Hagh Roch Hodesch Nissan –
combien j’ai douce souvenance du joli lieu de ma naissance de mon
pays la-bas qui n’existe plus…quelques souvenirs à partager avec
ma famille afin que les traditions se perpétuent…Marcel
Aidane
Pessah
se préparait au moins trois semaines à l’avance, grand nettoyage
de la maison avec peinture de la cuisine et tapisserie nouvelle à la
salle à manger. Quinze jours de vacances scolaires qui englobées
Pâques et Pessah et pendant huit jours pas de cours de Talmud Thora.
A Roch Hodech Nissan nous
accompagnons notre père chez «Esther»
la boulangère de la rue Marengo pour acheter
les galettes de Pessah fabriquées à la main, et notre mère nous
amenait chez Mr Michel Vidal, fripier place de Chartres (oncle de la
tante germaine, épouse de joseph, frère de ma mère) pour acheter
des habits neufs. On allait ensuite chez «
André » se faire chausser. Le
linge de corps était acheté, Rue Bab El Oued, au «
Petit Duc. » Tout près de
l’Alliance (Ecole
religieuse de l’Alliance Israelite Universelle) ou nous apprenions
l’hébreu et à cette période la cantilation de la hagadah.
Erev Pessah venu, présence
obligatoire à la synagogue, rue
Boutin. Après l’Office maman
nous recevait à la maison, la table mise avec pour chacun deux
verres (un pour boire, l’autre plus petit pour les kidouchim). Sans
oublier le verre du prophète
Elie.
On entonnait alors en chœur
les prières. Sans oublier le traditionnel plateau
du seder passé au dessus de la
tète de chaque convive en chantant « etmol aiinou rabadim, aayom
benekhorim, ayom kan lechana abaa berouchalim (de nos jours on ajoute
abenouia )
Chacun son tour on lisait en
chantant un passage du récit de la sortie
d’Egypte. Mais tous ensemble
joyeusement nous proclamions, apres avoir rappelé les bienfaits
jouis par nos ancetres «dayénou» « cela nous aurait suffit », et
les quatre verre de vin. Et on agitait chacun son tour, l’os,
l’œuf, la matsa, les herbes amères que l’on n’envoyait par la
fenêtre, de préférence sur
la tète d’un arabe. Pendant la lecture des dix plaies mon père
versait dans une cuvette un peu de son vin, tandis que ma mère y
ajoutait un peu d’eau; elle jetait cette mixture dans les
toilettes. La première partie de la cérémonie se terminait avec la
phrase traditionnelle « yo klouhou» et « l’on dine ».
Repas exceptionnel
potage de poulet ou trempées des galettes fines de matsoth, suivi du
couscous de galettes pilées additionné de «chtétra » viande et
petites pommes de terre, salade verte et dessert traditionnel, orange
sphéries et confiture d’oranges amères.
Après le Birkat
Hamazone,(remerciements pour le repas) les jeunes enfants allaient se
coucher et les autres continuer la priere jusqu’à « ad gaddia»
Le lendemain matin synagogue,
rue Boutin. C’était une maison mauresque avec en son centre La
Tebah. De sa place n°15, mon père dominait la salle. Prés de lui
ses amis, Marcel Guenoun, Elie Benzaken, Michel Vidal.
Monsieur Guenoun nous
distribuer des fèves frites par son épouse. Les enfants, filles et
garçons montions sur la terrasse d’où on pouvait apercevoir la
salle de prières pour jouer mais on rejoignait la salle de prières
pour la brakha cohaninm.
Le moment le plus palpitant
était la lecture du sepher thora ; En cette période il n’existait
pas encore de livres avec traduction française, mais mon père
traduisait et commentait au fur les passages chantaient, tout en
surveillant que la cantilation du ministre officiant soit conforme
aux Taramim mentionnés, sinon il le reprenait. L’Office se
terminait vers midi.
On accompagnait mon père qui
allait prendre des nouvelles de sa belle-sœur Béziza (épouse de
son frère « zizi »tout en prenant l’apéritif. Pendant ce temps,
« zizi » était chez nous pour l’apéro
: sur la table, matsoth, œufs durs coupés en quatre, anchois,
olives vertes, poivrons à l’huile et à l’autre bout de la table
saucisson en tranches. Enfin confitures d’oranges amères et
sphériès. Avant le repas,
kidouch et motssi, suivi du repas avec bien sur l’épaule d’agneau
rôtie traditionnelle. A la synagogue dès le 1er après-midi de PESSAH on décomptait
l’OMER, qui nous sépare de Chavouoth (tables de la Loi). Pour le
gouter nous avions du chocolat «cacher» avec une galette sucrée.
Nos parents pour nos dépenses
personnelles nous donnaient, suivant l’âge, un à cinq sous.
C’étaient des pièces en bronze à l’effigie de Napoléon III,
Les pièces de cinq sous ou 25 centimes étaient des pièces trouées
en leur milieu. Pour Pessah comme on ne pouvait pas acheter des
bonbons, on déposait « nos sous » chez le marchand de bonbons qui
faisait le banquier; il notait sur un carnet nos versements et le
dernier jour de Pessah nous allions récupérer un cornet de bonbons.
