basse en riant comme si, on était Laurel et Hardy. On en profite pour se tailler sans se retourner tout en se retournant. La petite blondinette dans sa superbe robe rouge elle m’a tapé dans l’oeil, mon ami ! Si j’attrape un compère-loriot, ce sera bien fait pour moi ! Mais Boisis, c’est le genre « Courage, fuyons » ou « les conseilleurs ne sont pas les payeurs ». Y m’encourage à draguer en se cachant derrière moi et jamais devant moi. Raïeb, Boisis, c’est mon ami alors je peux tout lui mettre sur le dos. Comme elle dit ma mère « quel salopris je suis ! ». Les filles, mieux je les oublie jusqu’à demain matin…………….
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HORIZONS BLEUS

Le dimanche suivant, alors que l’odeur du brûlé elle commence à se dissiper et que tout le monde il est à peu près remis de ses blessures, de ses coups de soleil ou de ses émotions, d’un commun accord avec nous z’autres, on prend la décision unilatérale de taper la revanche au foot sur le terrain des Horizons Bleus. Purée l’engouement, j’vous dis pas. Y manque que Tony Arbona, le roi des speakers sportifs d’Afrique du Nord et des z’alentours.
Les jeunes, les vieux, les manchots, les boiteux, les unijambistes, les culs de jatte, les aveugles, les sourds, les muets, tous y veulent participer au match du millénaire. (j’exagère un chouïa !) Ceux qui z’en touchent pas une au foot, ceux que le Bon Dieu du football il a posé les yeux et la main sur eux, ceux qui cassent toutes les jambes qui se présentent, ceux qui se prennent pour des professionnels, ceux qui dribblent même leurs partenaires, ceux que les règles du football c’est du chinois et de l’hébreu réunis, ceux qui perdent leurs savates au moindre tir, ceux qui rouspètent sans arrêt, ceux qui tapent le match que pour rigoler, ceux qui croient que c’est la coupe du monde et que sara-sara, y crient « péno » comme si leur vie elle en dépendait, ceux qui font mine de quitter le terrain si on leur donne pas raison, ceux qui arrêtent la partie pour discuter les décisions de l’arbitre qu’il a d’arbitre que le nom et même pas le sifflet, ceux que leur « cuissette » elle tient pour l’amour de Dieu et qu’y jouent en tenant la ficelle qui leur sert de ceinture, ceux que la loubia du midi elle leur remonte et qui réclament à leurs femmes de leur apporter du bicarbonate citronné, ceux qui se foutent du résultat comme de leur première leçon de géographie, ceux qui ahanent comme une locomotive à vapeur du siècle dernier, ceux qui crachent leurs poumons, ceux qui tapent le zbérote en se roulant parterre à la moindre poussette dans le dos, ceux qui saluent la foule chaque fois qui tapent un coup de temeniek, ceux qui sont tellement nuls que personne y leur fait une passe, ceux qui se prennent pour un autre, comme Pons qu’il est fartasse et qui joue avec un bandeau autour de la tête zarmah pour se tenir les cheveux, ceux qui commentent avec humour « ô Pons, pourquoi tch’as pas mis la gomina ? » ou « Pons ! pourquoi tu mets le bandeau ? tch’as la migraine ! », ceux qui regardent courir les autres, ceux qui regrettent leurs vingt ans « pour montrer à ces petits merdeux comment on jouait avant ! », ceux qui évoquent Allah, Moïse, Jésus ou Tartempion à cause de la malchance qui les poursuit, ceux qui…ceux quoi…. Tout çà pour passer une après midi hors de commun.
Après l’homérique rencontre de foot-pataouète à nulle autre pareille, tous les héros et même les zéros, acteurs et spectateurs, on a tapé la pancha dans la méditerranée qu’elle était calme comme une assiette de soupe de fèves.
Cette journée, elle raconte au plus près de la vérité la mentalité de ces gens simples et heureux. Dans un décor apocalyptique d’une forêt calcinée, chacun avait fait abstraction de ce drame de la bêtise humaine qui avait mutilé le magnifique décor du littoral algérois. Cette journée, elle demeure comme le témoignage de la naïveté de ce peuple qui puise dans la difficulté de la guerre, la force d’aimer la vie…………
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JONAS DE LA CASBAH D'ALGER

Jonas, assis sur une chaise de patriarche, regardait la casbah de sa jeunesse dans les yeux. Elle riait aux éclats, courait dans tous les sens, heureuse de vivre là où les aïeux avaient vécu. Parée de toutes les vertus, tantôt insouciante et joyeuse, tantôt grave et tragique, elle prenait la vie de tous les jours comme elle venait. Faisant confiance en la destinée, la main de Fatmah en paravent ! La croix, l’étoile et le croissant au cœur et à l’âme. Ce peuple, humble mais fier, toujours courbé sur son passé, c’était son peuple. De petites gens, surtout de pauvres gens qui marchaient d’un même pas vers la lumière de l’émancipation. Le sacrifice chevillé au corps afin qu’il ne soit pas vain. Que leurs enfants aient une autre existence que la leur. Ailleurs. Dans les beaux quartiers. À Saint-Eugène ou rue Michelet. Loin de la casbah. De sa casbah, son horizon, sa vie. Comme lui, les anciens n’avaient d’autre ambition que la réussite de leurs enfants.
