lundi 25 janvier 2016

ECRIRE POUR EXISTER DE HUBERT ZAKINE

LES PREMIERES PAGES DE MON DERNIER OUVRAGE

ECRIRE POUR EXISTER

Ecrire pour exister aux yeux des autres. Lui qui avait toujours connu le succès. Lui qui était celui que l’on recherchait, que l’on écoutait, qui était brillant, qui plaisait aux femmes. Lui qui avait été, dans sa jeunesse, celui que l’on désirait dans son équipe de football, que l’on recherchait pour une belote ou simplement que l’on souhaitait pour  ami, il était relégué au rang de pestiféré.

Lui qui avait été l’objet de toutes les sollicitudes, de toutes les attentions voire de toutes les ivresses, il n’était plus rien.

Plus rien à cause d’un maudit AVC qui l’avait jeté plus bas que terre. Qui le désignait aux yeux de la multitude, qui avait besoin d’une canne tripode pour s’équilibrer. Qui refusait les regards en coin, les chuchotements sur son passage. Qui préférait s’isoler de tout attroupement.

Alors écrire pour exister. Vivre l’existence d’un autre, connaitre des amours flamboyants, des ivresses sans boire une goutte d’alcool, jongler avec les sentiments des autres, inventer des personnages séduisants ou trompeurs, créer des femmes belles à en mourir.

Ecrire pour ne pas sombrer dans l’alcoolisme de la solitude où l’ennui se conjugue à tous les temps du passé. Ecrire à n’en plus dormir afin que l’insomnie brouille les cartes du petit matin.   Ecrivain de la nuit afin d’isoler sa mélancolie en espérant la chasser d’un revers de main dès l’aurore réapparu. Tromper son monde dans une pirouette de mots. Un monde réel qui ne veut plus de lui. Qui l’ignore en le mettant au piquet de l’amitié et que le destin a désorienté dans une volte-face infernale.

Alors écrire, écrire à en perdre haleine. Aligner des mots pour parler avec cet autrui qui n’existe pas. Qui n’existe plus. Avant a déposé le bilan. Après ne vit que dans le futur. Seul le présent est tangible.

Ecrire pour combler tout ce temps à ne plus savoir qu’en faire. Ecrire  pour raconter des histoires. Histoires sans queue ni tête, histoires romanesques ou histoires de sa propre déchéance. D’une belle au bois dormant des temps modernes ou d’un preux chevalier à l’accent provençal. 
Ecrire n’importe quoi mais écrire. Pour lui avant d’écrire pour les autres. Afin d’épuiser la rancœur qui s’agrippe à ses basques.

Il en aurait tant à dire  sur les fausses amitiés au cœur de pierre. Sur celles qui faussent compagnie de peur de tendre la main de celui qui en a tant besoin. Croire qu’il est contagieux alors qu’il ne demande qu'un regard. Ces faux-amis qui se détournent dès le premier orage éclaté. Qui oublient le temps de l’amitié pour courir d’autres aventures. L’âme humaine ignore la fidélité. Celui qui est blessé l’apprend à ses dépens. Alors, écrire et  penser différemment. Ne plus croire pour ne plus subir l’infâme déception. L’insouciance en berne. Devenir l’émule de Saint-Thomas. Voir pour y croire !

Ecrire encore et toujours dans un tête-à-tête obsédant. Un tête-à-tête avec lui-même, peut-être  contre lui-même. Pour constater que la raison ne fait plus partie de son horizon. Est-ce de la folie cette volonté de comprendre pourquoi les amis d’hier ont déserté la maison de la guérison ? Est-ce raison ou déraison ? Cette question le hantera encore et toujours.

Alors écrire pour tenter d’expliquer l’inexplicable. Pour tenter de pardonner l’impardonnable.

Dans la solitude de ses journées sans fin, tenter de se projeter vers d’autres destins, vers d’autres oublis, vers ce repos de l’âme qui résoudra toutes ses angoisses du lendemain. Ecrire, écrire, écrire……….












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