dimanche 14 novembre 2010

IL ETAITUNE FOIS BAB EL OUED - 13 -

CHAPITRE TROISIEME
L’ECONOMIE
LE COMMERCE

Ville barbaresque, ALGER vit de la « course ». Le produit de la piraterie profite à la Régence et aux négociants juifs chargés de monnayer auprès des comptoirs méditerranéens les nombreuses prises. Ces grands voyageurs devant l’Eternel prélèvent une commission sur les ventes, débattue avant le départ. Ainsi, la « course » nourrit une Régence dont les revenus s’amoindrissent , pourtant, au fil des années par les revers de l’empire ottoman.


 Le commerce est intimement lié à la vie sociale du monde arabo-musulman. Au commerce du pouvoir, rançon sur prisonniers chrétiens, dîme à verser pour la pratique d’autres religions que l’Islam, s’associent mille et uns petits métiers jalonnant l’existence de ce pays artisanal. Tisserands, brodeurs sur soie, savetiers, orfèvres d’or, tailleurs d’habits, cardeurs côtoient les métiers de bouche le long de l’artère principale de la ville qui relie le souk Bab Azoun au souk Bab El Oued.

Le boutiquier assis en tailleur accueille la clientèle sur le pas de son échoppe qui sert tout à la fois de magasin et d’atelier, un escalier d’une cinquantaine de centimètres en interdisant l’accès aux visiteurs.

En 1841, les autorités militaires déplacent la porte Bab El Oued de la place MARGUERITTE, future place MERMOZ où sera édifié le lycée BUGEAUD, au boulevard Général FARRE, futur boulevard GUILLEMIN afin de permettre le passage aisé des chariots qui se rendent aux carrières.

De cette nouvelle porte, on accède aux cimetières, au jardin du Dey sur l’emplacement duquel sera édifié l’hôpital MAILLOT, aux Consulats et à la colline toute proche de la Bouzaréah

Le souk, suite ininterrompue de boutiques s’allonge de l’avenue Bab El Oued, future avenue de la Marne aux commerces modernes, aérés dont l’accès de plein pied invite la clientèle à entrer à l’intérieur.

Bab El Oued s’éveille au commerce par le biais des cafés qui accueille les maçons piémontais, les pêcheurs napolitains, les terrassiers valenciens après une dure journée de labeur. Dès 1831, plus de quatre cents établissements se partagent, à Alger, la volonté de perpétuer la coutume du pays d’origine de ces exilés qui exige un territoire d’hommes d’où sont exclues les femmes. Ce lieu fermé, ce café, ce no man’s land connaît un essor considérable par le formidable attachement de chaque communauté à son patrimoine culturel. Ainsi les ibériques fréquentent assidûment les « clubs » à forte résonance espagnole tandis que les pêcheurs transalpins, avides d’histoires marines « campent » au comptoir d’un confrère sarde ou napolitain. Les lieux de vie se multiplient au sein du faubourg et peu à peu, se spécialisent dans la cuisine, la musique ou le sport. On adopte une salle avant tout pour sa fréquentation.

Plus tard, lorsque les mariages mixtes auront dissipé quelque peu l’image du pays natal, la khémia ou l’appartenance du patron au clan de supporters d’une équipe de football détermineront le choix de la clientèle. Fleurissent alors « les cafés de Bab El Oued » dont les salles et arrière-salles crépitent d’engueulades mémorables entre joueurs de belote et de mauvaise foi. Forum et amphithéâtre, le café se glorifiera tout au long de la présence française d’incarner le haut lieu des mâles de Bab El Oued
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Une autre corporation peut se vanter d’attirer à elle tant d’hommes qu’elle figure parmi les haut-lieux de tout pays méditerranéen et donc de Bab El Oued : les salons de coiffure pour hommes. Le candidat à la coupe « bol de loubia» ou à la coupe « fartasse » n’entre pas chez le coiffeur comme partout ailleurs. Ici, le client s’y rend avec le même entrain qui l’habite lorsqu’il va au stade ou au cinéma car le salon se parfume d’amitié et d’eau de Cologne.

La sacro-sainte obligation d’aller se faire couper les cheveux en quatre afin que « la tignasse ne mange pas toute la figure », s’enrichit du plaisir de rencontrer les habitués. Car chacun a son coiffeur, son café, sa place de stade ou son glacier. Le salon s’apparente à une fontaine d’où coulerait un bain de jouvence perpétuel.

