lundi 27 juin 2011

SQUARE GUILLEMIN de hubert zakine

(A SUIVRE)
Le lendemain, les employés de la ville y nettoient le jardin tout en sachant que la fête, elle va durer toute la semaine. Blanchette, le tuyau à la main, il inonde le jardin. Mais à la guerre comme à la guerre, on boit le calice jusqu’à la lie. (achno, le calice jusqu’à la lie ? C’est l’hallali !). Bien sûr, pas question de jouer la finale de la coupe d’Afrique du nord au jardin Guillemin alors, on prend une serviette et en avant, on descend en bas la mer. Les amis, y repensent aux petites qui leur ont tapé dans l’œil et qui leur ont donné rendez vous. Bouzouz, dés qu’on est sur le sable, y parle des gros tétés de celle qu’il a remarquée. Je demande naïvement comment elle s’appelle !
--D’où je sais !

Ma question elle a eu le don de l’énerver. Presqu’y me frappe.  Bouzouz, il est pas à prendre avec des pincettes ! Tel que je le connais, il a dû avoir honte de l’aborder. Pourtant, je croyais qu’il avait fait des progrès question timidité. Y va falloir que je lui donne des cours, c’est pas vrai ! Capo et Bozambo, déjà, y sont dans l’eau. Mani y joue sa chochotte. Il a pas envie de se déshabiller devant les petites baigneuses. Zarmah, il est trop gros. Hier, il était svelte et aujourd’hui il est gros, va comprendre. Mes amis, c’est les rois des compliqués! Je plonge pour rejoindre les pas compliqués pour un sou  qui rodent comme des indiens devant « Fort Bravo ». Devant nos serviettes, une famille entière elle vient d’arriver et grâce à Dieu, c’est une belle smala. Des enfants de partout il en sort. Y braillent, y hurlent, y courent dans tous les sens mais Les femmes, impassibles, elles se démontent pas. Elles sortent de quoi nourrir toute la plage ! Mani, il a une envie folle de se faire adopter. La batterie de cuisine de chez Xicluna, elle est prête à servir. Ca y est, Bouzouz il a fini de bouder.  Y tape une pancha extra lombem pour épater la galerie. Yaré Boisis, il est aussi fanfaron que moi ! Quand je dis que c’est un autre moi même !
Toutes les petites du jardin, elles attirent les garçons comme des aimants. Gozlan y s’attrape avec un petit des messageries qui préfère aller voir ailleurs que de se battre avec Bozambo qu’on a un mal fou à canaliser. Nicole elle a déclaré forfait. Y sont tous en train de baratiner à qui mieux mieux et moi je traîne ma peine comme un babao. J’exagère parce que le souvenir de Toututil y me soutient le moral. A savoir, si elle va vouloir y retourner ce soir, dieu seul le sait ! Je laisse les amis roucouler avec leurs petites et je monte manger chez moi. Dans ma rue, les Madame Bono y tapent un tcherklala pas possible. Ces Africains à la peau noire, vêtus de gandouras  blanches, zarmah, c’est des faiseurs de pluie.  Y descendent de leurs montagnes en chantant, en dansant et en jouant des krekrebs, sorte de grandes castagnettes en fer et en tapant sur un tambour avec une baguette recourbée. Tain, le boucan ! Ca fait une animation monstre dans le quartier surtout que les enfants y se battent pour ramasser les pièces de monnaie que les voisins y jettent par la fenêtre après les avoir enveloppées dans du papier journal.
Tous les midis, on s’installe pour déjeuner au balcon à l’abri du rideau de soleil. Le cliquetis des fourchettes et des cuillères invite le quartier à la grande parade musicale. Voyage de bonne humeur que Bab El Oued répercute à travers le faubourg. Ainsi,  sans se voir, entre deux bouchées, on déjeune chez  soi et chez les autres. Le temps de me taper une bonne salade algérienne bien fraîche et me voilà qui retourne à la plage. La surprise maousse, elle m’attend sur le sable. Nicole, elle est venue et déjeune sur le sable avec sa famille. Les amis, y me préviennent comme si que j’étais laouère. Elle me fait un sourire qui veut tout dire. Même pas, elle a remarqué que je suis ficelé comme l’as de pique. Un véritable gavatcho. Je me mets les bras torse nu (ça c’est la façon à mon cousin de dire qu’il se déshabille !) et j’encourage Nicole à nous rejoindre quand elle aura terminé son repas. Sa mère, c’est presque une copine. Plus de gros yeux, des sourires et des chuchotements comme si elle demande des renseignements à sa fille. Je la vois d’ici !
--Il est beau, ce garçon ! Et comme il a l’air intelligent ! Tu veux que j’aille voir sa mère pour demander sa main ?
--Mais manman, d’habitude c’est le garçon qui fait le premier pas !
--Il est tellement beau, musclé et intelligent que ce serait pêché de te le faire chiper !
C’est bon de rêver, hein ! Si elle savait combien Toututil, y m’inspire ! Mieux elle met sa fille dans un couvent. Ce soir, pendant le bal, on va jouer le deuxième round de « Baisers volés ». Avec Mani, la première fois, c’était un galop d’essai, ça comptait pour du beurre arabe  et du p’tit lait. Comme le couscous aux fèves à la vapeur même que ma mère, c’est la championne du monde. La deuxième fois, on s’est pris au jeu de Toututil. On a mis la langue et ma parole d’honneur, même si c’est dégueulasse, à force, à force, on y prend goût. Peut être que ce soir, ce sera encore mieux et toujours de mieux en mieux. Comme elle dit ma mère avec sa mentalité judéo-arabe : l’espoir fait vivre, mon fils !
-- On ira à Toututil ce soir ?
A SUIVRE.........

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