mercredi 27 juillet 2011

HORIZONS BLEUS de Hubert Zakine

EXTRAIT DE HORIZONS BLEUS
Serge et Jacky y préparent le broumitche qui est très loin de sentir la rose. Cà pue mais çà pue. Aucun mot y peut décrire l’envie de vomir qui me prend. Y faut dire que le broumitche c’est un mélange inventé par mon tonton Robert. Avec des ingrédients dégueulasses.

Comme des petits vers, du roquefort arrière grand-père, de la crème de gruyère arrière-arrière grand-mère, de la mie de pain trempée dans un liquide noirâtre que personne y sait d’où y vient et une odeur à s’amputer le nez pour pas la sentir. Plus nauséabonde, c’est le cas de le dire, tu meurs ! Quatre naufragés asphyxiés  malgré l’air du large, ya qu’aux horizons bleus que tu trouves. Nulle part ailleurs ! Une fois enfilée à l’hameçon, cette pâte même pas tu oses la jeter dans l’eau, des fois qu’elle pollue la Méditerranée jusqu’à Gibraltar. Mais y faut croire que les poissons y sont moins difficiles que moi pace que aussitôt l’hameçon dans l’eau, y se ruent à l’attaque et y se morfalent les boulettes à une vitesse grand V. Les boulettes infectes elles ont un succès fou. C’est du caviar pour poissons, dé ! Tu montes un restaurant sous l’eau, tu fais un argent fou. (là, je commence à m’inquiéter sérieusement tellement le soleil y tape sur la carabasse !) En tous les cas, rien qu’y mordent à l’hameçon. La bouillabaisse, elle va régaler tous les cabanoniers.

Mais attention, dans la famille on est pas des fanatiques de la pêche, hein ! Non, nous c’est plutôt la belote. Alors de temps en temps, on laisse les poissons faire le Ramadan et taper la sieste pour une belote bridgée et après on se tape la cabassette. Pace que comme elle dit ma mère :
« une sortie sans cabassette c’est un apéritif sans anisette ! »
Purée, c’est vrai ! Un sandwich à la soubressade, une tranche de méguenna, un verre de Sélecto, une coca aux blettes et aux anchois, des tramousses, c’est meilleur à bord d’un bateau au beau milieu de la mer qu’assis à une table sur la terre ferme. L’après midi, on est passé de la baignade à la belote en passant par une nouvelle partie de pêche. Les paniers remplis de poissons-morfals, le « lamparo » de mon oncle il a glissé jusqu’à la petite plage des Horizons Bleus. La terrasse, elle s’était mise sur son trente et un. Naïfs comme des babaos, nous autres, on croyait que les guirlandes qui se croisaient les bras au dessus de nos têtes, elles fêtaient notre pêche miraculeuse. Tu parles ! les Bensimon y célébraient leurs noces de quelque chose, or, argent ou fer blanc. A saoir ! Moi qui espérait que tous les badjejs du cabanon y se disputeraient pour nous interviewer, nous porter en triomphe peut-être, nous chanter « olé Toréro », s’exclamer avec plein des po !po !po ! et des « purée, cette pêche, dé ! ». Total, ces r’mars de la cuisse gauche, même pas y nous ont calculé. Il est vrai que le calcul et eux, y sont pas de la même religion. Qu’y z’aillent chez leurs mères ! Aouah pas leurs mères. Qu’est ce qu’elles ont fait les pauvres, à part mettre au monde une bande de cucu-la-praline.

Tant pis , y me reste le regard de ma petite chinoise qu’à force de me lancer des œillades, elle va s’abîmer les yeux. Les yeux mais pas le nez pace qu’elle me mate seulement de loin bicause de près je pue le broumitche.

Plutôt que de me laver dans la cuisine mesquinette, je descends taper le bain et je me frotte avec les algues pour me déodoriser. Colette, elle me rejoint aussitôt suivie par l’armée des cataplasmes ambulants. Jeannot et Bernard y sont malheureux comme les pierres pace que les tétés y sont restés à Bains Romains. A saoir si les pierres elles sont malheureuses, au fait ! Ya des expressions, des fois on se demande qui c’est le babao qui les a inventées.

FIN DE L'EXTRAIT

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