A QUELQUE CHOSE ............... MALHEUR EST BON , AUSSI J'ECRIS ENCORE ET TOUJOURS SUR LE PAYS.
A PARAITRE : LE PETIT JUIF DE LA CASBAH D'ALGER
A PARAITRE : JERUSALEM, LE DERNIER REMPART
SI MES OUVRAGES VOUS INTERESSENT: 04 94 03 43 63
MARIE TOI DANS TA RUE, MON FILS : 16 euros
Extraits.....
Richard avait rencontré Carmen au lycée Carnot de Cannes et leur origine commune les avait rapprochés. Ils s’étaient longuement promenés sur les allées de la Grande Bleue, ensoleillant leur nostalgie de réminiscences orientales venues d’outre Méditerranée. L’Algérie berça leur relation, bâtissant un monde aux frontières du réel, excluant la multitude, nouant des liens si forts que leur amour les fit sursauter. Le deuil d’une enfance égarée entre l’orient et l’occident parut moins lourd à supporter à l’âge où la vie se conjugue au pluriel. Ils se noyèrent l’un dans le regard de l’autre, ravivant à l’occasion les couleurs de leurs souvenirs, entretenant la mémoire par le récit de leur vie d’avant, Richard à Alger, Carmen à Oran. Bab El Oued alla à la rencontre du village nègre, Notre Dame d’Afrique prit la main de la Vierge de Santa-Cruz et Albert Camus se réconcilia avec « la ville escargot ».
Puis, ils échangèrent les déclarations, les baisers, les promesses. Ils avaient simplement oublié les liens qui unissaient leurs familles respectives à l’histoire de leurs deux peuples issus, pourtant, d’une seule entité, la communauté pied noireJoseph Solivérès avait blêmi en apprenant la nouvelle par son épouse. Sa fille, la plus belle fille du monde, la beauté personnifiée, croyait être amoureuse d’un juif alors qu’elle était promise depuis son plus jeune âge au fils de son meilleur ami Manuel Rodriguez natif, comme lui, de Perrégaux, la ville des oranges. Un ami rencontré sur les bancs de l’école communale, associé dans la vie et dans les affaires sur l’exploitation de l’Orangeraie, célèbre dans toute l’Oranie.
--« Regardes-moi, Carmen! Moi vivant, jamais tu épouseras un juif, un arabe ou même un martien. Je te tue plutôt! Ta mère et moi, on t’a promise au fils de Manu. Tu l’as oublié? »
Bien sur qu’elle n’avait pas oublié Sauveur, son frère d’amitié. Mais il n’était pour elle, qu’un ami d’enfance. Jamais l’amour ne s’était glissé dans leurs jeux.
La petite avait regardé son père droit dans les yeux comme pour y chercher une exagération espérée.
--« Mais Papa, toujours tu disais, et maman aussi, que là-bas vous faisiez aucune différence entre les communautés? »
--« Et on le maintient. Mes amis, y s’appelaient Aboulker ou Hamad mais jamais je leur aurais donné ma fille en mariage parce que les juifs y se mariaient entre eux, les arabes également et nous autres, çà nous venait même pas à l’esprit d’épouser une fille qui prie dans une mosquée ou dans une synagogue. Et pourtant, ils étaient nos amis! »
Carmen s’était tournée, alors, vers sa mère pour lire dans ses yeux un éventuel encouragement à défier l’autorité paternelle. Rosette Solivérès ne broncha pas. Au contraire, elle se blottit sous le bras protecteur de son mari et renchérit :
--« Ton père, il a raison, ma fille! Sauveur, on le connaît. Il est de chez nous. C’est un fils de bonne famille. Ce Richard! Comment tu dis qu’il s’appelle, déjà? »
--« Benaim! Richard Benaim y s’appelle, et ses parents, c’est des gens très bien! Et puis d’abord, vous les connaissez. Le père, il est musicien, pianiste je crois! Et sa mère, tous les jours tu la rencontres sur le marché, alors! »
--« Son père, il est musicien comme moi ch’uis toréador! C’est pas demain la veille qu’il passera à la télévision avec son orchestre arabe! » ironisa Joseph.
