jeudi 2 décembre 2010

ORAN PAR MIREILLE ATTIAS - 5 -

En partant de Mers El Kébir, la route de la corniche oranaise traverse, 3 kms avant Oran, les Bains de la Reine, un petit établissement thermal. Cette source était connue des arabes bien avant l'occupation d'Oran par les Espagnols. D'après la légende, une source aurait jailli sur l'invocation de Sidi Dedeyeb. A la prise d'Oran, le Cardinal Cisneros fit usage de ces eaux. Adoptées par la noblesse espagnole, elles doivent leur nom aux visites répétées de Jeanne la Folle, fille d'Isabelle la Catholique. Ce sont des eaux chlorurées, sodiques, bromurées, d'une température de 55 degrés.
Nous entrons dans Oran par le vieux port et les vieux quartiers de la Marine. Entre les douanes et l'arsenal, empruntons la rue basse d'Orléans, puis à droite la rue Matelot Landini, vieille rue voûtée typique de ce vieux quartier espagnol. Elle rejoint la rue de l'arsenal juste au pied de la cathédrale Saint Louis.
Cette église a une histoire que racontent deux plaques commémoratives, apposées sur la façade. Ses transformations successives retracent et symbolisent le sort des juifs oranais jusqu'à la conquête française. En arrivant à Oran en 1509, les Espagnols ont trouvé deux mosquées: l'une deviendra l'église de Santiago Saint Jacques, l'autre construite avec les matériaux d'une chapelle du couvent des moines de l'ordre de Saint Bernard avait d'abord été une synagogue. Elle deviendra l'église espagnole de Sainte Marie ainsi qu'en témoigne le docteur Thomas Shaw qui visite Oran en 1730.

De 1708 à 1732, elle redevient une synagogue. De nouveau une église en 1732, elle est abandonnée à partir de 1792 et tombe en ruines. Réédifiée, elle devient une aumônerie militaire le 25 décembre 1833, puis une paroisse sous le vocable de Saint Louis en décembre 1838. Elle est érigée en cathédrale le 25 juillet 1866. Elle renferme les tombeaux des évêques d'Oran.

Par la place Kléber, la place de l'ancienne Préfecture et la rue Philippe, nous allons passer devant la mosquée du Pacha. Elle fut construite sur les ordres du Dey d'Alger, suzerain d'Oran vers 1735 en mémoire de l'expulsion des Espagnols et avec l'argent provenant du rachat des esclaves chrétiens.

Dans la courette propre et paisible, la fameuse fontaine de marbre, délicate production de l'art arabe que l'ange Gabriel (prétendent les fidèles) rapporta d'Espagne après le départ des Maures. Le minaret que l'on aperçoit du belvédère, rue de la Mosquée, est de plan octogonal, d'un modèle unique.

En traversant les jardins du Château Neuf, nous admirons la magnifique promenade, créée en 1836 par le Général de Létang, qui porte son nom et d'où l'on jouit d'un superbe panorama. Elle est plantée de palmiers, de ficus, de bellombres, de pins et de platanes. Chaque année un critérium est organisé dans les jardins.

La porte du Caravansérail rappelle que le premier hôpital civil construit par les Français devait être un abri pour les caravanes arrivant du sud.

Nous voici place Maréchal Foch. L'ancienne Place d'Armes est la cour de la vieille ville moderne. Elle est plantée de beaux palmiers et ornée de la colonne commémorative du combat de Sidi Brahim avec deux statues en bronze de Dalou (1898). Au bas de la colonne, la France inscrivant le nom de ses héros, au sommet, la gloire apportant des palmes. En 1845, à la Koubat de Sidi Brahim (tombeau d'un marabout vénéré), un détachement de chasseurs d'Orléans y tint glorieusement tête à un ennemi 20 fois supérieur en nombre.

Sur le côté sud de la place, l'Hôtel de Ville. Construit de 1882 à 1886, on y accède par un large escalier orné de deux lions en bronze du sculpteur Auguste Caïn (1822-1894), né à Paris, sculpteur animalier élève de Rude. On raconte que la nuit, ces lions descendent l'un après l'autre de leur socle et tournent silencieusement autour de la place en levant la patte contre les palmiers.

A l'intérieur, les superbes rampes sont en onyx d'Algérie, extrait des carrières de marbre toutes proches.

A l'ouest de la même place, le théâtre. C'est un élégant monument de style composite, construit en 1908-1909. La façade est flanquée de deux tours couronnées de coupoles dorées entre lesquelles se trouve un groupe sculpté par Fulconis.

Par le boulevard Sébastopol et la rue Paul Doumer, nous arrivons au Musée. Sa création est due au zèle du Commandant Demaeght à qui il a emprunté son nom.

Le rez-de-chaussée est occupé par des bas-reliefs, des fragments d'architecture et des inscriptions provenant de Saint-Leu, Arbal, Aïn-Temouchent et Lamoricière. Au premier étage sont les résultats des fouilles préhistoriques effectuées dans la région et au deuxième étage, des tableaux et des gravures avec entre autres un bronze de Valeton représentant un tigre et une tigresse.

Par le collège Ardaillon, nous allons, soit au cimetière israélite, soit au parc municipal des sports. Oran a toujours été une ville où toutes les disciplines étaient pratiquées avec une égale réussite. La natation y a formé le recordman du monde Alain Gottvallés et au tennis, la championne Françoise Durr y a fait ses premières armes.

Les jardins du parc municipal offrent un cadre accueillant et délassant. Les lacs artificiels où glissent des cygnes dispensent une fraîcheur bienfaisante.

A l'angle du boulevard Galliéni et de la rue El Moungar, voici la Banque de l'Algérie et la rue Ampère. Le boulevard Galliéni est l'ancien boulevard du lycée, car tout au bout se trouve le lycée Lamoricière., un lycée de garçons avec son propre monument aux morts.

Lorsque le 11 novembre 1957, Robert Lacoste décidera de résilier les sursis des étudiants pour décapiter la toute puissante Association Générale des Etudiants, les étudiants du lycée Ardaillon, du lycée Lamoricière, du lycée de jeunes filles Stéphane Gsell (proche du palais de justice, avec son internat important et très sévère), les étudiants, donc, organisèrent un meeting monstre à la Maison de l'Agriculture, la Maison du Planteur ou Maison du Colon.

Ces étudiants adhérèrent en masse à l'AGELCA (Association Générale des Lycées et Collèges de l'Algérie). Ils lancèrent une édition régionale du " Bahut ", leur journal qui se voulait indépendant et organisèrent des visites dans les hôpitaux.

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