1948 : les juifs ont officiellement récupéré leur bien. Ils déclarent l'indépendance et la reconstitution de leur Etat. Chez eux. Sur les terres qui leur appartiennent. Leurs terres ancestrales.
C'est le seul cas au monde ou un peuple, résident depuis plusieurs millénaires sur ses propres terres sans discontinuité, malgré les invasions, les destructions et les nettoyages ethniques, retrouve sa légitimité. On notera que c'est aussi le seul cas au monde ou la disparition d'un Etat est demandée à des instances internationales.
Tous les autres peuples du monde ont acquis ou agrandi leurs territoires par des conquêtes militaires, y compris surtout, la totalité des pays musulmans.
Le lendemain de cette déclaration de 1948 donc, que les arabes voient comme une immense injustice, une Nakba, cinq pays arabes voisins déclenchent la guerre contre Israël, et tentent de l'envahir pour jeter les juifs à la mer (déjà).
Mais ils se prennent une déculottée royale, une défaite d'autant plus cuisante et humiliante que les juifs étaient une petite poignée peu structurée, tandis qu'eux étaient nombreux, puissants, agresseurs et agressifs.
Quoi qu'il en soit, les musulmans (égyptiens et jordaniens) réussissent à envahir et occuper Gaza et la Cisjordanie, que les Nations Unies avaient promis aux palestiniens. Curieusement, les palestiniens l'ont oublié.
Car ils célèbrent chaque année leur défaite (quand on n'a pas de succès à célébrer, on célèbre ce qu'on peut), et l'occupation en 1948 de "leurs terres", sans l'imputer à ceux qui les occupent, mais à des étrangers à l'histoire, en l'occurrence les israéliens.
Pause. Je reprends. Mais cette fois vu par les amnésiques – pardon, par les palestiniens.
Tout commence par leur déformation de ce qui s'est vraiment passé en 1948, et que pourtant les documents historiques arabes et occidentaux, attestent sans équivoque possible.
Les palestiniens croient, comme le journaliste israélien Adi Scwhartz l'a expérimenté en live (j'y reviendrai) que "les juifs ont massacré tous les arabes, qu'il y a eu une conspiration mondiale, et que le monde entier était contre eux."
Les jeunes palestiniens s'entendent raconter qu'"aucun palestinien n'a jamais combattu durant la guerre de 1948, et qu'ils sont simplement des victimes qui n'ont jamais rien fait de mal. Ils étaient juste assis là, à ne rien faire, et les juifs sont arrivés et les ont expulsé", témoigne encore Schwartz.
Il n'est pas facile de trouver un palestinien qui remette en cause ce paradigme, qui questionne l'histoire que lui racontent ceux qui publient des cartes ou l'Etat d'Israël n'existe pas. Peu d'arabes se disent que "peut être était-ce autre chose, une guerre que nous les arabes avons déclenché, et que nous avons fini par perdre".
Au passage, on peut se demander pourquoi la version des juifs est examinée par beaucoup d'européens comme fondamentalement suspecte voire mensongère à priori, tandis que celle des palestiniens est tenue pour vraie et n'est pas remise en question.
On pourra également se demander pourquoi les palestiniens, entre 1948 et 1967, n'ont jamais mis leur Nakba sur le dos de l'Egypte et de la Jordanie, et qu'ils n'ont désigné ces territoires comme "occupés" que lorsqu'Israël les prendra des mains de l'Egypte et de la Jordanie en 67.
Mais je m'éloigne.
Cette Nakba n'est pas la catastrophe DES palestiniens mais la catastrophe POUR les palestiniens.
La célébration, par de nombreux médias dans le monde, d'une version de l'histoire présentée comme une immense injustice historique pour les palestiniens, sans correspondance avec la réalité, est porteuse de grande frustration et d'une envie de revanche éternelle.
C'est comme vouloir les empêcher de trouver l'apaisement. C'est comme vouloir tout faire pour les empêcher de reconnaître l'Etat Juif.
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© Jean-Patrick Grumberg pour Drzz.fr
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