dimanche 31 octobre 2010

LA PECHE EN ALGERIE D'APRES EDGARD SCOTTI ET JOSEPH PALOMBA

d'après Edgar Scotti- Joseph Palomba
En I830 après l'arrivée des Français, l'Algérie n'a pas de marins, les matelots des capitan-raïs, émirs de la mer , princes de la piraterie sont partis de leurs douars. Exception faite de la rade de Mers-el-Kebir, de la vieille darse turque d'Alger et de quelques anses abritées des vents dominants, il n'y a aucun port tout au long des mille kilomètres de côtes escarpées du littoral algérien.

Des marins, principalement des marins-pêcheurs, originaires de Valence ou de Majorque venus à Beni-Saf, Arzeuw et Oran; de Naples, Ischia.s, Procida, Cetara, Torre-del-Greco, Amalfi, à l'ouest et à l'est d'Alger; Maltais à Philippeville et à BBne, sans oublier plusïeurs Languedociens, Corses et Catalans, avaient un monopole de fait, acquis pour certains avant I830.

A la fin du XIXè siècle, beaucoup de ces pêcheurs étrangers devenus citoyens Français par application des lois de 1886-1888, s'étaient fixés dans des petites villes et des hameaux maritimes, comme Ténés, Cherchell, Bou Haroun, Chïffalo, Courbet-Marine (devenu, la "Calanove") ainsi que dans les populeux quartiers de la Marine à Oran et Alger.
Ils pratiquaient le chalutage sur des balancelles à voiles latines,auxquel--les se substituèrent plus tard des chalutiers à vapeur. C'était le temps de la " pèche aux boeufs" parce qu'ils tiraient deux par deux un filet qu'ils remontaient alternativement. Un peu avant 1930, l'utilisation de panneaux immergés assurant l'ouverture du filet permettait à chaque navire de pêcher individuellement, doublant en fait le nombre des chalutiers en action.La flotte algéroise passait ainsi de 10 à 20 bateaux auxquels il convient d'en ajouter 4 à Ténès, autant à Cherchell et une dizaine de plus petits tirés chaque soir sur la grève à Bou-Haroun. Le doublement du potentiel de pêche réduisant la ressource halieutique de l'étroit plateau continental et afin de protéger les frayères situées à l'ouest d'Alger et à l'est de Bone, l'inspection des pêches interdira l'usage des filets chaluts durant six mois. Cette interdiction fut heureusement ramenée à trois mois du Ier juillet au 30 septembre, et depuis le 1er octobre deviendra pour tout le littoral algérien, le jour de l'ouverture de la pêche au chalut.

Cette mesure, imposait à des pêcheurs ne disposant comme aides à la navigation que d'un compas et d'une sonde à main composée d'un cordage lesté d'une boule de plomb, de mouiller leurs filets dans des profondeurs de 150 à 400 mètres aul-delà de la limite des trois milles marins, dans les eaux internationales.
Ce fut là, pour ces pêcheurs chargés de famille un lourd handicap, car trois mois sans salaire serait pour eux trop préjudiciable. Aussi beaucoup, avec courage obstination et connaissance du fond marin, réussirent à trouver des parcours de traîne au-delà des zones interdites, qu'ils exploiteront à l'ouest d'Alger du large de Guyotviile à Castiglione jusqu'au Chenoua et retour.

Ce nouveau plateau de pêche leur permettra de réaliser de bonnes prises qui s'avérèrent riches de gros merlans, grondins, rascasses, baudroies, limandes, mais surtout de grosses crevettes rouges si appréciées des algérois.
Nous devons signaler que le savoir des maîtres de pêche de chalutier qui entreprirent l'esploitation de ces grands fonds renommés dangereux, sera facilitée par les travaux des scientifiques de la Station de Castiglione ouverte en 1922, où un grand nombre de chercheurs (cités en début de texte) s'appliquèrent aux recherches géologiques de la nature de ces grands fonds, à. sa cartographie ainsi qu'à la biologie marine, tout labeur qui aidera grandement le développement de la pêche au chalut sur nos côtes.

11 est évident que cette émulation sera bénéfique à la génération des jeunes maîtres de pêches assurant la relève des "anciens" et qui seront plus à même de se servir d'une carte marine et profiteront surtout des nouveaux bateaux construits en Algérie agrès la seconde guerre mondiale.
Bateaux d'un type nouveau, modernes,munis d'un puissant moteur diesel, des derniers perfectionnements technologiques en matière de sondeur-enregistreurs- détecteur de poissons, traceur de route, rader, radio, et v.h.t.; ensemble qui changera, l'aspect traditionnel dus chalutier algérois avec ses deux mats qui lui-méme modifié par leur suppression et leur remplacement par un portique arrière. Il est loin le temps du compas et de la boule de plomb !

Signalons aussi que c'est parmi ces hommes dont les aïeux étaient pêcheurs d'éponges et de corail, que se recrutèrent bien des scaphandriers collaborateurs actifs des ingénieurs qui dotèrent l'Algérie des ports modernes adaptés aux besoins de la marine marchande contemporaine. Ports qui jalonnent eneore aujourd'hui le littoral de la côte algérienne de Nemours à la Calle.
Tous ces navires venus du pourtour méditerranéen en Algérie dés I830 ne doivent pas sombrer dans l'oubli. Leur savoir faire s été simplement transmis comme un précieux héritage à ceux qui aujourd'hui, dans ce pays perdurent dans le métier de marin-pécheur, qui fut celui de nos pères !

TEXTE EMPRUNTE SUR  LE SITE DE BERNARD VENIS "ALGER ROI NET"

1 commentaire:

  1. ces grosses crevettes rouges ( hors de prix aujourd'hui), etaient moins cheres que les petites crevettes blanches , et je les achetais pour aller à la pêche de l'autre côte de la jetée du port ,en pleine eau... Pour y aller ,il fallait prendre un passeur ,NEGRO, et payer le passage ...
    Quand on n'avait pas d'argent ,Negro qui était un brave type , faisait une sieste sous une barque ,et nous laissait ramer deux où trois passages à sa place ....

    Que du bonheur ...

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