lundi 27 juillet 2015

Suite de L'ENFANCE SACRIFIEE DES MARIAGES MIXTES de hubert zakine.


L'enfance refusée par le judaïsme mais portée par son identité patronymique, assise entre deux chaises, à mi-chemin de deux religions monothéistes, héritière de deux cultures se retrouve, pourtant, orpheline, en plein désarroi, ni tout à fait juive, ni pleinement adepte de la religion maternelle. Démunie de toute appartenance cultuelle, déboutée du droit élémentaire à regarder l'Eternel dans les yeux, paria dans une synagogue comme dans une église, une mosquée ou quelque temple que ce soit, elle est la victime d'un crime d'amour commis par ses parents. L'intransigeance du judaïsme la condamne à errer vers un hypothétique dieu qui lui ouvrirait son cœur. Les sectes y puisent la sève, la source vive de leur fanatisme car le dépit amoureux de cette enfance rejetée, les pousse dans les bras de quiconque saura flatter et recueillir ces déshérités de Dieu.


Alors, face à l'iniquité dont est victime son enfant, le père juif, sans renier son choix, porte sur ses épaules la douloureuse interrogation qui brûle ses lèvres et se résume en une phrase :
--" Ai-je, par mon choix, coupé le cordon ombilical qui relie le judaïsme au patronyme que m'ont confié mes aïeux ?"
La réponse à cette question qui prend toute sa dimension lors d'une fête religieuse, d'une veillée de shabbat, d'une Bar Misvah ou d'un mariage béni par le judaïsme se révèle à l'ombre du conservatisme hébraïque.

LES TROMPETTES DE JERICHO
 
Il est utile d'observer l'antinomie et parfois l'antagonisme qui régit les formes de la pensée juive. A la quête intellectuelle de tous les courants universels des droits de l'homme, le juif, savant ou quidam, devance tous les combats menés au nom de la liberté, de l'égalité et de la fraternité. Déjà, en 1830, lorsque les unités françaises débarquèrent en Afrique du Nord, sur les rivages de Sidi-Ferruch, les Chefs de la Nation Juive, Jacob BACRI et Léon Juda Ben DURAN, offrirent leurs services et ceux de la communauté aux troupes du Général De BOURMONT, avec au fond des yeux, le serment de la Révolution Française. De nos jours, les plus grandes voix qui s'élèvent dans le désert de la misère humaine, telles les trompettes de Jéricho, résonnent au nom d'un judaïsme ardent, investi d'une mission sacrée de lutte contre toutes les formes d'injustice. Prêtes à lever les boucliers, elles utilisent tous les moyens mis à la disposition des temps modernes. Jouissant d'une grande réputation en accord avec leur grande valeur, ces hommes et ces femmes juives sont, parmi bien d'autres, les baromètres de la pensée française. Hélas, ces hautes personnalités politiques, scientifiques, artistiques ou civiles semblent se désintéresser du problème préoccupant des mariages mixtes et de l'enfance sacrifiée. Pourtant, leurs voix ne prêcheraient pas dans un désert d'immobilisme et la réflexion de leurs intelligences, combinée à celles des différentes composantes du judaïsme, converserait avec les voix du passé. Loin de s'appauvrir, le débat ne pourrait qu'enrichir les options modernes même fortement ancrées dans la tradition. Car, qui peut prétendre, aujourd'hui, que le débat n'est pas d'actualité.
A l'heure où se perdent les us et coutumes d'hier qui demeuraient, jusqu'alors, les repères indispensables à la survivance d'une communauté, à l'heure où la drogue se substitue à la parole du père, où le dialogue se noie dans les brumes existentialistes, où la corruption des médias falsifie les valeurs d'antan, où le mauvais exemple s'auréole d'impunité, seul, le retour aux sources de la vie est porteur d'avenir.
Les anciens prétendaient que l'acte solennel du mariage était affaire trop sérieuse pour la confier à la jeunesse. La sagesse dictait leur conduite et les marieuses quêtaient les jeunes gens afin de les présenter aux familles. Après une étude approfondie sur la respectabilité de la personne, elle "arrangeait" une réunion au cours de laquelle, parents et enfants faisaient connaissance. Tant d'épousailles suivirent cette procédure que le "métier" de marieuse connut un essor considérable au XVIIIéme, XIXéme et moitié du XXéme siècle. Basé sur la confiance et le respect, l'édifice familial se bâtissait, alors, pierre à pierre, auréolé de complicité et de cris d'enfants. Ces pratiques que d'aucuns jugent d'un autre âge, bénéficiaient de la permanence des rencontres entre familles, du manque d'espace à conquérir, faute de moyen de locomotion, des relations privilégiées entre membres d'un même quartier. Les synagogues, les cafés, les stades, les jardins, les terrasses, les balcons, les marchés, mille lieux servaient de tribune à l'amitié, de passerelle au voisinage.
Avec un dénominateur commun, le bonheur des enfants qui passait obligatoirement par un mariage avec le fils ou la fille d'une famille "bien comme il faut" dont on connaissait les parents.
Hélas, les distances se sont allongées et les dispersions ont encouragé le melting-pot et sa conséquence: le mariage mixte.
Le choix est laissé à la discrétion d'une jeunesse séduite par l'immédiat éblouissement de l'amour. Faisant fi des conventions, aveuglée par la passion, elle occulte le devoir de mémoire imposé par sa judaïté qui la pousse à "se marier dans sa rue".
 
 

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