Pessah terminé avec cinq sous on allait acheter un beignet arabe
saupoudré de sucre, de sel ou imbibé de miel, qu’il préparait
devant nous, c’était un régal.
Comme nous étions en vacances
scolaires, l’après-midi on allait jouer, dans la rue, avec les
copains: juifs, chrétiens,
arabes. J’avais pour ami,
Amor Bendali, fils d’un émir qui avait été assassiné. Il vivait
chez son oncle dans une maison mauresque située face à l’immeuble
où nous habitions. Quand un homme entrait dans cette maison, il
tapait dans ses mains, les femmes se cachaient et il pouvait alors
pénétrer dans la pièce de son épouse. J’étais le seul «homme»
admis dans la maison.
Juste en face de chez nous, 25
Rue Marengo, habitait au 3e
étage mon ami René Meslati Le jeudi et le dimanche vers 11 h 30,
nous lui portions son panier-repas à la prison Barberousse (il
mangeait cacher), non, il n’était pas délinquant, mais « gardien
de prison ».
Au deuxième étage de cette
maison habitait la famille Levy
un des fils Roger (qui se fera appeler plus tard Roger Hanin) était
mon condisciple à l’école de la
rue du Divan (situé derrière
la cathédrale, puis à la rue Franklin, enfin à l’université
ou nous suivions les cours pour devenir pharmaciens).
Le lundi de Pâques
(chrétien) était jour férié.
On allait passer la journée au
Bois de Boulogne (au dessus du
Parc de Galland) pour fêter la mouna (sorte de grosses brioches
d’origine espagnoles). On y allait en tramway, on déjeunait dans
le bois avec les sandwichs préparés par maman, des cocas, du
fromage et comme boisson de la limonade ou du Sélecto (boisson
gazeuse à base de pommes cuites): et on participait aux jeux course
de sacs, ou pieds attachés, grimper au mas de cocagne ou au furet.
Pendant ces vacances, en
dehors de la période de Pessah nous allions faire une cure
à Rovigo les bains (Hamam Melouane) située
à une trentaine de kilomètres de la maison. On s’y préparait une
semaine avant :
C’était une drôle
d’expédition:au marché aux légumes Place
Randon , on récupérait trois
grands paniers en osier (1 mètre de Hauteur, 1 mètre de large) au
marché aux légumes de la Place Randon. Dans l’un on plaçait la
vaisselle, dans l’autre des draps et le linge de rechange pour
chacun de nous et les serviettes de toilette, et dans le troisième
des marmites, de la viande rôtie et des légumes frais.
On prenait l’autobus de
Mouloud Lounes juste devant chez nous. Il n’avait pas de couloir
intérieur on y pénétrait par des portes situées de chaque coté,
on plaçait les bagages à l’impériale (sur le toit) où ils
étaient attachés avec des cordes. Le chauffeur de l’autobus dès
qu’il arrivait prés de l’arbre du marabout pour annoncer
l’arrivée des «curistes» appuyait sur son klaxon. L’autobus
s’arrêtait devant un vaste hangar qui servait de café. Les
curistes sur place accueillaient les arrivants et achetaient le
journal du jour. Pour se loger il y avait deux établissements l’un
prés de la rivière avec des chambres vides en enfilade formant un
T. Mais le tenancier louait en supplément des matelas que l’on
mettait à terre sans sommier sur lesquels on dormait. Mes parents en
louaient trois, une pour eux, un pour les filles, un pour les
garçons. Il n’y avait pas d’électricité, nous nous éclairions
avec des lampes à pétrole ou à carbure.
Pour les faire les repas nous
avions des canoun au charbon ou un réchaud à pétrole. Comme il n’y
avait pas l’eau courante dans les chambres, les filles ramenaient
la vaisselle à la rivière, elles frottaient les assiettes avec les
galets mouillés, après le savoir rincer elles les essuyaient, avant
de les ramener à la chambre. L’après-midi les enfants allions au
café pour écouter de la musique (avec le phonographe qui se
remontait à la main) ou jouer aux cartes (ronda ou belote) ou aux
échecs. Le deuxième groupe d’habitations (même style) se
trouvait prés des chambres de soins.
Pour la cure, imagine une
grande salle, à hauteur d’hommes des portes manteaux et devant des
bancs. Chacun entrait se mettait nu, pendait ses affaires et pénétrer
dans la salle piscine: un grand bassin, on y descendait grâce à
quelques marches et on s’installait dans la chaine tournante pour
passer quelques secondes sous le gros jet d’eau chaude ferrugineuse
L’eau s’échappait à l’extérieur par une rigole qui allait
jusqu’à la rivière. Le bain était réservé aux hommes le matin
et l’après-midi aux femmes.
Pessah passé, en
Alger c’était presque une période d’été.
Le dimanche après-midi, nous allions en famille aux bains Padovani.
On louait une cabine pour nous déshabiller, mettre nos maillots de
bains et déposer nos vêtements. Maman s’installait sur une chaise
longue et on attendait 15H pour se baigner. C’est là que notre
père nous a appris à nager. Tout le monde baigner même maman. Au
début on se tenait à la corde . Apres le bain casse croute familial
et retour à la maison vers 18H
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