vendredi 26 août 2011

IL ETAIT UNE FOIS BAB EL OUED de hubert zakine -38-

UNE COULEUR PAR  LIVRE
La nostalgie du pays originel marque de son empreinte la musique échappée des cafés qui tournent résolument le dos au modernisme en diffusant paso dobles ibériques, ritournelles napolitaines ou mélopées judéo-arabes alors que d’autres établissements, apôtres de la jeunesse, s’américanisent aux échos assourdissants d’un juke-box rutilant.
   Tout au long des avenues, sur les places, autour des marchés, fleurissent ces débits de boissons où la franche rigolade tient lieu de respiration et les jeux de cartes de sport national. " LE FAISAN D’OR " de Monsieur DENIS, , le " CAFE VERT " de SCOTTO et ses ping-foot, " MANOLO " et sa khémia réputée dans tout Bab El Oued, le " SELECT " et ses panneaux de résultats sportifs, "  L’OLYMPIQUE " et ses supporters de l’A.S.S.E, le "PALACE " de MORAGUES amateur de boxe, la "BRASSERIE MAJESTIC " du réputé COUKA, le " BAR NELSON " de SOLER ex-joueur de l’E.B.O, le " BAR ROYAL "  du maltais BUSUTIL, terrible chasseur d’Afrique, le " BAR DE L’ORPHEON " de Félix CARRIO, le " BAR DES MOULINS" d’Antoine PRULON, rendez-vous de tous les   " fanfaristes ", le " BAR DE L’AURORE " d’un CERDAN parmi tant d’autres, le " BAR MONDIAL " d’Alexandre POCCESCHI, le " BAR CENDRILLON " de MIRABELLO, le " BAR DES NOBLES ARTS " de RIPOLL, le " CAFE ROBERT ", la " BRASERIE DES AVENUES " tenu par François VICENTE, " LE TRIOLET " de MERCADAL, le " CAFE RICHE " de Sauveur MARCO, supporter enfammé de l’O.H.D, son juke-box et son affichage des photos des rencontres de football de la semaine précédente, rendez-vous des habitués du Majestic, le " JOEL BAR " de la rue Eugène ROBE où s’entassaient les amateurs du cinéma " les VARIETES " lors d’entractes interminables, " chez LOLLO " café qui partageait la clientèle de Guillemin avec la " LA GRANDE BRASSERIE " de " Pépete " SOLIVERES , ses billards français et son fameux " SCOPITONE », le " MADRIGAL " , son juke-box et son flipper, le " CAFE DE LA BUTTE », rendez-vous obligé des gens de la Basseta. , le « JANIL’S », ses escargots sauce piquante et son sous-sol réservé en semaine au ping-pong et le week-end aux surprises-parties, concurrencées par les « boums » de  "PROSPER" rue Lestienne et "CARRIO" Place Lelièvre. Et tant d’autres qui évoquent une si grande nostalgie.
Jusqu’aux derniers instants de la présence française, les cafés demeurent le forum par lequel transitent les idées, les espoirs et les peurs. Ils prolongent les débats politiques entamés la veille au soir sur les balcons, les rencontres de football du dimanche précédent, les défis lancés  à l’adversaire d’une partie de belote, de ronda, de schkobe, de manille ou de poker ; théâtres de concours de billards, de ping-foot, de flipper où la tricherie et la mauvaise foi jouent des coudes pour s’affirmer le meilleur ; refuges contre la solitude et soutien contre l’adversité, ils font un pied de nez à la morosité et au découragement ; la bonne humeur et l’entrain s’y invitent sans façon, sans ambiguïté, simplement, avec la recherche de l’amitié pour seul alibi.
En résumé, on n’entre pas dans un café pour le plaisir de boire mais pour retrouver une famille de cœur adoptée par l’enfance. A la vie, à la mort !
.Bab El Oued aimait tant ces lieux de convivialité qu’ils parlent encore aujourd’hui à la mémoire de ses enfants, orphelins, loin de la terre natale, de ces enclaves de bonheur à jamais disparues
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 A SUIVRE.............

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