samedi 26 avril 2014

PESSAH D'ANTAN DE MARCEL AIDANE

Hagh Roch Hodesch Nissan – combien j’ai douce souvenance du joli lieu de ma naissance de mon pays la-bas qui n’existe plus…quelques souvenirs à partager avec ma famille afin que les traditions se perpétuent…Marcel Aidane



Pessah se préparait au moins trois semaines à l’avance, grand nettoyage de la maison avec peinture de la cuisine et tapisserie nouvelle à la salle à manger. Quinze jours de vacances scolaires qui englobées Pâques et Pessah et pendant huit jours pas de cours de Talmud Thora.

A Roch Hodech Nissan nous accompagnons notre père chez «Esther» la boulangère de la rue Marengo pour acheter les galettes de Pessah fabriquées à la main, et notre mère nous amenait chez Mr Michel Vidal, fripier place de Chartres (oncle de la tante germaine, épouse de joseph, frère de ma mère) pour acheter des habits neufs. On allait ensuite chez « André » se faire chausser. Le linge de corps était acheté, Rue Bab El Oued, au « Petit Duc. » Tout près de l’Alliance (Ecole religieuse de l’Alliance Israelite Universelle) ou nous apprenions l’hébreu et à cette période la cantilation de la hagadah.

Erev Pessah venu, présence obligatoire à la synagogue, rue Boutin. Après l’Office maman nous recevait à la maison, la table mise avec pour chacun deux verres (un pour boire, l’autre plus petit pour les kidouchim). Sans oublier le verre du prophète Elie.

On entonnait alors en chœur les prières. Sans oublier le traditionnel plateau du seder passé au dessus de la tète de chaque convive en chantant « etmol aiinou rabadim, aayom benekhorim, ayom kan lechana abaa berouchalim (de nos jours on ajoute abenouia )

Chacun son tour on lisait en chantant un passage du récit de la sortie d’Egypte. Mais tous ensemble joyeusement nous proclamions, apres avoir rappelé les bienfaits jouis par nos ancetres «dayénou» « cela nous aurait suffit », et les quatre verre de vin. Et on agitait chacun son tour, l’os, l’œuf, la matsa, les herbes amères que l’on n’envoyait par la fenêtre, de préférence sur la tète d’un arabe. Pendant la lecture des dix plaies mon père versait dans une cuvette un peu de son vin, tandis que ma mère y ajoutait un peu d’eau; elle jetait cette mixture dans les toilettes. La première partie de la cérémonie se terminait avec la phrase traditionnelle « yo klouhou» et « l’on dine ».

Repas exceptionnel potage de poulet ou trempées des galettes fines de matsoth, suivi du couscous de galettes pilées additionné de «chtétra » viande et petites pommes de terre, salade verte et dessert traditionnel, orange sphéries et confiture d’oranges amères.

Après le Birkat Hamazone,(remerciements pour le repas) les jeunes enfants allaient se coucher et les autres continuer la priere jusqu’à « ad gaddia»

Le lendemain matin synagogue, rue Boutin. C’était une maison mauresque avec en son centre La Tebah. De sa place n°15, mon père dominait la salle. Prés de lui ses amis, Marcel Guenoun, Elie Benzaken, Michel Vidal.

Monsieur Guenoun nous distribuer des fèves frites par son épouse. Les enfants, filles et garçons montions sur la terrasse d’où on pouvait apercevoir la salle de prières pour jouer mais on rejoignait la salle de prières pour la brakha cohaninm.

Le moment le plus palpitant était la lecture du sepher thora ; En cette période il n’existait pas encore de livres avec traduction française, mais mon père traduisait et commentait au fur les passages chantaient, tout en surveillant que la cantilation du ministre officiant soit conforme aux Taramim mentionnés, sinon il le reprenait. L’Office se terminait vers midi.

On accompagnait mon père qui allait prendre des nouvelles de sa belle-sœur Béziza (épouse de son frère « zizi »tout en prenant l’apéritif. Pendant ce temps, « zizi » était chez nous pour l’apéro : sur la table, matsoth, œufs durs coupés en quatre, anchois, olives vertes, poivrons à l’huile et à l’autre bout de la table saucisson en tranches. Enfin confitures d’oranges amères et sphériès. Avant le repas, kidouch et motssi, suivi du repas avec bien sur l’épaule d’agneau rôtie traditionnelle. A la synagogue dès le 1er après-midi de PESSAH on décomptait l’OMER, qui nous sépare de Chavouoth (tables de la Loi). Pour le gouter nous avions du chocolat «cacher» avec une galette sucrée.

Nos parents pour nos dépenses personnelles nous donnaient, suivant l’âge, un à cinq sous. C’étaient des pièces en bronze à l’effigie de Napoléon III, Les pièces de cinq sous ou 25 centimes étaient des pièces trouées en leur milieu. Pour Pessah comme on ne pouvait pas acheter des bonbons, on déposait « nos sous » chez le marchand de bonbons qui faisait le banquier; il notait sur un carnet nos versements et le dernier jour de Pessah nous allions récupérer un cornet de bonbons. Pessah terminé avec cinq sous on allait acheter un beignet arabe saupoudré de sucre, de sel ou imbibé de miel, qu’il préparait devant nous, c’était un régal.

