lundi 28 février 2011

LES AILES BLANCHES D'ALGER DE ROSALIND FERRARA

 OEUVRE MAGNIFIQUE DE ROSALIND FERRARA  ODE A LA VILLE D'ALGER

PROLOGUE ET DEDICACE
MES PARENTS BIEN-AIMES, VOICI VOTRE EPITAPHE :
A TOUS CEUX QUI SONT RESTES ENSEVELIS DANS LEUR TERRE ET CEUX QUI SONT VENUS MOURIR ICI, COMME MOI UN JOUR,
Par ma volonté, fidèlement et loyalement, je tiens à ce que vous soyez reconnus pour votre travail, votre courage, votre grand amour de ce pays, le vôtre pour toujours. De tout ce que vous avez construit, édifié, élaboré, avec une remarquable persévérance, Alger porte votre souvenir à jamais dans sa chair, ses entrailles, et nul, entendez-vous, nul, ne peut remettre en question cette réalité immortelle que je ferai connaître et défendrai à corps et à cris tant que je vivrai !
JE VOUS DEDIE, MES CHERS PARENTS ET AIEUX DE CE PAYS, LA RECONNAISSANCE DE VOTRE DESCENDANCE ET OEUVRERAI JUSQU’A MA MORT POUR QUE JUSTICE VOUS SOIT RENDUE, JE DIS BIEN JUSQU'A MA MORT SI CE N’EST AU DELA !

PRELUDE

Réveille-toi petite fille, et regarde la mer livrant à l'infini ses espoirs, hume ses embruns légers et violents à la fois, laisse- toi porter vers cet horizon de rêve : il ravira ton âme à jamais…
Un tumulte multicolore d’hommes enrubannés, un décor foisonnant, un tableau éclatant : le port d’Alger. Souvent, je m’y enivrais de bigarrures éblouissantes, grignotant allègrement des arachides débarrassées de leur enveloppe craquante, sous l'astre resplendissant comme nulle part ailleurs…
Ah !... Merveilleux pays, mon pays, je ne t’ai pas oublié, tu es là si présent dansmon coeur… Promenades innombrables sous les arcades bruissantes, ombreuses, et toujours ce retour vers la vague aux blancheurs mousseuses, ce retour sans fin où le regard se perd, fasciné par la candeur naissante. Et toi, enfant-fleur qui ne sait ni le jour, ni l’heure, où tu seras arrachée, toutes racines dehors, à cette mer, à ces plaines, à ces étendues, à ces montagnes, à ces quartiers splendidement ornés des plus beaux immeubles de la terre, à ces
rues passionnément parcourues et aimées, à tout ces choses familières, belles comme nulle part ailleurs… Arrachée violemment, sans explication aucune, à tes souvenirs d’enfant les plus beaux, les plus précieux !
C’est toi, petite fille, toi petite « pied-noir » comme ils disent ici en métropole, c’est le témoignage de ton histoire trop longtemps contenu, retenu pudiquement, censuré même par cette France traîtresse, histoire que tu voudras dérouler comme un conte de fée ou comme un chant. Enfantine odyssée entremêlant des pages ensoleillées aux bruits de la guerre et des larmes. Petite Rosalind au prénom médiéval, prénom shakespearien, don de ton grand-père maternel, déjà expatrié de son Transvaal natal.

CHANT I
PREMIERES SONATES DE FRAICHEUR
LA MER

Quel grand bonheur, tous les étés, lorsque ma mère préparait les délicieux sandwichs fleurant délicieusement le saucisson-beurre près de nos maillots de bains, et de nos bouées surtout dont l’odeur me reste familière !
Toute cette agitation éveillant mes sens, me propulsait dans une sorte de joie indicible. Je savais que nous allions, mes frères et moi, partir pour la grande équipée : nous prendrions ce bus sinuant nonchalamment sur la corniche escarpée, dans cette lumière inoubliable, ce ciel d’une intensité rare de saphir et la moiteur insistante de l’été commençant ;
j’en savourais à l’avance le grand appel, jouissant déjà à l’idée de ces bains, de ces essences naturelles d’iode sensuelles, et même, des épines d’oursin qui ne manqueraient pas de titiller mes pieds…
Ce bonheur, ce grand bonheur, gratuit, pur, intarissable ! Ultime, mais nous l’ignorions !
Puis, il y eut d’autres plages, à perte de vue, où incroyablement, l’eau vous arrivait aux chevilles, même si vous y marchiez longtemps... Quelquefois, cela faisait comme de petits bassins chauds et réconfortants. Un nom ?... Sidi Ferruch…