Combien il aimait ces gens, pauvres comme lui. Ils étaient, tout à la fois, son peuple, sa famille, ses amis, ses voisins. Comme ils allaient lui manquer avec leur langage épicé, leur commedia dell’arte, leurs petits métiers d’orient ou d’occident, leur souci du travail bien fait et l’amitié au bout des mains. Il écoutait la musique de la fête, mais ne l’entendait pas. Sa musique était celle de la rue, de ses petits métiers et de ses espoirs qui cadençaient la vie du quartier. De son quartier. Il regardait tout autour de lui, peignant mille et un visages que le temps diluerait dans la Méditerranée.
--Papa, à quoi tu penses ?
Pauline le ramena à la réalité des épousailles de sa fille. Sa fille qui entendait la plainte muette de son père.
Jonas mentit.
--À quoi tu veux que je pense ? À toi, ma fille !
Son mensonge ne prêtait pas à conséquence. Pauline voguait vers le pays du bonheur avec Benjamin, gentil garçon et honnête travailleur. Jonas fit signe à Pauline de s’asseoir sur ses genoux en tapotant la paume de sa main contre sa jambe. Ils restèrent ainsi immobiles comme s’ils étaient seuls au monde. Alors, dans une fulgurance d’éternité, défilèrent toutes les années de la prime enfance de ses enfants. Les premiers pas au jardin Marengo, à l’école de la rue de Toulon, la bar mitsvah de Robert, les billets de satisfaction et les bagarres à la sortie de l’école, un million de souvenirs remontèrent le fleuve de sa mémoire. Silencieux au milieu des tumultes, Jonas goûtait ces instants fugaces avec délectation. Une légère brise venue de la mer vint lui caresser la joue. Alors, il plissa les yeux pour être en prise avec ce paysage, ce conglomérat lumineux qui descendait en mille cascades blanchies à la chaux vers l’évasion indigo de la Méditerranée. Combien de temps avait-il passé, une minute d’éternité ou une heure languissante, il ne saurait le dire mais, ramené à la réalité par une caresse, il sut, à ce moment-là, que Pauline resterait à jamais sa petite fille avec ses gestes de tendresse incomparables.
Il savait pourtant que, loin de son quartier, ses lendemains déchanteraient mais le bonheur de Rachel était à ce prix.
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MARIE-TOI DANS TA RUE MON FILS

En quittant l’Algérie, Richard, comme beaucoup de ses compatriotes, avait perdu plus qu’un pays, plus qu’une ville natale, plus qu’un décor familier, plus que le théâtre de ses souvenirs d’enfance. Il avait perdu un mode de vie où l’amitié tenait lieu de respiration. Cette amitié des rues et des bancs de l’école, perpétuée par la permanence des rencontres, Richard en avait besoin. Richard en était orphelin. Aussi, entretenait-il une correspondance assidue avec Paulo, Roland, Jacky, et Victor, espérant chaque jour les voir débarquer à Cannes, eux les Parisiens d’adoption. Il se demandait et leur demandait par quel miracle ils parvenaient à s’adapter au froid de la capitale si loin de la Méditerranée. Cela donnait lieu à une multitude de considérations familiales et professionnelles qui avaient raison de l’insistance de Richard sans toutefois empêcher l’impatience de futures retrouvailles.
En se jetant à cœur perdu dans cette aventure avec Carmen, il exorcisait de la plus belle des façons ce vide affectif, cette plaie d’amitié. Carmen qui partageait avec lui cette envie de parler de là-bas, de chanter le ciel bleu, de pleurer le pays d’avant.
Son père parlait souvent de là-bas. Il enviait la jeunesse « qu’elle avait toute la vie devant elle pour se refaire la santé! ». Richard l’écoutait se plaindre mais n’en pensait pas moins. Bien sur que ses parents morflaient un maximum loin de leurs amis, leurs parents, leurs habitudes, leurs souvenirs et leur ville natale. Bien sur, à leur âge, il leur était difficile de « se refaire la santé » pour emprunter cette expression familière des joueurs de poker. Mais cela n’empêchait pas la jeunesse de se noyer dans les eaux profondes de la « nostalgérie » loin de leurs amitiés d’enfance. Il se souvenait de cette discussion qu’il avait eue avec sa famille un jour de Yom Kippour une petite heure avant la fin du jeûne, lorsque la nuit enveloppe la communauté de son grand manteau noir et que, dans le ciel, les trois étoiles tardent à apparaître. L’obscurité complice enhardit ce jour-là Richard qui avoua son désarroi.
