Alors que les Romains avaient su admirablement mettre en valeur la terre africaine, celle-ci, après l’invasion arabe, était redevenue inculte et improductive (Pananti)
En 1826, parait le livre posthume de Guillaume Thomas Raynal (1713-1796), où il explique dans quel état est la région qui deviendra l’Algérie grâce aux Français (extraits) : L’industrie est et doit être nulle chez des peuples plongés dans des ténèbres aussi épaisses. On y connaît aucun art agréable, et ceux de nécessité première y sont très imparfaits.
Le plus important de tous, l’agriculture, est encore dans l’enfance. Les trois-quarts du terrain sont en friche, et le peu qui est labouré l’est sans intelligence.
Relation d’un séjour à Alger, Filippo Pananti, 1820 :
Avec le sol le plus beau de la terre, il est impossible de trouver une contrée qui soit plus négligée que l’Etat d’Alger.
Il est à peine besoin de dire que là où les trois-quarts du territoire ne sont pas cultivés, l’agriculture doit être dans le dernier degré d’abandon.
A peine le soc de la charrue laisse-t-il une trace sur les terres labourées ; les prairies et les champs réservés pour la pâture sont à la vérité assez bien arrosés ; mais les habitants ignorent absolument l’art d’élever et de nourrir les moutons et les bêtes à cernes.
Les jardins sont remplis d’arbres à fruits, mais plantés sans goût et sans aucun ordre.
Dans l’Etat d’Alger il se fait une grande quantité d’huile d’olives qui en général n’est pas d’une bonne qualité, parce qu’on ne sait pas la bien préparer. On laisse croître l’olivier sans le jamais tailler, et son fruit en souffre beaucoup.
Le vin qui est fait par des esclaves chrétiens (JPG : en 1820…) est aussi bon que celui des Roses, en Espagne; mais il perd aisément son goût et se conserve peu.
On fait le beurre en mettant le lait dans une peau de chèvre qui est suspendue et qu’en frappe de chaque côté avec des bâtons, jusqu’à ce que le beurre puisse être foulé par la main. Ces procédés donnent un mauvais goût au beurre, qui de plus se trouve rempli de poils.
On mout le blé dans des moulins que trois chameaux font tourner.
Les cultivateurs ne connaissent point les engrais des terres, et se bornent à mettre le feu au chaume et aux herbes sauvages, usage qui produit quelquefois de graves accidents ; les flammes s’étendent plus loin qu’on ne voudrait ; elles créent dans l’atmosphère une chaleur étouffante qui se répand avec une affreuse rapidité. Las hommes ainsi que les animaux ont de la peine à se soustraire à ce torrent enflammé.
Histoire du Royaume d’Alger, Laugier de Tassy, 1725 :
On ne voit pas un seul médecin à Alger, ni dans le reste du royaume. Les bigots mahométans en censurent l’usage. Ils prétendent que c’est tenter Dieu que de prendre dans les maladies internes des remèdes prescrits par l’art de l’homme.
Pananti, 1820 :
Il est facile de concevoir que la médecine n’est pas à Alger dans un état brillant. On donne aux docteurs le nom de thibid; et toute leur science est tirée d’une traduction espagnole de Dioscoride.
Il n’y a point de code civil en Barbarie; il est suppléé par le Coran, de manière que toute la doctrine de la jurisprudence algérienne repose sur l’interprétation du divin livre et de ses saints commentateurs.
William Schaller, consul général des Etats Unis à Alger, Esquisse sur l’Etat d’Alger, 1826 :
Le châtiment réservé aux Juifs est le feu, le décollement, la pendaison et les crocs, et le dernier supplice pour les femmes est d’être noyées.
Le nombre et la richesse des Juifs vont toujours s’affaiblissant et je crois qu’aujourd’hui les Juifs d’Alger sont peut-être les plus malheureux d’Israël.
Un musulman ou un chrétien qui va dans les rues quand il est nuit, doit avoir une lanterne allumée ; mais un Juif doit porter une lumière sans lanterne ; car, dans toutes occasions les Juifs sont frappés de distinctions humiliantes.
Les malheureux enfants d’Israël, traités avec tant de rigueur dans les autres contrées, ne devaient attendre des Barbaresques que bien peu d’indulgence ; et, certes, il n’est aucune espèce d’outrage, aucune espèce de vexation auxquelles ils ne soient exposés. On leur défend d’écrire ou de parler l’arabe, dans la crainte qu’ils ne deviennent capables de lire le divin Coran. Ils ne peuvent monter à cheval, et sont obligés de se servir de mulets et d’ânes, le premier de ces animaux étant regardé comme d’une trop belle espèce pour eux. Quand ils passent devant une mosquée, il leur faut marcher pieds nus ; et ils n’osent point s’approcher d’un puits ou d’une fontaine pendant tout le temps qu’un Maure y boit : il leur est également interdit de s’asseoir devant un mahométan.
Reproduction autorisée, et même vivement encouragée, avec la mention suivante et impérativement le lien html ci dessous : © Jean-Patrick Grumberg pour www.Dreuz.info, inspiré d’un commentaire de Pierre Louis ANDRE
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire