jeudi 7 avril 2011

IMPRESSIONS ET SOUVENIRS D'ENFANCE -hubert zakine-

Mon quartier c’était le quartier autour du boulevard guillemin que nos anciens y z’appelaient le boulevard du général Farre ! Y faudra qu’un de ces jours je me renseigne qui c’est ce général Farre ! j’espère que c’est un vrai général,  pas comme la grande Zohra qu’il a gagné ses étoiles au casino de la roublardise !
Autour du jardin Guillemin y avait d’un côté la rue Thuillier, la rue Koechlin (j’habitais au numéro 4 juste avant l’avenue Malakoff), la rue Rochambeau qu’elle descendait jusqu’aux Messageries en passant devant le Mon Ciné et les écoles Rochambeau où j'ai fait semblant d'être intelligent. De l’autre côté, la rue Borely la Sapie  menait au Majestic, plus haut, la rue Eugène Robe (les Variétés, l’église St Vincent de Paul et le marché Nelson) et l’avenue de la Marne (ex-avenue de Bab El Oued). En remontant vers la casbah, on prenait le jardin des tournants ou les escaliers pour arriver  au collège Guillemin  (collège pour ceusses qui faisaient pas semblant d'être  intelligents mais qui étaient moins intelligents que ceusses du lycée Bugeaud.). 
Tout ce coin, c’était l’ESPLANADE comme elle s’appelait dans le temps.
Nous autres, les jeunes chitanes, on descendait au jardin comme on descendait en bas la rue ! Rien qu’on descendait ! En bas la rue, en bas le jardin, en bas Padovani, en bas le boulevard front de mer, en bas l’avenue, en bas la boulangère et jamais on montait. Ah oui, on montait en ville ! Zarmah, la ville c’était loin! A Tombouctou  ou chez Azrine, là où le bon dieu il avait perdu ses babouches! Total c’était à Alger !

L’ESPLANADE c’était mon quartier. Un morceau de Bab El Oued. En plus chic et plus Zarbala! En plus chiqué, quoi!
Certains y disent que l’esplanade c’était OFF LIMITES ! Qué off limites! Off limites de quoi? De rien du tout et surtout pas de Bab El Oued! Tsstt!
Moi je parle francais avec un zeste d’arabe, trois fois rien de juif, une pincée d’italien et une versée d’espagnol ! Achno OFF LIMITES ? Off limites de la rue Michelet ou de la rue Randon, ouais! Tout énervé je suis! Retenez moi ou j'fais un malheur!

L’ESPLANADE c’est là où j’aurais aimé vivre ma vie de la naissance jusqu’à mon dernier jour. Entouré de ma famille et de mes amis. Avec les mêmes voisins autour de moi qui boivent le café au balcon pour voir le jour se lever. Avec les voisines qui chantent dans la cour ou qui engueulent leurs enfants. Qui vivent, qui rient, qui pleurent et qui partagent leur pain avec l’improviste qui vient les voir ! Et pas ces tombeaux de voisins de France qui referment leur porte sans se retourner de peur qu'on voie chez eux. J' suis toujours énervé! Nos portes, à nous autres, elles restaient ouvertes sur le palier pour laisser entrer l’amitié par voisinage interposé.

Dans mon quartier, on tapait le match tous les matins. Nos mères, elles nous envoyaient « en bas la rue » pour « pas nous avoir dans les jambes » quand elles faisaient le ménage. Et attention hein, c’était pas le ménage mesquinette des patos ! Aouah, c’était le grand nettoyage de Pâques tous les jours avec la literie qui prenait le frais  au balcon parce que nos mères elles  aimaient pas le "renfermé" même qu'elles  tapaient comme des malades avec la tapette pour faire sortir la poussière……..purée, ces souvenirs!

A SUIVRE…..

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