dimanche 10 avril 2011

SQUARE GUILLEMIN -hubert zakine- CHAPITRE 9

SUITE DES HUIT PREMIERS CHAPITRES
*****
Le mois de Juillet s’étire en « langueur » avec tous les jeunes fainéants du quartier qui se tapent la grasse matinée. Dans ma chambre, ça sent la transpiration, l’ours mal léché et le renfermé. Mon frère cadet se love dans les bras de Morphée pendant que mon frère aîné boit son café au lait avant d’aller travailler. Raïeb, mon frère, y va gagner notre pain quotidien pendant que nous, on va s’amuser ! C’est pêché hein ! C’est dur d’être l’aîné, le pauvre ! Quel falampo, je suis. Parce que moi, châ châ, j’ai rendez vous avec Nicole à Padovani. J’ai prévenu mes amis Bouzouz, Mani, Capo et Gozlan pour venir avec moi parce que je suis sûr que ma petite blondinette, elle va venir avec toute sa smala italienne. A savoir si elle va pas amener Sylvana Mangano et son « Riz Amer ». Je dis n’importe quoi quand je suis content ! « Riz Amer » c’est un film espèce de babaos que vous êtes ! Même que je l’ai vu au Plaza.

Sur mon torse musclé de stokafitche, j’enfile un tricot qu’il a dû faire la guerre. Ma mère, toujours elle m’interdit de mettre mes habits du dimanche quand je vais à Padovani. A savoir pourquoi ! Peut être qu’elle croie que tous les Bab El Ouediens c’est des voleurs ! Yaré, ma mère ! La serviette autour du cou, je passe devant Roger Sebaoun, le préposé aux billets de Padovani qui me fait rentrer à ouf comme tous les orphelins qui se présentent. Roger, il a un pied bot et un coeur d'or mais une purée de langue ! Tous les jours, il invente une nouvelle histoire. Aujourd’hui, il a acheté un appartement rue d’Isly. Demain, il sera peut être capitaine au long cours, je sais moi mais, toujours, on fait mine de le croire sur parole. Et il est content.

Nicole, elle est pas encore arrivée. Bouzouz, si. Et ce bâtard, il est en train de parler à une fille blanche comme un cachet d’aspirine. Y drague tout seul ce coulo ! Même pas y nous a attendu, lui le timide aux grosses joues. Raïeb, mon ami, qu’est ce qui va me bouder en lisant ces inepties ! En plus, je sors les mots de l’armoire ! C’est que je veux pas qu’il dise que je lui ai cassé l’travail. Alors, je m’assois comme un enfant sage, suffisamment loin de lui et je mate. Des fois qu’il ait pris des leçons de drague. Aouah, ça lui ressemble pas de draguer avec autant d’assurance. Normalement, il est timide, rouge comme une pivoine quand y s’approche d’une fille. A savoir, s’il a pas pris des cours par correspondance. Oh la vache ! Y me voit et vient vers moi, fier comme Artaban d’avoir levé cette petite. Il me tape sur l’épaule comme si on s’était pas vus depuis des lustres. Je risque un compliment.
--Putain, d’où tu la sors celle-là ?
--J’en ai une demi-douzaine comme elle !
--Allez va niquer les mouches, va ! Qui c’est ?
--Ma cousine d’la rampe Valée!
Le premier étonnement passé, y poursuit :
--Tu croyais pas que j’l’avais levée pendant la nuit quand même? Qué babao !
--Ouais, je me disais aussi ! D’accord, tch’es le roi des tombeurs mais quand même !
--Lâche-moi la grappe, lâche ! Et ta Nicole, elle t’a tapé un coup de sminfin couffin ou quoi ?
--Non, elle va venir vers le coup de onze heures.
--Comme Mani et Gozlan ! Zarmah y devaient arriver vers dix heures ! Tain de dormeurs !
Deux canus qui sortent de l’eau, elles se dirigent vers la cousine de Bouzouz.
--Et qui c’est les canus qui parlent à ta cousine?
Boisis y répond sans se démonter sur le ton de la plaisanterie :
--Des canus !
--Qu‘est ce t’ch’attends pour leur sauter dessus ?
Devant le peu d’empressement de Bouzouz, je l’encourage.
--Rappelle-toi quand tu m’disais d’attaquer Nicole hein ! Maint’nant c’est ton tour ! Attaque, aya zoumbo !
--Arrête de déconner va ! Je réfléchis !
Sur ces entrefaits, Mani et Gozlan que son surnom c’est Bozambo arrivent le bec tout enfariné.
--Bouzouz y prépare l’attaque de Fort Apache ! Là bas y a deux blocs ! Si y avait pas Nicole, j’l’aurais aidé mais maint’nant que vous êtes là, vous allez lui donner un coup de main.
Mani, lui aussi il est du genre « passe devant, j’te suis ! »
--Moi, j’vais taper une pancha !
Gozlan il est du genre à foncer tête baissée. On lui dit de foncer, sans réfléchir, il fonce ! Y sait pas où mais il fonce quand même. Y fonce ou il blanchit mais on peut compter sur lui. Sacré Gozlan qui se pose pas de questions. Y trouve pas souvent des réponses mais on moins y pose pas de questions ni à lui ni aux autres.
--Viens on va les draguer ! Tu crois qu’elles me font peur ?
--On n’a jamais dit qu’elles te font peur, Soumla ! Si on l’arrête pas, y les viole !

La rigolade ! Bozambo, y tient plus en place. Pour le calmer, y faut se lever de bonne heure. Alors, Bouzouz, pour détendre l’atmosphère, il rejoint Mani dans l’eau et on se retrouve les quatre mousquetaires à jouer les Johnny Weissmuller de la plage au rocher plat. On barbote un moment et qu’est ce qu’on voit : les deux canus et la cousine de Bouzouz entrer dans l’eau. Bou, même pas on sait quelle contenance prendre. Gozlan, s’il était pas déjà dans la mer, y se jetterait à l’eau. Bouzouz et Mani, y feraient de la nage sous marine pour pas les rencontrer.
--Bonjour les ondines ! Vous me rappelez Esther Williams dans la sirène de...
Et ce calamar ambulant de Bozambo même pas il a le temps de finir sa phrase, il part d’un éclat de rire tonitruant qui fait fuir les sirènes, les algues et les poissons. Impossible de reprendre notre sérieux. A Bab El Oued, le rire y se transforme toujours en fou rire. On se dit que Esther Williams et ses sirènes elles doivent nous prendre pour des pensionnaires de chez Roubi mais soudain, on les voit pas nager vers nous. Ba,Ba,Ba, Bozambo avec sa lourdeur, il les a levé toutes les trois ! On rigole avec elles et surprise, Bouzouz baratine une petite qu’elle a des gros tétés. Bouzouz, quand il voit des tétés, style Chelo Alonzo ou Jayne Mansfield, impossible de lui faire garder ses bonnes manières. Au bout des doigts, ça le démange pire que l’urticaire.
--Soumlah, Bouzouz, tu vas nous faire remarquer !

A SUIVRE.......CHAPITRE 10





Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire