C'est en 1883, qu'il voit le jour à Alger. Haut fonctionnaire, ethnologue, sociologue, explorateur, romancier ou encore poète, l'homme n'a cessé sa vie durant d'associer la réflexion à l'action.
Depuis 1844, date ou son grand père maternel, Robert Arnaud Ducheyron de Beaumont du Pavillon est affecté dans le corps naissant des spahis d'Afrique, sa famille vit à Alger. Son père est lui aussi né dans cette ville, rue Ménerville.
Elevé à la dure par ce dernier qui pousse son autorité à l'extrême, renié par sa mère qui ne lui pardonnera jamais d'avoir refusé d'entrer dans les ordres, Robert entame des études secondaires au grand lycée d'Alger où il acquiert brillamment une licence de droit.
Il décide ensuite de se rendre à Paris pour y suivre les cours de l'Ecole des Sciences Politiques et ceux de l'Ecole Coloniale, où il sera reçu major en 1896. Parlant couramment l'arabe, il reçoit une prime lors d'un concours du gouvernement général pour ses connaissances dans la langue.
En 1898, il est reçu premier au concours d'adjoint de Commune Mixte. Sorti premier également au concours des interprètes il fut nommé Général de l'armée, détaché aux affaires indigènes.
En 1900, il noue un mariage heureux avec Renée Battandier qui lui donnera l'affection qu'il n'a pas eue dans son enfance.
Randau entreprend de nombreuses missions en Afrique qui vont le conduire au fil des ans aux quatre coins du continent. C'est ainsi qu'en 1906, il entame une mission dans l'Aïr, chez les Touaregs, où est assassiné son meilleur ami Xavier Coppolani auquel il consacrera un ouvrage historiographique. En effet, les deux hommes se lient d'amitié et luttent ensemble pour abolir l'esclavage au Mali. Coppolani périt dans les bras de Randau, lors d'une embuscade tendue à Tidjikdjat.
En 1908, il se rend en Côte d'Ivoire. En 1909, il est nommé dans le corps des administrateurs coloniaux pour services éminents rendus à l'expansion française en A.O.F
Jusqu'en 1913, il est promu chef du service des affaires musulmanes au gouvernement général. En 1917, son périple le mène dans la région de Tombouctou où il est adjoint au commandant de région. Il devient par la suite inspecteur des affaires administratives au Soudan à partir de 1919. Un an plus tard, il se voit décerner la médaille coloniale et se voit honoré du titre de Chevalier de la Légion d'Honneur.
De 1927 à 1928, il remplit les fonctions de gouverneur intérimaire en Haute Volta.
Pendant ces missions africaines autant lointaines que variées, Robert Randau compose des carnets de route où il consigne des observations précises sur les différents pays qu'il traverse et sur le mode de vie des ethnies qu'il rencontre.
Illustrés de croquis représentants des villages traditionnels, des mosquées, des outils ou encore des objets culturels servant aux rites des autochtones, ces carnets de route deviennent l'inspiration première de Randau lorsqu'il se met à écrire ses principaux romans.
En effet, son oeuvre ne se compose pas moins que de 36 romans, de poèmes et de nombreux articles parus dans diverses revues ou bien dans l'Echo d'Alger où il écrit régulièrement à partir de 1935.
Parmi les Plus célèbres de ses romans, viennent en première place, la trilogie algérianiste avec “Les Colons” en 1907, Les Algérianistes, paru en 1911, “Cassard Le Berbère“, écrit en 1921. Puis “La ville de cuivre“, en 1923, “L'Homme qui rit jaune“, en 1926, “Diko frère de la côte“, en 1929, “Des blancs dans la cité des noirs”, en 1935, “Professeur Martin, petit bourgeois d'Alger“, en 1936 (dans cet ouvrage, Randau évoque son grand père maternel ), La biographie de Xavier Coppolani Le Pacificateur; “Un Corse chez les hommes bleus“, paru en 1939 et enfin ce qui fut la dernière oeuvre de Randau : “Isabelle Eberhardt, notes et souvenirs“, écrit en 1945.
Ses talents d'écrivain lui valent de recevoir le Grand Prix Littéraire de L'Algérie, le 16 janvier 1930 qu'il créa avec une pléiade d'écrivains et le Prix de la Fondation née de L'Académie Française, dix ans plus tard, le 7 juin 1940.
Et puis, c'est Jean Pomier qui devient à son tour l'ami sincère de l'écrivain nord africain.
Les deux hommes entretiennent alors une liaison épistolaire sous forme de vers. Et Abd el kader Fikri, avec qui il publiera sous forme de correspondance, une réflexion sur l'Algérie des années 30 “Les compagnons de jardin”.
Enfin, Robert Randau nourrit des relations amicales avec le peintre Guérin ou encore avec Benjamin Saraillon qui illustre un exemplaire de Cassard Le Berbère.
Foudroyé par une attaque cérébrale, Robert Randau meurt le 4 août 1950, à l'âge de 77 ans, dans son appartement de la rue Saint-Saëns à Alger, dont la décoration était essentiellement constituée d'objets ramenés de ses campagnes africaines.
Cet homme parfois méconnu, reste de par ses rapports administratifs et de par ses romans qui Il est de surcroit le père de l'école algérianiste.
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