LES PREMIERES PAGES DE MON DERNIER OUVRAGE
ECRIRE POUR EXISTER
Ecrire pour exister aux yeux
des autres. Lui qui avait toujours connu
le succès. Lui qui était celui que l’on recherchait, que l’on écoutait, qui
était brillant, qui plaisait aux femmes. Lui qui avait été, dans sa jeunesse,
celui que l’on désirait dans son équipe de football, que l’on recherchait pour
une belote ou simplement que l’on souhaitait pour ami, il était relégué au rang de pestiféré.
Lui qui avait été l’objet de
toutes les sollicitudes, de toutes les attentions voire de toutes les ivresses,
il n’était plus rien.
Plus rien à cause d’un maudit
AVC qui l’avait jeté plus bas que terre. Qui le désignait aux yeux de la
multitude, qui avait besoin d’une canne tripode pour s’équilibrer. Qui refusait
les regards en coin, les chuchotements sur son passage. Qui préférait s’isoler
de tout attroupement.
Alors écrire pour exister. Vivre
l’existence d’un autre, connaitre des amours flamboyants, des ivresses sans
boire une goutte d’alcool, jongler avec les sentiments des autres, inventer des
personnages séduisants ou trompeurs, créer des femmes belles à en mourir.
Ecrire pour ne pas sombrer
dans l’alcoolisme de la solitude où l’ennui se conjugue à tous les temps du
passé. Ecrire à n’en plus dormir afin que l’insomnie brouille les cartes du
petit matin. Ecrivain de la nuit afin
d’isoler sa mélancolie en espérant la chasser d’un revers de main dès l’aurore
réapparu. Tromper son monde dans une pirouette de mots. Un monde réel qui ne
veut plus de lui. Qui l’ignore en le mettant au piquet de l’amitié et que le
destin a désorienté dans une volte-face infernale.
Alors écrire, écrire à en
perdre haleine. Aligner des mots pour parler avec cet autrui qui n’existe pas.
Qui n’existe plus. Avant a déposé le bilan. Après ne vit que dans le futur.
Seul le présent est tangible.
Ecrire pour combler tout ce
temps à ne plus savoir qu’en faire. Ecrire
pour raconter des histoires. Histoires sans queue ni tête, histoires
romanesques ou histoires de sa propre déchéance. D’une belle au bois dormant
des temps modernes ou d’un preux chevalier à l’accent provençal.
Ecrire
n’importe quoi mais écrire. Pour lui avant d’écrire pour les autres. Afin
d’épuiser la rancœur qui s’agrippe à ses basques.
Il en aurait tant à dire sur les fausses amitiés au cœur de pierre. Sur celles qui faussent
compagnie de peur de tendre la main de celui qui en a tant besoin. Croire qu’il
est contagieux alors qu’il ne demande qu'un regard. Ces faux-amis qui se détournent dès le premier orage
éclaté. Qui oublient le temps de l’amitié pour courir d’autres aventures. L’âme
humaine ignore la fidélité. Celui qui est blessé l’apprend à ses dépens. Alors,
écrire et penser différemment. Ne plus
croire pour ne plus subir l’infâme déception. L’insouciance en berne. Devenir
l’émule de Saint-Thomas. Voir pour y croire !
Ecrire encore et toujours
dans un tête-à-tête obsédant. Un tête-à-tête avec lui-même, peut-être contre lui-même. Pour constater que la raison
ne fait plus partie de son horizon. Est-ce de la
folie cette volonté de comprendre pourquoi les amis d’hier ont déserté la
maison de la guérison ? Est-ce raison ou déraison ? Cette question le
hantera encore et toujours.
Alors écrire pour tenter d’expliquer
l’inexplicable. Pour tenter de pardonner l’impardonnable.
Dans la solitude de ses
journées sans fin, tenter de se projeter vers d’autres destins, vers d’autres
oublis, vers ce repos de l’âme qui résoudra toutes ses angoisses du lendemain.
Ecrire, écrire, écrire……….
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