--« A t’écouter, on croirait que tu considères pas les juifs comme des pieds noirs! »
--« j’ai pas dit çà! Et ta mère non plus, mais un juif c’est d’abord un juif et après, seulement, c’est un pied noir! »
--« Et Enrico Macias, si c’est un pied noir différent, pourquoi vous pleurez comme des madeleines quand y chante? »
Devant l’agacement de son mari, Rosette Solivérès s’approcha de sa fille, lui prit le bras et poursuivit:
--« Tu as raison, ma fille! C’est ton père qui s’est mal exprimé. Il a jamais voulu dire que les juifs, ils sont moins pieds noirs, moins beaux ou moins intelligents que nous autres. Jamais, il a voulu dire que les oranais, on est mieux que les Algérois ou les Constantinois; seulement, tu le connais, il choisit mal ses mots. Il veut dire tout simplement que tu dois épouser un garçon de chez nous. Un catholique pied noir; Oranais si possible. Perrégaulois encore mieux. Et Sauveur par dessus le marché! Tu sais, ma fille, pour être heureuse dans la vie, il faut tout partager avec son mari. Comment veux tu avoir des affinités avec un breton ou un Cht’imi ou un provençal? Qu’est-ce qu’il comprendra de ta nostalgie, tu peux me le dire! Il t’enverra balader, un point c’est tout! Et tu veux qu’j’te dise: il aura bien raison! »
--« A la seule différence près que Richard est né à Alger, que c’est un pied noir cent pour cent « tramousse et calentica » même qu’à Alger, ils disent « calentita », qu’il est juif et que je suis catholique mais je n’oublie pas que tu étais italienne et papa, espagnol. Çà vous a pas empêché d’être heureux et d’avoir beaucoup de points communs. »
--« Hou, ma fille! Tu me fatigues, hein! Tu peux me dire qu’est-ce que tu connais à la religion juive? Tu sais les contraintes religieuses, les tables de la loi, tu connais l’histoire du peuple juif..... »
--« Mais maman, j’épouse Richard Benaim, j’épouse pas le peuple juif! »
--« C’est du pareil au même! Rentrer dans une famille juive, c’est adopter sa religion, sa foi, sa façon de regarder les autres, c’est des rites immuables depuis des millénaires. Epouser un juif, c’est épouser sa religion! »
--« Léon, jamais tu devines! Ton fils, il est amoureux, le pauvre! »
Comme chaque samedi, Léon Benaim empruntait les chemins de traverse pour rentrer à son domicile. Accompagné de son frère aîné Prosper, il arrivait chez lui à midi et demi, heureux de ses louanges à D.... au sein d’une synagogue qui lui rappelait si peu le Temple de la rue Randon où il épousa la tendre Lisette, une amie d’enfance. A cette époque, la casbah judéo-arabe d’Alger, se prêtait admirablement aux mariages intra-communautaires, la plupart du temps arrangés par les deux familles dont l’estime réciproque s’inscrivait sur plusieurs générations.
--« Et alors, c’est de son âge, non! » commenta Léon, prenant à témoin son frère, invité comme à l’accoutumée, à fêter la fin du « shabbat ».
--« C’est vrai qu’on laissait pas notre part aux chiens; à chaque fois, comme des « r’mar » on tombait amoureux! » ajouta Prosper.
--« Oui, mais vous autres, vous vous amourachiez des jeunes filles juives! Pas des catholiques! »
--« Et non, ma p’tite Lisette! Çà nous arrivait plus souvent qu’à notre tour! » avoua Léon.
--« Et qu’est ce que tu croies, comme y dit Enrico, aille qu’elles sont jolies les filles de mon pays. Les juives, les catholiques et les petites musulmanes ! » ajouta Léon.
--« Et oui ma p’tite Lisette, on leur demandait pas leur religion ; il suffisait qu’elles nous sourient pour qu’on tombe amoureux Elles étaient tellement jolies. » se souvint Prosper rattrapé sans doute par un fantôme de jeunesse.
