mardi 27 juillet 2010

TCHALEFS D'UN ENFANT DE BAB EL OUED

LE GARDE AMOUREUX
A Alger y avait des jardins comme s’il en pleuvait. Tout ça parce que l’impératrice Eugénie elle trouva qui avait trop de soleil et pas assez d’ombre en ce lieu qu’elle découvrait avec son mari, l’Empereur Napoléon III. Y faut dire que Kadour (c’est le nom de notre soleil) y tapait un maximum. Alors, ni une ni deux, Napoléon III, il a dessiné deux grandes trouées pour accueillir les jardins Guillemin à Bab El Oued et le plateau des Glières dans le centre ville. Sans parler des autres jardins et squares qui sont sortis du partout pour que les Algérois y z’attrapent pas un coup de soleil. (132 ans après, y z’ont pris un coup de sirocco ou un coup de pied au cul, si vous préférez !)
A Bab El Oued, les jardins Guillemin, le matin, y se transformaient en stade de foot et l’après midi, y z’étaient réservés aux mamans-tricoteuses et aux mauvaises langues qui s’en donnaient à cœur joie jusqu’à la nuit tombée. Seulement, toute la matinée, une chose elle nous pourrissait la vie. Le garde de la mairie d’Alger y nous empêchait de nous livrer à notre sport favori, le football. Dés qu’on l’apercevait, comme un essaim d’abeilles on disparaissait. Mieux, si y nous en laissait le temps, on jouait, zarmah, les enfants sages comme des images. Sitôt parti, drop ninette, on retapait le match.
Seulement, notre employé municipal, c’était pas un babao et, un jour, y nous a tendu un piège comme dans les films de gangsters. TAN TAN TAN ! Il a fait mine de partir, il a fait le tour de l’immeuble de la rue Eugène Robe et y nous a tapé une olive. Mon ami, jamais on aurait cru qu’un garde y serait aussi sournois ! Si c’est pas malheureux ! Alors qu’on disputait encore une fois le match du siècle !
Le ballon, y nous l’a confisqué. Y nous a tapé l’olive une deuxième fois. Pas assez les jetons qui tapait sur les femmes qu’elles donnaient à téter à leurs bébés ! Mais quand on est des chitanes comme nous autres, on est plein de ressources.
Richard « patte d’éléphant » que les copains y lui avaient donné ce surnom à cause de son pantalon, il a eu une idée de génie. Y s’est dit que, si le garde il était satyre sur les bords de son casque colonial, y devait envoyer sa fatmah pour récupérer le ballon. Jolie et jeune comme elle était, si elle le baratinait un chouïa, le garde il allait fondre comme neige au soleil. Nous autres, à Alger, le soleil on savait plus en quoi faire mais la neige pour en trouver, y fallait aller à Chréa où c’est là que le bon dieu il avait perdu ses babouches. Toujours est-il que la jolie fatmah, si elle lui a pas tapé la danse du ventre style Samia Gamal, elle lui a fait deux sourires, le vieux gardien il y pense encore aujourd’hui. Il lui a même promis de nous laisser jouer le matin sans intervenir mais de le laisser tranquille l’après midi pour taper les jetons tranquillement. C’est ça qu’on appelle l’entente cordiale.

                          FIN

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