mardi 15 mars 2016

SOUVENIRS D'EN FACE de Hubert Zakine


C’est vrai qu’on était des gens heureux !
Et pas compliqués pour un sou.
Du pain et des olives, du beurre et des anchois
Pour un goûter de gala.
Une tomate, de l’huile et de l’ail sur du pain
Un véritable délice !
Pas de jouet pour noël, qu’à cela ne tienne.
Une carriole, des noyaux, des oublis,
Et le roi n’était pas notre cousin.
Pas d’argent mais du bonheur à revendre.
La richesse du cœur pour seul leitmotiv.
Et l’amitié au bout des doigts.
 

L’arroseur des rues pour rafraîchir le quartier
Le rire des chitanes en fond sonore.
Le soleil qui transforme le quartier en étuve.
Chaise longue pour une sieste prolongée.
Avant que vienne l’heure de l’andar et venir
Tout le monde dehors.
La fiesta bohémienne au jardin Guillemin
Et la drague en catimini.
Regards en dessous, timidité oblige.
Attention ta mère !


Aouah, on avait tout pour être heureux.
Chez nous, la solitude n’existait pas.
Portes d’entrées ouvertes au courant d’air de l’amitié.
Balcons du soir, passerelles du voisinage.
Terrasses du bout du monde pour voyager en restant chez soi.
On déjeunait chacun chez soi et chacun chez les autres.
Balcon derrière le rideau de soleil.
Drapeau tricolore et fête nationale.
Oriflamme et fierté française
Marseillaise à plein poumon
Algérie française etc…..etc….
On l’a eu dans le baba !
Tiassardo De Gaulle.
Tiassardo Francia.


Mais heureux d’être né à Bab El Oued.
Casbah judéo-arabe d’où ma famille est issue.
Rue Marengo. Place Randon.
Synagogue de la casbah.
Fier d’être juif
Fier d’être pied noir
Moins fier d’être français.
Pourtant on aimait le drapeau tricolore.
La marseillaise comme chant d’amour.
On la chantait si fort, on la chantait si bien…
Certains en sont morts pour rien !
Quand je pense à De Gaulle, ça me donne de l’urticaire
Et ces médias qui lui tressent des couronnes.
Tiassardo Francia !


Allez mieux, je pense à reculons.
Quand nous jouions à la marelle,
Boisis, Gozlan et Abergel
Aux tchappes, aux noyaux et à la carriole,
Même si on préférait le football….
Chansons d’autrefois, André Claveau….
Luis Mariano et Jean Marco…..
Cerisiers roses et pommiers blancs.
Mick Michell et Yvette Giraud
Pour une T.S.F de Nostalgie.


Je me souviens de nos cinémas de Bab El Oued.
Palace, Bijou et Mon Ciné pour les chitanes.
Les Variétés et ses spectatrices en larmes.
L’Amérique au Majestic du maltais Seiberras
Les Platters et Paul Anka à Alger.
Combats de boxe et toit ouvrant
Albert Yvel, champion du quartier
Devenu champion d’Europe.
Lynx, Plaza, Suffren et la Perle
Le Trianon sacrifié au Monoprix.


Les beaux dimanches au cabanon
On prenait l’autobus pour taper le plongeon,
Après la ventrée de khémias
Au cinéma plein air chez Valenza,
Bing Crosby nous tapait la sérénade
On finissait la soirée à la pointe pescade.
C’était l’Eden de notre enfance
De notre jeunesse, de notre adolescence.


J’en connais qui regrettent Alger d’autrefois
Alger et les pieds noirs, du reste !
Tiens demandez a Ait Ahmed.
Zarmah, l’un des chefs historiques
Ca lui va de parler d’erreur colossale.
Le pied noir il était indispensable.
Sans lui, l’Algérie, elle partirait en bli-bli.
Lui aussi, il avait rien compris.

Qu’est-ce qu’il croyait, le bougre
Que l’indépendance elle allait transformer
Un bourricot de la montagne
En souverain d’Espagne.


Nous autres on peut pas pardonner
La trahison, l’abandon et la lâcheté
De la France d’hier et d’aujourd’hui
Qui a cessé d’être un grand pays.

De Gaulle, y voulait renvoyer les algériens chez eux !
PIM PAM POUM alias Giscard, Chirac et Mitterand
Ils ont ouvert les bras et les frontières.
Toi, Paris tu m’as pris dans tes bras.
Bou, qu’est-ce que j’ai fait de venir en France.
Zarmah, je suis un rapatrié.
Qué, rapatrié, j’ai plus de patrie.
Que des regrets et de la rancune.


Adieu la France !
Elle a vendu son âme au diable, à d’autres dieux.
Avant il y avait les chrétiens, les juifs et les musulmans.
A présent, les barbares y sont descendus dans la rue.
Et la France recule, la peur au ventre.
L’autre il a dit : vous êtes ici chez vous !
Alors ta maison c’est ma maison ?
Aouah, y faut pas exagérer.
C'est pas Defferre qui envoyait les pieds noirs se faire voir chez les grecs ?
Tiassardo, francia !


Le pays y s’en va en bli-bli.
Et les politiques y s’en mettent plein les poches
Les restos du cœur y sont assaillis
Par des crève-la-faim et surtout par des pleure-misère.
Mieux je mange du pain et des olives que perdre la figure.
Ma mère elle nous a élevé dans la dignité
Késako la dignité pour une France qui se fait empapaouter par tout le monde.
Est-ce que les politiques français ont des enfants ?
Pensent-ils à ce que deviendra leur descendance dans la France de demain ?
Comment et pourquoi n’ont-ils pas anticipé le cataclysme.
Zarmah, ils sont intelligents !
Même Boumedienne, il avait compris
C'est dire la connerie de PIM PAM POUM et con…….sorts.

A suivre................

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