Comme nous étions en vacances scolaires, l’après-midi on allait jouer, dans la rue, avec les copains: juifs, chrétiens, arabes. J’avais pour ami, Amor Bendali, fils d’un émir qui avait été assassiné. Il vivait chez son oncle dans une maison mauresque située face à l’immeuble où nous habitions. Quand un homme entrait dans cette maison, il tapait dans ses mains, les femmes se cachaient et il pouvait alors pénétrer dans la pièce de son épouse. J’étais le seul «homme» admis dans la maison.

Juste en face de chez nous, 25 Rue Marengo, habitait au 3e étage mon ami René Meslati Le jeudi et le dimanche vers 11 h 30, nous lui portions son panier-repas à la prison Barberousse (il mangeait cacher), non, il n’était pas délinquant, mais « gardien de prison ».

Au deuxième étage de cette maison habitait la famille Levy un des fils Roger (qui se fera appeler plus tard Roger Hanin) était mon condisciple à l’école de la rue du Divan (situé derrière la cathédrale, puis à la rue Franklin, enfin à l’université ou nous suivions les cours pour devenir pharmaciens).

Le lundi de Pâques (chrétien) était jour férié. On allait passer la journée au Bois de Boulogne (au dessus du Parc de Galland) pour fêter la mouna (sorte de grosses brioches d’origine espagnoles). On y allait en tramway, on déjeunait dans le bois avec les sandwichs préparés par maman, des cocas, du fromage et comme boisson de la limonade ou du Sélecto (boisson gazeuse à base de pommes cuites): et on participait aux jeux course de sacs, ou pieds attachés, grimper au mas de cocagne ou au furet.

Pendant ces vacances, en dehors de la période de Pessah nous allions faire une cure à Rovigo les bains (Hamam Melouane) située à une trentaine de kilomètres de la maison. On s’y préparait une semaine avant :

C’était une drôle d’expédition:au marché aux légumes Place Randon , on récupérait trois grands paniers en osier (1 mètre de Hauteur, 1 mètre de large) au marché aux légumes de la Place Randon. Dans l’un on plaçait la vaisselle, dans l’autre des draps et le linge de rechange pour chacun de nous et les serviettes de toilette, et dans le troisième des marmites, de la viande rôtie et des légumes frais.

On prenait l’autobus de Mouloud Lounes juste devant chez nous. Il n’avait pas de couloir intérieur on y pénétrait par des portes situées de chaque coté, on plaçait les bagages à l’impériale (sur le toit) où ils étaient attachés avec des cordes. Le chauffeur de l’autobus dès qu’il arrivait prés de l’arbre du marabout pour annoncer l’arrivée des «curistes» appuyait sur son klaxon. L’autobus s’arrêtait devant un vaste hangar qui servait de café. Les curistes sur place accueillaient les arrivants et achetaient le journal du jour. Pour se loger il y avait deux établissements l’un prés de la rivière avec des chambres vides en enfilade formant un T. Mais le tenancier louait en supplément des matelas que l’on mettait à terre sans sommier sur lesquels on dormait. Mes parents en louaient trois, une pour eux, un pour les filles, un pour les garçons. Il n’y avait pas d’électricité, nous nous éclairions avec des lampes à pétrole ou à carbure.

Pour les faire les repas nous avions des canoun au charbon ou un réchaud à pétrole. Comme il n’y avait pas l’eau courante dans les chambres, les filles ramenaient la vaisselle à la rivière, elles frottaient les assiettes avec les galets mouillés, après le savoir rincer elles les essuyaient, avant de les ramener à la chambre. L’après-midi les enfants allions au café pour écouter de la musique (avec le phonographe qui se remontait à la main) ou jouer aux cartes (ronda ou belote) ou aux échecs. Le deuxième groupe d’habitations (même style) se trouvait prés des chambres de soins.

Pour la cure, imagine une grande salle, à hauteur d’hommes des portes manteaux et devant des bancs. Chacun entrait se mettait nu, pendait ses affaires et pénétrer dans la salle piscine: un grand bassin, on y descendait grâce à quelques marches et on s’installait dans la chaine tournante pour passer quelques secondes sous le gros jet d’eau chaude ferrugineuse L’eau s’échappait à l’extérieur par une rigole qui allait jusqu’à la rivière. Le bain était réservé aux hommes le matin et l’après-midi aux femmes.

Pessah passé, en Alger c’était presque une période d’été. Le dimanche après-midi, nous allions en famille aux bains Padovani. On louait une cabine pour nous déshabiller, mettre nos maillots de bains et déposer nos vêtements. Maman s’installait sur une chaise longue et on attendait 15H pour se baigner. C’est là que notre père nous a appris à nager. Tout le monde baigner même maman. Au début on se tenait à la corde . Apres le bain casse croute familial et retour à la maison vers 18H

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