Et puis... la pointe Pescade… nous y allions souvent rendre visite à notre arrière-grand-mère. J’entends encore les cris joyeux, le bruit intempestif des vagues, et toujours un fond de musique « Bleu, bleu le ciel de Provence… Blanc, blanc le goéland »… Message annonciateur... d’un avenir dont nous ne voulions pas ! Je revois les familles qui se retrouvaient là chaque été, dans une sereine félicité, don de la nature et de la convivialité. En vérité, je ne perçus jamais autour de moi, lorsque je jouais sur nos plages avec mes petites camarades musulmanes, aucune forme de rejet notable de la part de ma famille, de nos amis, ou dans notre entourage immédiat...
C’est pourquoi, je tiens à affirmer ici, que seules, les populations autochtones de la ville d’Alger vivant à cette époque, auraient pu rétablir la vérité si la politique ne s'en était pas mêlée. Pour connaître la réalité, la nôtre, les Etats, les gouvernements et les Français de la métropole, sont bien mal placés pour l'apprécier à sa juste valeur…!
Mais revenons à cet environnement poétique qui fut celui de mon enfance…
Des plages et des plages encor, des étés et des étés encor, onze étés... avant leur terme, la punition… la privation finale !....Sans rémission aucune.
Mais aujourd'hui, en un présent éternel, la mer est là, omniprésente, omni…belle…………..omni…mon enfance ! "La mer toujours recommencée..."
Ne vous laisser pas prendre aux jeux des apparences. Ces enfances, magnifiques tant elles sont uniques et pittoresques, laissent à tous les sens des souvenirs impérissables de beauté…
Quel "Béotien" d'ailleurs, peut avoir eu l'audace de réduire à la seule odeur des merguez ces sites grandioses et dignes des meilleurs pinceaux, toute cette splendeur marine incitant soudain à la contemplation au cours des parties de mer et de nos fabuleuses escapades, au temps, aujourd'hui perdu, des réunions familiales, liturgies sacrées qui nous ancraient tous plus profondémentdans notre terroir ?

A Alger, le raffinement était co-naturel à toutes les strates de la société et tout à fait à l’antithèse des ridicules palinodies dont nous fûmes salués bien souvent dès notre arrivée sur le sol français.
Premiers pas sur ce sol oublieux du sang versé pour le défendre, premiers jours en France et à l’école et c’est la discrimination, c’est la mise en quarantaine des "pestiférés" que nous sommes à bien des yeux. Comment pouvaient-ils, ces gens, nous accuser de racisme ? De quel côté était celui-ci ? « Sale petite pied-noir ! » disaient-ils. Horrible qualificatif : nous l’ignorions à Alger. Et, à l’insu de tous, je regardais le soir ce dessous de pied qui devait être si infect…………et, donc, honteusement sali…
C’est Rosalind, la petite fille de onze ans qui vous le dit. Beaucoup de choses sont à revoir dans le domaine des idées reçues quant à nous, quant à nos façons de vivre, quant à notre quotidien ; j’ai gardé cela trop longtemps en moi, silencieusement, dangereusement, et pardonnez-moi, si, aujourd’hui, cela explose telle une grenade et, s’exprimant si fortement, vous choque : par fidélité à mon enfance, par respect pour vous sans cesse trompés par la pensée unique, il me faut libérer, autant que possible, notre histoire du jeu des apparences et l’offrir dans toute la vérité d'un vécu encore si proche. Celle-ci ne sort-elle pas de la bouche des enfants ?...
A SUIVRE.......

1 commentaire:

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