mardi 22 février 2011

Il faut un vainqueur et un vaincu - Guy Millière © Metula News Agency -

Les événements qui secouent l’Egypte, et qui sont loin d’être achevés, sont dangereux pour Israël. Ils n’allumeront pas sur une guerre, mais ils impliqueront que la frontière sud de l’Etat hébreu sera à surveiller de beaucoup plus près encore, et que la séparation entre Gaza et l’Egypte sera bien plus poreuse qu’elle ne l’est déjà.
Ils devraient impliquer, dans les mois à venir, une remise en cause du traité de paix signé voici trente-deux ans entre le Caire et Jérusalem. Il n’est pas un seul candidat en puissance aux élections présidentielles égyptiennes promises pour septembre qui entende, de fait, laisser le traité tel qu’il est.

Israël sera plus isolé, et pourra sembler dans une situation de péril bien plus grand qu’actuellement. Entre le Hamas au Sud, le Hezbollah, qui tient désormais le Liban, au Nord, le basculement de la Turquie, l’intransigeance de la Syrie appuyée par l’Iran, qui avance vers l’arme nucléaire, et le glissement de l’Egypte vers un changement graduel d’alliances et vers un désordre durable, rien ne paraît prometteur. D’autant plus qu’Obama est à la Maison Blanche, et que, s’il use d’une autre musique depuis qu’il est en situation de cohabitation avec un Congrès qui a basculé largement du côté Républicain, il chante toujours la même chanson.
Je pense, cela dit, qu’il n’y a pas motif à désespérer mais plutôt, que les raisons sont réunies de tenir un discours de vérité : celui qu’on tient lorsqu’on n’a pas d’autre choix et qu’il faut regarder le soleil en face, sans cligner des yeux.
Si la majorité des protestataires arabes arborait ce genre de slogan, déployé ici par un manifestant tunisien, la paix et la démocratie seraient à portée de main
Le monde musulman est un monde instable, pétri de pathologies, et pas du tout sur le point d’en sortir, contrairement à ce que des rêveurs disent ici ou là. Les traités déjà signés avec lui, pas uniquement celui signé avec l’Egypte, sont de simples morceaux de papier ayant la valeur du papier usagé. Israël n’est aujourd’hui au bénéfice d’aucun traité de paix digne de ce nom, et ne possède aucun « partenaire pour la paix » dans la région. C’est la réalité. Elle est effroyable, mais elle n’en est pas moins la réalité.
Israël ne peut pas compter sur l’Europe, qui a, depuis longtemps, sombré corps et biens et qui continue à pourrir par la tête, comme les poissons avariés.

Si la majorité des protestataires arabes arborait ce genre de slogan, déployé ici par un manifestant tunisien, la paix et la démocratie seraient à portée de main
Israël peut encore compter sur le peuple américain, mais pas sur les Juifs américains, et pas sur le parti Démocrate, qui, année après année, s’imbibe de plus en plus d’idées radicales et « pro-palestiniennes ».
C’est le moment ou jamais de comprendre et de clamer que des négociations ne servent à rien, que des concessions servent moins encore que des négociations, et que, quoi que fasse Israël, Israël sera critiqué et diabolisé ; précisément parce que c’est l’Etat du peuple juif, et que l’antisémitisme reste la pathologie mentale la plus répandue sur la planète.
C’est le moment de comprendre ce que dit Daniel Pipes, avec lequel j’ai passé ces trois derniers jours : la situation est une situation de guerre qui n’a pas cessé, et qui ne cessera que lorsqu’il y aura un vainqueur et un vaincu. Daniel ajoute : « ou Israël se donnera les moyens de gagner, ou Israël disparaîtra ». Il pense que la victoire peut être une victoire psychologique et morale. En ce qui me concerne, je nourris des doutes sur cette proposition.
Tout en étant en guerre avec Israël, le monde musulman craint que la guerre ne devienne une guerre ouverte et franche, sachant qu’Israël dispose de la supériorité technologique et militaire ; Israël devrait s’appuyer sur cette supériorité et tenir un discours ferme, clair, net.
Israël devrait dire, sans circonlocutions, pourquoi les négociations sont une imposture, et pourquoi les concessions sont suicidaires.

Israël devrait rappeler ce qu’était le Mandat palestinien confié à la Grande-Bretagne par la Société des Nations, refuser les falsifications de l’histoire, dire que les accords d’Oslo sont caducs, en expliquant les raisons pour lesquelles ils sont caducs, et c’est à dessein que j’emploie un mot arafatien.
Israël pourrait ignorer l’Autorité palestinienne, en expliquant les raisons pour lesquelles il ignore l’Autorité palestinienne : l’Autorité palestinienne ne représente personne, et si des élections vraiment libres avaient lieu dans les territoires qu’elle prétend contrôler, le Hamas les gagnerait, or la charte du Hamas ne prévoit pas la moindre transaction avec Israël.
Israël devrait dire, à nouveau, qu’il existe déjà un Etat palestinien, le royaume palestinien de Jordanie, qu’il y a déjà vingt-et-un Etats arabes et cinquante-sept Etats musulmans.
Israël devrait, en somme, s’affirmer. Et, le cas échéant, saisir la moindre opportunité d’agression pour infliger à ses ennemis une défaite absolue, irrémédiable, indiscutable.
Comme le dit Daniel Pipes, l’Allemagne n’a, en Europe, pas considéré avoir été vaincue en 1918. La suite a été le nazisme, la Shoah et la Deuxième Guerre Mondiale. En 1945, l’Allemagne a dû constater qu’elle était vaincue, dans les décombres de ses villes, et on y a organisé le procès de Nuremberg.

Le monde musulman doit, à mes yeux, constater, à un moment donné, qu’il est vaincu.
Je ne sais s’il faudra pour cela des décombres. C’est possible. Il faut, en tout cas, aboutir, ici ou là, à une reddition sans conditions.
Il faudra aussi organiser une forme de procès de Nuremberg pour l’islam radical, le palestinisme, le nationalisme arabe teinté de national-socialisme. Un procès symbolique pourrait d’ores et déjà être organisé.
Si Israël parle et agit, ce sera avec la réprobation unanime des ennemis d’Israël et des faux amis d’Israël, mais cela n’est pas grave : le peuple juif a l’habitude d’avoir des ennemis et des faux amis.
Israël n’est pas seulement une puissance militaire, c’est aussi une puissance technologique, c’est un pays qui compte économiquement et financièrement. C’est un pays indispensable à l’humanité, sans lequel le monde se détraquerait et perdrait une part cruciale de son capital intellectuel.
Les ennemis musulmans d’Israël, pour la plupart, ne savent pas ce que je viens de dire. Les dirigeants occidentaux, Obama en tête, font comme s’ils ignoraient ce que je viens de dire, mais ils le savent en fait fort bien.
Israël a bien plus de moyens de faire front que cela ne se dit ou ne s’écrit. Ces moyens doivent être utilisés. Impérativement. Ou le vainqueur ne sera pas Israël. Et dès lors qu’il faut un vainqueur et un vaincu pour que la guerre cesse…
Un monde sans Israël serait un monde irrémédiablement mutilé. Et ce serait un monde dans lequel Israël aurait disparu. Je ne veux pas cette disparition.

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