Hassen Chalghoumi, l’imam le plus célèbre de France depuis ses positions anti-burqa publie demain un livre brûlot intitulé « Pour l’islam de France ». Il y dénonce les menaces d’islamisation qui pèsent, selon lui, sur la France.
La quiétude est revenue à la mosquée de Drancy, qui s’apprête à fêter la fin du Ramadan avec plusieurs milliers de fidèles. Hassen Chalghoumi a retrouvé le sourire, mais l’imam reçoit toujours entouré de ses gardes du corps. Après six mois de manifestations hostiles qui ont contribué à la fermeture pendant plusieurs jours de sa mosquée, il sait que le calme est précaire.
Celui qui s’est fait connaître du grand public pour ses prises de position anti-Burqa sort demain au Cherche-Midi un livre choc. Repoussé à plusieurs reprises pour raisons de sécurité, ce réquisitoire intitulé « Pour l’islam de France » s’attaque avec force au voile intégral, mais aussi à l’excision, aux mariages forcés, aux Frères musulmans et à l’UOIF (Union des Organisations Islamiques de France), de plus en plus puissante en France.
Vous prenez encore des risques en sortant ce livre. Pourquoi revenir ainsi dans la lumière ?
HASSEN CHALGHOUMI. Il est urgent de prendre position. Je veux que l’Islam trouve sa place en France. Et ce n’est pas le cas. D’un côté, je vois monter le racisme anti-musulman. Et de l’autre, sur le terrain, j’observe une radicalisation d’une partie des musulmans. Il y a par ailleurs une vraie guerre d’ingérence étrangère pour prendre les mosquées. De plus en plus d’hommes politiques étrangers et certaines ambassades essayent de faire de la récupération. Les pouvoirs publics ne sont pas assez fermes.
Vous accusez les Frères musulmans et l’UOIF de vouloir mettre la main sur l’islam français...
Il y a une montée des Frères musulmans et de l’UOIF, c’est clair. Ils prennent les mosquées en otage, achètent de plus en plus de hangars pour avoir plus de poids dans le CFCM (Conseil Français du Culte Musulman). Toutes ces tendances sont mauvaises. Avec sa position radicale, c’est Tariq Ramadan qui a fait monter le racisme en Suisse et a conduit au vote contre les minarets. Et cela, il veut l’importer en France.
Malgré les nombreuses attaques dont vous faites l’objet, vous vous dites toujours favorable à une loi interdisant la burqa.
Parfaitement, la burqa n’a pas sa place en France. Mais ce n’est pas un soutien au gouvernement. Ceux qui prennent la burqa comme un drapeau de l’islam n’y ont rien compris. Il n’y a pas d’obligation religieuse à la porter, je le répète. Nos femmes, nos soeurs ont besoin de trouver leur place dans la société française, d’avoir une vraie égalité avec les hommes, d’accéder au travail. Le voile intégral, au contraire, les isole.
Qu’entendez-vous concrètement par islam de France ?
Ce n’est pas un islam qui va légaliser le porc ou modifier le Coran ! (il sourit). C’est un islam habité par la France, qui respecte ses valeurs. L’objectif majeur est de régler la question du financement des mosquées. En créant une fondation qui regrouperait les finances étrangères et puiserait dans les milliards du commerce halal et des pélerinages, on peut financer la construction des mosquées et la formation des imams. S’occuper de tout cet argent liquide, c’est aussi nous protéger car il peut alimenter le terrorisme.
Vous allez faire le tour des médias ces prochains jours et vos prises de position vont provoquer des réactions. Vous avez peur ?
Ce livre n’engage que moi, pas la mosquée de Drancy. Et je n’ai pas peur pour moi. Dès le début, j’ai dit à ma femme : je vais prendre un chemin un peu dur, il faut qu’on l’assume ensemble. Elle est derrière moi. Non, si j’ai peur, c’est pour mes enfants, pour leur avenir en France. Un savant qui m’a appelé dernièrement pour me soutenir m’a dit que dans dix ans, les musulmans de France me comprendraient.
« Pour l’islam de france », éd. du Cherche-Midi, 432 pages, 18 €.
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