dimanche 31 mars 2013

TAMAR /LES ENJEUX DU GAZ ISRAELIEN PAR GERARD FREDJ



Le gisement off shore de Tamar a commencé à fournir du gaz pour la première fois samedi.

Avec des réserves estimées à près de 300 milliards de mètres cube, et quatre ans après sa découverte, ce début d'exploitation est une préparation, un coup d'essai, avant que le gaz ne commence à alimenter le marché israélien, bouleversant ainsi à terme son économie et sa physionomie.

Les premiers essais de pompage industriel du gaz on débuté samedi ("une journée historique" comme l'a qualifiée le Premier ministre israélien) vers un terminal gazier édifié sur la côte à Ashdod Saturday, à travers 150 kilomètres de pipelines.
Dès dimanche, le terminal d'Ashdod commencera à alimenter le marché israélien.

Cette mise en exploitation représentera une aubaine pour le grand public –peut être, car pour l'instant, une nouvelle hausse de 6% des tarifs de l'électricité est annoncée pour le mois d'avril-comme pour les compagnies d'énergie du pays -certainement.

Tamar devrait assurer l'indépendance énergétique du pays pour les vingt-cinq prochaines années, permettant ainsi une économie de 35 milliards de dollars par an.
Depuis l'arrêt des exportations de gaz égyptien l'année dernière, Israël utilisait et importait à grands frais pétrole et charbon.
L'exploitation du gisement va certes permettre des économies substantielles pour l'état, le grand public (avec la baisse du coût de l'énergie et des impôts) mais n'enrichira que faiblement les caisses du pays qui encaissera des droits d'exploitation et de concession, ainsi que les impôts sur les sociétés d'exploitation (Noble Energy, une société texane détient 36% de l'exploitation, avec 3 sociétés israéliennes Delek drilling (31%), Isramco (29%), Dor (4%).

Si l'indépendance énergétique est importante, c'est la réalité d'autres gisements découverts dans la même zone, notamment Leviathan (deux fois plus important que Tamar) qui permettrait à Israël de transformer l'essai : l'ensemble des gisements découverts donnera à Israël une indépendance énergétique pendant plus d'un siècle et, surtout, lui donnera la possibilité de devenir un exportateur régional important – même si il demeure loin derrière les grandes puissances gazières mondiales que sont la Russie, la Norvège ou le Qatar.

Dans un document qui date déjà de deux ans, le Fonds Monétaire International avait recommandé à l'état hébreu d'utiliser ces futurs revenus pour réduire sa dette publique et constituer un "fonds souverain" à l'image d'autres pays exportateurs d'énergie (Norvège, Émirats, Chine, Qatar) afin de développer les infrastructures du pays "pour les générations futures", et réaliser des investissements.

Selon les prévisions de l'ancien ministre de finances Yuval Steinitz, les gisements rapporteraient 150 milliards de dollars à l'état au cours des 25 prochaines années.

Leviathan pourrait commencer à être exploité en 2016, et marquerait le début des exportations israéliennes.
Sans compter qu'Israël possède la deuxième réserve mondiale de pétrole de schiste (équivalente à la réserve saoudienne de pétrole) mais la question du pétrole de schiste reste problématique quand à ses conséquences environnementales (production importante de gaz à effets de serre).

Rien n'est encore définitif cependant : en matière de gaz, Israël n'a pas défini de politique d'exportation (qui implique une infrastructure pour conduire ce gaz hors du pays) et des voix s'élèvent en Israël pour conserver cette énergie dans le pays plutôt que de l'exporter.
Il faut également tenir compte de la géopolitique de la région : les tensions et les rivalités s'aiguisent.

Si la découverte de ces gisements a permis à Israël de délimiter avec Chypre et le Grèce (qui ont également découvert des gisements contigus) des zones maritimes exclusives – c'est-à-dire des frontières maritimes -, le Liban conteste celle qu'il partage avec Israël, et la Turquie a menacé les entreprises qui accepteraient de passer des contrats d'exploitation avec Chypre et la Grèce –donc de facto également Israël tout en espérant pouvoir en commander, pour contrebalancer le quasi monopole russe de Gazprom dans la région.

Reste que les découvertes de ces dernières années ne sont, selon les experts américains, qu'une petite partie de ce que seraient les réserves dans l'est de la méditerranée.

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