--« Mon fils! Dis-toi bien une chose, c’est que les plus à plaindre ce sont les vieux comme nous. Pas les jeunes qui, grâce à D….., vous avez toute la vie devant vous! »
--« Attends, Papa! Dis-moi! Quand on est partis d’Alger, tous les gens qu’est-ce-qu’ils faisaient? Y pleuraient! Et qu’est-ce qu’ils pleuraient: le pays! D’accord? »
--« Et alors, où tu veux en venir? »
--« Je veux en venir à ce que vous aviez cinquante ans quand on a pris le bateau, moi j’en avais à peine seize! »
Si Richard avait pu allumer la lumière à ce moment-là, il aurait lu sur le visage de ses parents un air dubitatif qui l’aurait fait hurler de rire mais les trois étoiles jouaient à cache-cache avec les nuages et la sonnerie du shoffar libérateur était toujours muette.
--« En un mot comme en cent, vous avez vécu en Algérie trente-quatre ans de plus que moi. Vous avez été riches de l’Algérie trente-quatre ans de plus que moi. Vous avez profité du bonheur de vivre là-bas trente-quatre ans de plus que moi! Alors, dites-moi vraiment qui c’est qu’il est le plus à plaindre! Hein! »
Lisette, la pauvre, déjà elle pleurait en imaginant le chagrin de son fils. Comment avait-elle pu ignorer à ce point la douleur de son « mazozé », elle qui était si douée pour le mélodrame, l’inquiétude et le mauvais sang.
Tout çà, c’était de la faute à De Gaulle, ce « salopris » si son bébesso à sa mère, il était si malheureux.
--« Ti assardo, De Gaulle! »
Comme toutes les femmes natives de la casbah judéo-arabe, Lisette ne jurait que dans sa « langue maternelle ». Elle disait que les mots français étaient fades et ne reflétaient que l’image édulcorée de sa pensée. A l’inverse des expressions qu’elle employait depuis sa plus tendre enfance et qui alourdissaient ses phrases en leur donnant plus de force…………………
Un monde disparu s’écrivait sous la plume de l’impalpable nostalgie qu’il entretenait sans même le savoir, sans même le vouloir. Il lui arrivait d’entendre les voix d’hier parler à sa raison, à son cœur et à son âme. Il écoutait, attentif, les murs des maisons abandonnées, les fleurs fanées des jardins désertés, les anisettes cristallines sur des comptoirs orphelins, le meuglement des tramways désarmés, le silence des heures arrêtées aux Trois-Horloges de son quartier. Et par-dessus tout, les leçons de ses maîtres laïques et religieux, entrées dans son cœur ouvert aux quatre vents, qui lui parlaient d’instruction civique et de responsabilité, d’appartenance et d’égalité, d’holocauste et de fraternité, de France éternelle et de terre promise. Mille certitudes façonnées par le temps l’avaient cerné, encerclé, parfois désarçonné, souvent conforté avant la cruelle désillusion des promesses non tenues et de la tragique conséquence du départ. Alors, du haut de ses douze printemps, face à la mer qui avalait sa ville natale et ses souvenirs, il avait compris que rien n’était jamais acquis, que la vérité du jour pouvait se travestir en mensonge du lendemain et que tous les coups étaient permis.
Mais il ne se reconnaissait pas dans ces nouvelles certitudes et si le temps s’était chargé de panser ses blessures d’exil, il gardait de ces jours humides, la meurtrissure des candides qui croient à la beauté des hommes et des mots.
Pourtant, il ne reniait nullement la majesté des couchers de soleil de Pointe-Pescade, la simplicité des gens de Bab El Oued ni l’armée des ombres qui hantaient encore le dernier vestige de la présence française en ce pays, cimetière de Saint-Eugène aux sentinelles de pierre dont les entrailles regorgeaient d’histoires simples, émouvantes, vraies.
Histoires des humbles gens qui ensemencèrent sa terre natale pour offrir une vie meilleure à leur descendance. Histoires reniées, dénigrées, froissées après avoir servi, effacées des mémoires avant d’être brûlées, travesties aux yeux du souvenir.
Sa naissance lui avait légué trois identités, trois passeports, trois bonheurs. Français, juif et pied noir. Trilogie magnifique que le vent de l’Histoire endeuilla, désarticula, brisa. Les trois couleurs du drapeau se délavèrent et tamisèrent la fierté. Richard en avait trop souffert pour ne pas mesurer les conséquences d’un nouveau reniement, fut-il dicté par l’amour de sa belle. Epouser Carmen entraînerait trop de sacrifices et de renoncements à des principes de vie établis depuis des millénaires………………
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