-« Bou! Ma mère, la pauvre, toujours elle disait que les Benaim, ils étaient tous plus fous les uns que les autres! Et moi, j’ai épousé le plus fou de tous. »
--« Ton fils, il est amoureux. Et après! Tu vois pas qu’il est en train d’apprendre le métier d’homme! Où il est le mal! Dis moi, où il est le mal? »
--« Allez, va! Viens manger au lieu de dire des bêtises grosses comme toi! Crois moi, tu réfléchis mieux quand tu as le coco plein! » conclut Lisette.
MA MERE JUIVE D ALGERIE : 17 euros
Extraits.........
J'ai perdu mon enfance en perdant ma mère.
Je l'ai égarée dans la souffrance des glaces recouvertes d'un linge afin qu'elle ne renvoie pas aux vivants l'image défigurée du malheur et du chagrin.
Ma mère est partie. Elle a tout emporté avec elle. Tous mes souvenirs que je lisais dans son regard perdu entre Alger et Paris, dans un ailleurs qu'elle me racontait les après-midi d'hiver, son fichu bleu ciel sur les épaules qui la protégeait, non pas du froid, mais de l'agression inhumaine de l'exil d'une mère juive d'Algérie.
Sa voix ne caressera plus ma mémoire de ses histoires de famille judéo-arabe de la casbah de sa jeunesse. Elle ne perpétuera plus l'épopée de son peuple issu de l'inquisition médiévale espagnole de 1391 et de son aïeul, le Grand Rabbin Simon Ben Sémah DURAN "RASHBAZ" qui réunifia le judaïsme d'Afrique du Nord avec son comparse, "RIBACH".
Ma mère a rejoint le pays du Bon Dieu. Elle est partie pour le nuage d'où on ne revient jamais. Elle qui répétait toujours :
--" Dans ma vie, j'aurai fait deux voyages contre ma volonté : le premier en quittant mon pays, le deuxième, en quittant cette terre ! "
J'ai perdu mon pays, ma peine fut immense.
J'ai perdu ma mère, mon chagrin est éternel.
IL ETAIT UNE FOIS...........BAB EL OUED : 20 euros
Extraits..........
PREFACE
La parution de l’œuvre de mémoire que voici, précède de quelques semaines le quarantième anniversaire de notre exil.
Hubert ZAKINE, fils de BAB EL OUED nous offre aujourd’hui le plus bel hommage rendu à notre quartier, à notre faubourg, à notre cité qui berça nos plus belles années.
Sous sa modestie et sa discrétion apparente, Hubert cache une humanité et une fraternité sincères.
Le fait est que nous voici en présence d’une œuvre remarquable, écrite d’une plume trempée dans la sève de l’émotion poétique. L’auteur nous propose l’héritage de notre fortuné quartier, brossant à la manière des impressionnistes, les couleurs d’une amitié régnant en maîtresse absolue sur BAB EL OUED.
Son art consommé de la description des scènes pittoresques de la rue a su nous émouvoir grâce à des phrases empreintes de sensibilité et de nostalgie.
En nous invitant, par la lecture de ce magnifique ouvrage, à revivre la prodigieuse histoire des gens de chez nous, Hubert ZAKINE nous entraîne dans un tourbillon émotionnel, nous aidant à revisiter nos quartiers, nos cités, nos jardins, nos cafés... le décor de notre exceptionnel destin.
Cependant, c’est le souvenir et l’hommage rendu aux habitants de BAB EL OUED qu’il faut surtout relever ; l’auteur ayant su éviter la mode et le snobisme des mots pour faire revivre dans nos mémoires endolories un BAB EL OUED qu’aucune loi, qu’aucun référendum ne pourra effacer.
Jean Pierre GARGUILO
Président de l’A.B.E.O.
(Amicale de Bâb El Oued)
HORIZONS BLEUS : 17 euros
Extraits.................
