ET LA VIE CONTINUE............. |
Richard embrassa Sylvain en le remerciant pour le repas
et son attention de l'avoir prévenu de son prix. Resté seul avec Marie, il lui
proposa d'aller s'asseoir au soleil sur la place de l'Albatros. Il lui demanda
d'avancer pour ne pas marcher à ses côtés. Poliment, elle refusa car elle
connaissait la raison pour laquelle Richard lui avait fait cette proposition.
Une fois assise, elle découvrit ses cuisses pour les exposer au soleil. Elle
regarda autour d'elle et questionna Richard:
--Si je vous pose
des questions qui vous gênent, n'hésitez pas à garder le silence. Cela ne me
vexera pas, je comprendrais..................
--Je vous
écoute !
--Vous êtes
toujours sur la défensive, même avec ceux qui vous aiment!
--Peut-être, c'est
sans doute pour me protéger....... J'ai tellement été déçu....... n'espérant
plus rien, je n'ai plus à faire de salamalecs aux uns et aux autres. Vous savez
petite Marie, à présent, forcément, je vois la vie autrement et ce que je vois
ne me plaît pas. Alors, je ne me plie plus aux convenances. Je ne vois que les
personnes que j'ai envie de voir et comme je ne peux plus me déplacer seul, la
solution est toute trouvée: je reste seul car je ne veux être tributaire de
personne, je ne veux embêter personne et je ne veux être embêté par quiconque.
--Et moi, je vous
embête?
--Vous rigolez?
Vous êtes un rayon de soleil qui me
réchauffe le cœur quand je vous vois.
--C'est gentil.
--Pourquoi vous en
doutiez?
–Non mais comme
vous semblez en vouloir au monde en entier.
--Au monde entier
moins quelques amis que je vois trop rarement. Ils habitent
Israël, Miami, Marseille sans oublier monsieur Mani et je garde pour la
bonne bouche, ma correctrice.
–J'espère que je ne
suis pas seulement votre correctrice ? Une amie peut-être aussi?
Richard se contenta de sourire pour ne laisser
poindre la moindre émotion. Comme il aimerait pouvoir réagir comme
avant, quand le monde lui appartenait, lorsque rien ne lui interdisait de
s'émouvoir devant un joli minois, quand bien même essuyait-il un refus catégorique à ses
avances. Quand il adoptait la devise de
Casanova: une femme est toujours flattée de l'intérêt qu'un homme lui porte.
Oui, comme il regrettait ce temps où tout lui semblait permis auprès de ses
amis d'enfance. Comme était belle la vie. Malgré la jeunesse qui filait entre
ses doigts, malgré les enfants qu'il n'aurait jamais. Il aimait
répéter que son indépendance avait été
à ce prix et qu'à l'approche de la quarantaine, lorsqu'il aurait trouvé
chaussure à son pied, il poserait ses
valises de reporter dans un port d'attache méditerranéen. A ce moment-là, oui,
il souhaitera que de nombreuses têtes
brunes ou blondes s'amusent à parcourir
les allées de sa vie en déposant des éclats de rire sur sa sieste
provençale.
Et puis, le néant.............. le coma..........le
réveil....... la vie qui n'est plus la vie. Les amis qui espacent les visites,
les copains qui s'en vont et la femme
adorée qui déserte l'île des amours, et
puis la solitude, ultime compagne entre quatre murs. La déchéance.
Alors, ses sentiments, il les gardait pour lui pour ne
pas froisser, ne pas déranger, se faire le plus discret possible, et surtout ne
pas croire à l'impossible.
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