vendredi 6 août 2010

TCHALEFS D UN ENFANT DE BAB EL OUED à suivre...

LA MANIFESTATION DU MAJESTIC
A Alger, on adorait le cinéma. Le Marignan, le Debussy, le Versailles, le Colisée, j’en passe et des meilleurs. J’exagère un peu mais à tous les coins de rues, y en avait un. Rien qu’à Bab El Oued, on en dénombrait pas moins de neuf. Et oui, mon z’ami ! Neuf comme la poule ! Mais le plus grand c’est à Bab El Oued qui trônait. Avec ses matches de boxe, ses spectacles de music hall français et américains on avait vu défiler Halimi, Hamia, Yvel, Charles Aznavour, Paul Anka, les Platters et so on……Chof, l’américain à Bab El Oued !
Le cinéma, on le tapait tous les jours de la semaine dans les entrées de maison quand on se morflait l’œil pour un oui, pour un non, ou dans les cafés pour un renonccio ou une belote non annoncée. C’était dans nos gènes le bruit et la fureur. Celui qui passait devant un café, y croyait que Buffalo bill y faisait la guerre aux indiens total, y fumait le calumet de la paix mais avec les you-you et les insultes de bonne santé en supplément.
Un dimanche matin, on est allés réserver les places (vous vous rappelez la caissière et ses croix au crayon gras bleu ou rouge selon le prix des places) au Majestic pour le film « le monocle noir » avec Paul Meurisse. C’était pas un film de cow boy mais y avait rien d’autre. D’abord on est allés à Saint Eugène voir l’ASSE donner une tléra au GSO et après, tous au Majestic. On arrive tout en haut du balcon juste pour voir le petit film avec Red Skelton en première partie. L’entracte y nous permet de jeter un regard gyrophare pour mater les filles. Le cinéma il est plein comme un œuf à l’instar des cinémas le dimanche après midi. Y a des familles entières comme pendant tous les mois d’hiver. Tout le monde y savoure ce moment précieux pour s’en faire des beaux souvenirs. On a envie de manger un coeur mais on est fauché. Marque dommage! Et le cinéma y se replonge dans le noir. Tan tan tan, le film y commence. C’est pas un film qui tient le spectateur en haleine mais y a des scènes cocasses. Ya pas la narration elle est souâ souâ ! J’aurai pu dire comiques mais cocasses, c’est plus mieux ! Et soudain alors qu’on s’endormait, sur l’écran qu’est ce qu’on voit, des CRS et des gardes mobiles. Tous ceux qui dormaient, tous ceux qui profitaient du noir pour frotter, ceux, plus rares qui suivaient l’histoire du monocle noir, comme un seul homme y se sont rebellés contre les forces de l’ordre. Le chahut j’vous dis pas. La manifestation dans le cinéma, c’est ça ce qu’on appelle une manifestation spontanée. Le patron et les ouvreuses, le public, les grands et les petits y se sont rués dehors aux cris de « CRS - SS ». On est rentrés dans le centre de Bab El Oued en criant, en vociférant contre les CRS et les gardes mobiles. Les gens qui prenaient le frais (c’est le cas de le dire) au jardin Guillemin y sont venus grossir les rangs de la manifestation en se posant mille questions sur les raisons de cette colère. Y croyaient qui avait eu un attentat, une rafle, je sais moi.

QUE NENNI,  LA VUE DES CRS ET AUTRES GARDES MOBILES SUR L’ECRAN DU MAJESTIC  AVAIT SIMPLEMENT  TROUBLE LA QUIETUDE D’UN DIMANCHE APRES-MIDI DE BAB EL OUED !

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