--"Le dernier dans l'eau c'est une tapette!" y lance à la ronde Jeannot avant de se ruer dans les escaliers comme si y devait prendre l'avion. Une demi-seconde après j'avais enfilé mon maillot et en avant nous autres, je prenais l'avion moi aussi.
Et c'est là que je deviens zombi. Parce que c'est à ce moment là que je la vois.
--" Norbert, je te présente ma cousine Colette !"
--"Bonjour !" elle me lance en m'adressant un sourire à faire pâlir le p'tit négro d'Afric-Film, (13 rue Auber, ALGER. 628-28/ 628-29.)
Elle est assise sur le sable. Alors comme un r'mar, je me laisse tomber à genoux et sans dire un mot, rien que je la regarde. Je la visite comme si elle était un musée. C'est ma mère qu'elle va être contente, elle qui me reproche d'aimer le football et de cracher sur tout le reste. Purée, dé! Mes yeux y z'en croient pas leurs yeux. La bombe d'Hiroshima elle pourrait tomber aux Horizons Bleus, même pas je l'entendrais. Subjugué je suis, subjugué je reste! Avant aujourd'hui, même pas je connaissais ce mot. Hé c'est normal, qui c'est qui peut être subjugué à quinze ans moins cinq ?
Déjà, toute la bande, elle nage dans la Méditerranée. Moi, je me contente de nager dans le bonheur. J'aurai dû prendre ma bouée des fois que je me noie dans ses yeux! J'évolue de l'intérieur parce qu'à l'extérieur, y'a rien qui bouge. Je suis toujours à genoux devant elle. On dirait que le Bon Dieu il a mis de la sécotine sur le sable. Elle doit vraiment me prendre pour un bourricot de la montagne, hein! Y faut dire qu'elle est belle comme une poupée asiatique avec ses yeux en amande, son teint mat et ses cheveux noirs légèrement bouclés que le vent mesquinette y promène sur son visage.
Elle aussi, elle doit aimer la sécotine parce qu'elle a pas bougé de sa place. On dirait qu'elle attend l'autobus! Elle me mange des yeux. Si j'étais plus grand, j’me jette sur elle et je l’embrasse jusqu’à demain matin.
--" Oh! Vous tapez pas le bain?" y nous lance un badjej qu'il a pas compris que la suite de "Autant en emporte le vent" elle se déroule sous ses yeux. Sans quitter le noir regard de ma petite chinoise, je lui prends la main et la décolle du sable. Pour la première fois de ma vie, même pas j'ai envie de "taper la pancha". Au contraire, je m'enfonce dans l'eau comme un aveugle qui veut se suicider par noyade progressive. Même pas je sens la température de l'eau. Reusement qu'elle avoisine les vingt huit degrés parce que s'il lui avait pris la fantaisie de descendre sous les dix degrés, même pas je m'en serais aperçu. Mais j'aurais quand même attrapé une bonne congestion, va!
--" Tu sais nager?"
Regarde moi là! Pour qui elle me prend? Une autre, j'lui aurais mis deux calbotes.
--" Bien sur!" je réponds, vexé comme Sal MINEO dans "La fureur de vivre" quand James DEAN y le met au défi de je me rappelle même plus quoi.
--" On va jusqu'au rocher plat?"
C'est là que je joue les protecteurs.
--" C'est pas un peu loin pour toi? "
Luc, son cousin, y me répond à sa place comme s'il était son père.
--" Trop loin! Tu seras pas partie, qu'elle sera arrivée!"
Colette, elle se contente pas d'être belle, jolie, et tous les synonymes que j'ai la flemme de puiser à la source de tous les dictionnaires de la terre. Elle est aussi intelligente, je dirais même futée parce qu'elle comprend que l'envie de mettre une botcha à son cousin elle me monte au nez comme la moutarde que toujours ma mère, elle me reproche d'en mettre trop dans mon assiette, alors elle rectifie :
--" On y va en promenade, pas pour battre le record du monde!"