Chaque coiffeur est détenteur d’une spécialité entretenue par ses clients. Vincent décore les glaces de son salon de photos du Gallia Sports d’Alger, obligeant le client à se contorsionner pour s’admirer. Martial parle de grande musique, Sauveur de chansons napolitaines, Jules en grand admirateur de Luis MARIANO, « gomine » tout ce qui bouge au grand dam de ses clients récalcitrants, Riri est le chantre des histoires drôles et Maurice des histoires juives. Gaëtan attire les jolies filles qui accompagnent le petit frère à seule fin de croiser le regard du Clark GABLE algérois.

En conclusion, le coiffeur est un ami chez qui l’on se fait des amis.
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Le Mozabite, incontournable au royaume des épiciers de Bab El Oued, que l’on affuble du sobriquet « Moutchou », vient tout droit de son M’zAb natal. Il a apporté dans ses bagages des us et coutumes ancestrales. Les femmes restées au pays, il se veut autonome, autarcique et économe. Sa boutique-capharnaüm tient des bazars d’antan qui s’ouvraient sur les rues du Diwan, d’Orléans ou de Rovigo. Des bougies torsadées, des veilleuses, de la sauce tomate, du fromage, des toupies, de l’huile rance, de la semoule, des charançons, des anchois avariés ou des bonbons, on trouve de tout dans ces échoppes d’un autre temps où l’horloge tourne au ralenti. Ces hommes affables perdent souvent leur sang froid aux plaisanteries des « chitanes1 » qui envahissent le lieu en bande pour l’achat d’un caramel ou d’une « guitane2 », ficelle spéciale, indispensable au jeu de la toupie. Très bien accepté par Bab El Oued qui prouve s’il en était besoin combien le travailleur est respecté sur ce morceau de France, le « moutchou », sobriquet péjoratif du mozabite, se fait adopter par quelques petits gestes commerciaux qui fidélisent ainsi une clientèle par ailleurs repoussée par la saleté du lieu. Parmi ces commerçants à la chéchia sereine, SLIMANE aux Trois Horloges, MOUSSA de l’Etoile Blanche Boulevard de Provence, DOUDOU au square GUILLEMIN, AHMED à NELSON, BRAHIM rue ROCHAMBEAU sont des personnages incontournables du quartier.
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La confrérie des glaciers de Bab El Oued occupe une place à part dans la vie des gens du quartier. Dés la conquête, les espagnols et surtout les italiens apportent de leur pays d’origine le savoir-faire et le goût pour ce rafraîchissement ignoré du Maghreb. L’agua limon et le créponné, tous deux à base de citron, d’eau et de sucre s’imposent immédiatement par la sensation de coupe-soif que dégagent ces breuvages venus d’ailleurs. il ne pouvait en être autrement sous cette latitude où le thermomètre dépasse allègrement les trente cinq degrés dans les villes. Plus tard, les fils de ces pionniers prennent la relève et le modernisme aidant, offre à la gourmandise de certains des crèmes glacées aromatisées à la vanille et à la fraise. Le chocolat et autres parfums viendront par la suite quand les glaciers multiplieront les « fantaisies glacées » telles les tranches napolitaines, spécialités du kiosque BARERI.

D’autres transalpins s’installent sans se faire concurrence. ROMA GLACES, LA PRINCESSE et ALGER GLACES se partagent la clientèle de l’avenue de la Bouzaréah et des Messageries où la jeunesse en goguette craque pour les coupes aux trois parfums. Durant la guerre et bien que l’amalgame entre l’Italie de MUSSOLINI et les Français d’origine italienne ne fut jamais d’actualité, le propriétaire de ROMA GLACES, se voit contraint, à l’instar des Italiens « déportés » à Colomb-Béchar par les Américains, de mettre en sommeil son activité qui ne reprendra qu’à la fin des hostilités avec un égal bonheur jusqu’à sa fermeture définitive en 1953.

Mais si le Bab El Ouédien désire s’attabler et déguster avec ostentation une glace amoureusement et artistiquement composée, une adresse s’impose indiscutablement: GROSOLI. Cet artiste de la crème glacée débute en vendant, une plaque sur l’épaule, des friandises alentour des squares et placettes du faubourg. Grâce à la complicité d’un compatriote, Mr MOLL, il fabrique des glaces et les propose à la vente itinérante jusqu’au jour où se présente l’opportunité d’ouvrir son salon, rue LAZERGES, qui devient, alors, le nec plus ultra, des glaciers algérois

A SUIVRE......




1 commentaire:

  1. bjr merci pour ce partage 2commentaire cke jpeu vous dire c'est ke tt le monde vivait ensemble é bien chacun ces coutumes é tradition cette algerie pouvait être magnifique a vivre avec son brassage 2communauté mais ils sont voulus autrement enfin merci encore le grand bjr d'alger la blanche bien a vous ciaociao !!!!!!

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