lundi 11 juillet 2011

HORIZONS BLEUS de Hubert Zakine

EXTRAIT POUR VOUS DONNER LE GOUSTO
Tous les dimanches, la famille elle montait au cabanon pour taper l’ardjeb. Toute la matinée, rien qu’on s’embrassait pour se dire bonjour avec les sœurs et les tantes de ma mère. Entre cousins, c’était des grandes claques dans le dos à se démettre l’épaule quand c’était pas le squelette tout entier qui se démantibulait. Et plus on s’aimait, plus on appuyait les coups et plus on se morflait l’œil pour montrer la force de notre affection. Des véritables sauvages !

En exagérant un chouïa, quand la famille elle s’était donnée le mot pour passer le dimanche au cabanon, on avoisinait les 900 personnes. J’exagère bien sur  mais la vérité, la vérité, on était vraiment beaucoup avec les invités des autres cabanons.
Quand on est descendu à la plage pour taper la pancha, on aurait dit une manifestation.
La vérité, ce dimanche là, ça m’embétait un chouÏa que toute la smala elle vienne me casser le travail. Comme un morfal, je désirais plus que tout battre le record du monde d’apnée face aux baisers de ma petite chinoise. Allais-je battre le propre record du monde établi la veille ? (chof comme j’écris bien quand j’ai pas la pression de mon maitre d’école que sara-sara y vient lire au dessus de mon épaule pendant la dictée et que je perds tous mes moyens !).
Je savais que je risquais l’asphyxie mais vivre sans danger pour un enfant de Bab El Oued c’est antinomique (ba ba ba ! j’écris comme Victor Hugo,dé !)
Colette la petite futée, elle se faisait une joie de me noyer de ses baisers afin de me faire du bouche à bouche pour me ranimer et ainsi de suite. Et voilà que l’arrivée de la ribambelle de cousins que la vie m’a offerte sans même que je réclame quoi que ce soit, elle contrarie ses projets. Reusement, Colette c’est pas une fille à se laisser dépasser par les évènements. Ni une, ni deux, elle s’approche de moi et elle me glisse à l’oreille de sa voie chaude et suave ( je dis vraiment n’importe quoi, hein !)
-«  Y sont tellement nombreux qu’ils s’apercevront même pas qu’on s’est éclipsés ! »
Qué l’éclipse ! Elle croit qu’on sème comme ça une armée de samotes ! Ca se voit qu’elle connaît pas mes cousins. Quand on jouait aux cow-boys, y z’étaient tous des rangers et des éclaireurs de l’armée. Moi et mes frères, y nous pourchassaient du matin au soir. Y faut dire qu’on faisait partie de la tribu de Sitting Bull. On avait beau se cacher dans le garde-robe ou dans la soupente, toujours y nous démasquaient. Jojo, qu’il était Hopalong Cassidy, ce coulo, y nous rattrapait avec son cheval « fend l’air » en se tapant sur la fesse. Nous autres, les indiens, y nous mettaient alors dans la réserve avec femmes et enfants. Hélène, raïben, elle était la seule fille de la famille. Alors, elle jouait tous les rôles de femmes. Et ses poupées, c’était les enfants. Que c’était bien d’être petits ! Mainant, on est ni grands, ni petits et le réalisateur y nous donne des rôles de grands à Colette et à moi. Si sa mère elle savait qu’elle fréquente un indien !
Le couscous, sa loubia et sa chtétra, il a beau nous taquiner les narines, qui c’est qui monte de la plage quand tata Lisette elle nous appelle ? Comme des innocents, zarmah, on entend que dalle ! Personne y répond. Alors c’est papa Vals, le haut parleur d’Alger, qui nous brise les tympans. Et là, personne y peut prétendre ne pas l’avoir entend......
FIN DE L' EXTRAIT

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