samedi 2 avril 2016

Extrait de "ET LA VIE CONTINUE" qui sort au mois de juin (AUX PRESSES DU MIDI)

 ET LA VIE CONTINUE.............


Richard embrassa Sylvain en le remerciant pour le repas et son attention de l'avoir prévenu de son prix. Resté seul avec Marie, il lui proposa d'aller s'asseoir au soleil sur la place de l'Albatros. Il lui demanda d'avancer pour ne pas marcher à ses côtés. Poliment, elle refusa car elle connaissait la raison pour laquelle Richard lui avait fait cette proposition. Une fois assise, elle découvrit ses cuisses pour les exposer au soleil. Elle regarda autour d'elle et questionna Richard:
--Si je vous pose des questions qui vous gênent, n'hésitez pas à garder le silence. Cela ne me vexera pas, je comprendrais..................
--Je vous écoute !
--Vous êtes toujours sur la défensive, même avec ceux qui vous aiment!
--Peut-être, c'est sans doute pour me protéger....... J'ai tellement été déçu....... n'espérant plus rien, je n'ai plus à faire de salamalecs aux uns et aux autres. Vous savez petite Marie, à présent, forcément, je vois la vie autrement et ce que je vois ne me plaît pas. Alors, je ne me plie plus aux convenances. Je ne vois que les personnes que j'ai envie de voir et comme je ne peux plus me déplacer seul, la solution est toute trouvée: je reste seul car je ne veux être tributaire de personne, je ne veux embêter personne et je ne veux être embêté par quiconque.
--Et moi, je vous embête?
--Vous rigolez? Vous êtes un rayon de soleil qui  me réchauffe le cœur quand je vous vois.
--C'est gentil.
--Pourquoi vous en doutiez?
–Non mais comme vous semblez en vouloir au monde en entier.
--Au monde entier moins quelques amis que je vois trop rarement. Ils   habitent  Israël, Miami,  Marseille sans  oublier monsieur Mani et je garde pour la bonne bouche, ma correctrice.
–J'espère que je ne suis pas seulement votre correctrice ? Une amie peut-être aussi?
Richard se contenta de sourire pour ne  laisser  poindre la moindre émotion. Comme il aimerait pouvoir réagir comme avant, quand le monde lui appartenait, lorsque rien ne lui interdisait de s'émouvoir devant un joli minois, quand bien même  essuyait-il un refus catégorique à ses avances. Quand il adoptait  la devise de Casanova: une femme est toujours flattée de l'intérêt qu'un homme lui porte. Oui, comme il regrettait ce temps où tout lui semblait permis auprès de ses amis d'enfance. Comme était belle la vie. Malgré la jeunesse qui filait entre ses doigts, malgré les enfants qu'il n'aurait jamais.  Il aimait  répéter que son indépendance avait été   à ce prix et qu'à l'approche de la quarantaine, lorsqu'il aurait trouvé chaussure à son pied,  il poserait ses valises de reporter dans un port d'attache méditerranéen. A ce moment-là, oui, il souhaitera   que de nombreuses têtes brunes ou blondes s'amusent à parcourir  les allées de sa vie en déposant des éclats de rire sur sa sieste provençale.
Et puis, le néant.............. le coma..........le réveil....... la vie qui n'est plus la vie. Les amis qui espacent les visites, les copains qui s'en vont et  la femme adorée  qui déserte l'île des amours, et puis la solitude, ultime compagne entre quatre murs. La déchéance.
Alors, ses sentiments, il les gardait pour lui pour ne pas froisser, ne pas déranger, se faire le plus discret possible, et surtout ne pas croire à l'impossible.


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