vendredi 3 juin 2011

LES SQUARES GUILLEMIN - le joyau de mon enfance -

VERS 1910


EN 1909

VERS 1915

EN 1908

EN 1930

VERS 1920

VERS 1915

VERS 1950

DANS LES ANNEES 55

VERS 1910

VERS 1920

VERS 1920

VERS 1910

EN 1954

EN 1958

DANS LES ANNEES 60
Grâce à l’impératrice Eugènie qui se plaint lors de sa visite en la blanche capitale du manque de promenades ombragées à Alger, en 1865, Napoléon III, dessine lui-même les plans des deux trouées LAFFERIERE et Général FARRE , en tous points identiques où seront édifiés des squares magnifiques s’inclinant en une somptueuse révérence vers une Méditerranée africaine, ourlée de tendresse et parfumée de senteurs orientales. Des cascades de verdure s’allongeront au soleil reposant l’âme et le cœur des algérois offrant
promenades contemplatives et cours de récréation à ciel ouvert.
Les cinq squares Guillemin résultent de la volonté de l’impératrice Eugénie avec son merveilleux jardin des tournants menant à la rampe Valée en zigzaguant de part et d’autre des rampes de bronze, prêtant ses côtes à la juvénile énergie des enfants du quartier et ses tendres recoins aux élans du cœur, cerné de « mouches à miel », ces guêpes inoffensives que les gamins enferment dans des boites d’allumettes trouées pour les laisser respirer. Avec cet autre jardin quelque peu délaissé bordant les Bains Padovani, au profit des trois autres espaces du boulevard Guillemin plus adaptés à l’accueil des familles, ses bancs de pierre, sa fontaine qui désaltère dans discontinuer les petits assoiffés de trop se dépenser. Au total, un écrin de verdure partant à la conquête de la casbah pour le plus grand plaisir des gens de l’Esplanade.

S’y greffent les squares Nelson, son monument aux morts de 14-18 et son marché couvert à partir de 1956, jardin tranquille loin du bruit et du « tcherklala » des squares Guillemin, où les amoureux projettent l’avenir à l’image du calme qui les environne.
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Les jardins du faubourg vivent au gré des saisons. L’éblouissement de l’été encourage la vie au grand air et les jardins dament le pion aux plaisirs de la plage. La belle saison avec son cortège de manifestations musicales que clôture traditionnellement un bal où le paso-doble le dispute au tango et autres danses exotiques très appréciées des enfants du faubourg. Jacques REDSON et Charly FINALTERY rivalisent de fantaisie pour animer ces joyeuses tranches de vie, les vedettes locales Luc DAVIS, Anita MORALES, LOS ALCARSON ajoutent une touche professionnelle aux galas amateurs, radio-crochets en fête qui révèlent de nouveaux talents ou provoquent d’interminables broncas. Il faut préciser que l’enfant de Bab El Oued allie la joie de vivre à une propension à la plaisanterie hors du commun. Aussi se fait-il un plaisir d’inscrire, à son insu, un ami sur la liste des candidats au radio-crochet. Et de préférence un garçon « qui en touche pas une en chanson » ce qui déclenche à l’annonce de son nom la surprise de l’intéressé et l’hilarité de ses amis.

Le soir, les riverains descendent au jardin avec en bandoulière ce formidable besoin de communication. Voisins depuis leur plus tendre enfance, ils prolongent par leur amitié la complicité de leurs parents en espérant la transmettre à leurs enfants.
Les après midi d’automne soutenus par l’été indien d’Alger bercent les jardins de calme et de convivialité. Dès le premier octobre, jour de rentrée des classes , le chuchotement supplante les cris et remontrances des mamans orphelines de leur progéniture. Jusqu’à seize heures trente, le jardin semble faire la sieste, bercé par le chant de la mer toute proche, peu pressée de jeter sa colère hivernale à l’assaut des digues et des plages, des cabanons et des remparts. Détournés de leur fonction première, les jardins reprennent des couleurs avec les clameurs des écoliers libérés des établissements de Lazerges, Rochambeau, Sigwalt, Condorcet, Franklin, Lelièvre, Camille Douls, Consolation, Normandie, Dijon et Léon Roches. L’envahissement des aires de jeux par les culottes courtes détrône la quiétude des mamans-papoteuses, tricoteuses, ou les deux à la fois. Etourdies par toute cette jeunesse affamée, elles ouvrent leurs cabas, véritable caverne d’Ali Baba d’où surgissent sandwiches, cocas, galettes ou biscuit.
Seules les averses diluviennes en cette saison cantonnent tout ce petit monde à l’intérieur des appartements mais la moindre petite éclaircie jette les plus courageux dans les rues. Si la pluie joue à cache-cache avec eux, une arcade, une entrée de maison ou de magasin servent d’abri temporaire.
Les belles journées d’hiver attirent un peu moins de monde mais les jardins demeurent le passage obligé d’une rencontre au retour du marché et le lieu indispensable aux « matches du siècle » entre équipes de quartiers. Un hiver en pointillé lassé d’avoir frigorifié la métropole, arrivant essoufflé sur le sol africain qui conserve tout de même l’animation joyeuse des squares de Bab El Oued.
Mais en toutes saisons, les jardins jouent un rôle prépondérant dans les relations entre filles et garçons qui connaissent souvent leurs premiers émois amoureux au sein de ces paradis de l’enfance. Plus tard, la végétation offrira quelques encoignures où abriter les premiers baisers, les premiers élans de tendresse, les premiers aveux.
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Dans le cas particulier du jardin Guillemin, la vie des apprentis footballeurs s’assombrit lorsqu’un manège vint s’installer sur cet espace réservé à leur besoin de se dépenser. Cette appendice amputa le terrain de son aile droite, révoltant la jeunesse qui se voulait propriétaire de ce lieu arpenté depuis la plus tendre enfance. Qui plus est, le patron de cette « monstruosité » poussa le vice jusqu’à refuser de rendre la balle qui dérangeait son « manège ». Le sang des garçons ne fit qu’un tour. Une stratégie de défense vit le jour. Armée de « taouètes » , la bande encercla le cirque et visa sans tirer la boule multicolore qui tournoyait au dessus de la tête des bambins. L’ultimatum fut entendu au delà de toute espérance. Le propriétaire du manège signa un pacte de non agression avec la jeunesse qui accepta de stopper ses activités footballistiques à certaines heures de la journée. Entres gens de bonne volonté, on trouvait toujours un terrain ( de football) d’entente à Bab El Oued.....
EXTRAIT DE "IL ETAIT UNE FOIS BAB EL OUED" de hubert zakine

2 commentaires:

  1. Bonjour Monsieur,
    vous oubliez un élément essentiel concernant ce jardin
    le marchand d'oublies, avec sa caisse en forme de tonneau et sa roue de loterie....
    et aussi les charrettes de vendeurs de maïs, grillé sur le kanoune au charbon de bois, et trempé dans l'eau salée
    C'était mon quartier .....

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  2. et les figues de barbaries! allez sur mon blog NOSTALGERIE et vous pourrez lire d'autres commentaires sur le jardin guillemin et les "zoublis" dans mes chapitres FANTAISIE SUR L HISTOIRE DE BAB EL OUED. j'y raconte l'histoire de bab el oued EN PATAOUETE

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