lundi 21 février 2011

FANTAISIE SUR L'HISTOIRE DE BAB EL OUED -2- de Hubert Zakine

(Il ne faut surtout pas perdre le fil… car c’est  subtil enfin je crois. En tous les cas, je me suis bien amusé à écrire.....Et c'est pas fini!)
CHAPITRE 2
L’avenue Malakoff elle est pas encore pavée de bonnes intentions. Le génie militaire, entre les anciennes écuries du Dey, la Salpêtrière et les jardins du boulevard Général Farre, y met la tête dans le guidon pour faire tomber les fortifications. Bab El Oued y respire. Plus de portes d’entrée, plus de portes de sortie.
Bab Azoun, c’était un autre monde, une autre époque, une autre casbah. Avant, on levait la tête, maintenant on la baisse. La haute casbah et la basse casbah. Comme tu veux, tu choises ! Les Français y préfèrent la basse casbah près de la ville européenne. Rue Bab Azoun, rue de la Lyre, place de Chartes, rue Randon c’est le domaine des juifs. On commerce quand on est commerçant. On marchande quand on est marchand. Des palabres autour d’une anisette et parfois autour du ring. Le samedi, après s’être bien dobzé toute la semaine, on prie à la synagogue. On se pardonne en attendant le grand pardon. Tape cinq, mon fils ! Grace à D.ieu. Barouh Achem.
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Les catholiques, en arrivant, raïeb, y peuvent pas prier.  Y a que des mosquées et des synagogues. Alors, la grande mosquée d’Alger elle change de religion. Aya zoumbo, razzia sur la mosquée.
En 1843, elle est détruite (ce génie, quelle manie de casser !) et reconstruite en grande cathédrale, place du gouvernement. Place du gouvernement mon œil ! Place Royale, place Nationale ou place du cheval, c’est selon le régime ! Les juifs y veulent plus entendre parler de régime. Ca leur rappelle quand y crevaient la dalle au temps des ottomans. Dans la hara, pas question de jouer au héros ! Baisser le regard devant un ottoman pour pas se prendre une baffe ou un coup de yatagan autoritaire. Et autorisé s’il vous plait. Qu’est ce qu’un juif comparé à un bourricot ?
Le juif y saute à pieds joints dans le train en marche de l’émancipation française. Le temps de l’ottoman, c’est mort et bien maure. La mort de ses os.
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Toute blanche comme une jeune mariée, la mosquée Djamaa El Djedid elle trône sur la place du cheval. Grâce à la générosité des janissaires turcs, elle se fait prier par les musulmans depuis 1660.
Reusement, le génie militaire, y se jette à corps perdu dans la construction d’Alger. Le génie français, il a quand même du beau, du bon, dubonnet. Les hôtels y poussent comme des champignons de Paris. Les hôtels des Ambassadeurs, de Malte et d’Europe y font le plein et les visiteurs en quête d’exotisme y cherchent les lions au coin des rues. Des Tartarin il en vient de partout. Pas seulement de Tarascon. Des aventuriers de tous poils également. Même des aventurières sans poil, sans chemise et sans pantalon. La casbah c’est un grand lupanar. La lune et le chabanais y désemplissent pas. Au lion d’or, on dort pas bezef. Les soldats, au bordel, c’est une armée en perdition.

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A SUIVRE........

1 commentaire:

  1. Excellent post!
    Très instructif et surtout prenant.
    J'ai fait mon mémoire de fin d'étude sur l'architecture de cette ville, si vous étés intéressé vous pouvez consulter ce memoire en ligne, c'est libre d'accès.
    En attendant la suite..

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