Et tout en parlant, elle allonge le bras et je la vois se transformer en sirène du Mississippi. Purée, elle nage comme elle respire. Ma parole d'honneur, comme si la Méditerranée c'était sa mère. Que l'élément liquide c'était sa maison, son pays et sa patrie. Elle est née femme-poisson comme d'autres naissent footballeurs, virtuoses ou cataplasmes ambulants. Amman, elle glisse sur l'eau sans provoquer la moindre écume. Elle nage sans déranger la mer. Sans réveiller les poissons. D'un style coulé qui tranche singulièrement avec mon rythme heurté. Esther Williams en personne !
LE DESTIN FABULEUX DE "SIEUR DURAND D ALGER" ............19 Euros
Centre du pouvoir ottoman, résidence du Dey HASSAN PACHA et de tous les souverains qui s'étaient succédés avant lui, le Palais de la "JENINA" s'abritait à l'ombre d'un parc luxuriant, découvrant de mignons pavillons mauresques dévolus aux serviteurs de la Régence, aux activités commerciales et au harem. La maison du Sultan, "Dar el soltan", voisine du "Souk-el-kébir", place où tout se vendait et s’achetait, s’ouvrait sur une grande bâtisse de trois étages de style andalou rafraîchie par un petit jardin, "JENINA" en arabe. Pour accéder à la chambre forte où le Dey amassait le Trésor de la "Course", il fallait montrer patte blanche au garde noir qui veillait au grain dans sa guitoune verte, entrer dans la "skifa" par la lourde porte cloutée, accéder au bureau du Dey dont la vue plongeait sur les deux petites mosquées à l’intérieur de l’enceinte, traverser la grande salle de réunion du "Diwan" sous l’œil d’une cinquantaine de janissaires, garde rapprochée du Régent.
David DURAN s'y rendait parfois, prié par le Dey ou par quelque dignitaire du régime pour traduire textes et ordonnances transmis par les consuls étrangers ou bien, pour effectuer le change des multiples monnaies qui envahissaient le pays.
Le père de Léon Juda jouissait d'une grande considération au sein de la "JENINA". Son érudition, ses six langues parlées et écrites, ses connaissances mathématiques et le prestige associé au nom des DURAN depuis près de quatre siècles, lui valaient mille attentions de son entourage. D'autant qu'il restait l'un des rares banquiers de la Régence à maîtriser le change des innombrables moyens de paiement du pays confrontés aux ducats espagnols, à la lire italienne, à la livre sterling britannique ou au franc français.
Le Régent le savait et, à l'instar de quelques autres négociants israélites et musulmans, il ne pouvait se passer des services du "juif DURAN".
L'échoppe de Jacob SERROR ne différait point des autres boutiques artisanales qui s'alignaient le long de la rue BAB AZOUN. Un escalier de cinquante centimètres invitait le client à demeurer sur le pas de la porte de l'antre minuscule où le vendeur, assis en tailleur, proposait sa marchandise créée devant le passant médusé de tant d'habileté et de savoir-faire.
Coiffées de voûtes à verrières, la rue BAB AZOUN déclinait en son milieu pour l'évacuation des eaux déversées par les commerçants pour rafraîchir cette étuve naturelle où se réalisaient de très nombreuses transactions dans un concert assourdissant de palabres, de cris et de vociférations.
David DURAN commanda à son ami une main de "fatmah" pour protéger son fils du "mauvais oeil" et un sautoir en or fin pour son épouse avant de se rendre au Temple SARFATI afin d'annoncer la naissance de son fils et inviter toute la communauté à la " milah " de Léon Juda BEN DURAN.
DIASPORA ET JUDAISME D'ALGERIE : 15 euros
Le colonialisme a vécu. Le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes a tiré un trait sur un monde en voie de disparition. Le XXIème siècle ouvre les bras à la modernité. De grandes transhumances ont modifié l'équilibre de la planète tel que l'ont connu nos parents, nos grands-parents, nos anciens. Les exodes temporaires, les exils définitifs, l'indépendance des pays colonisés, la fuite des civils face à toutes les violences, la recherche d'une vie meilleure ont façonné un monde différent où toutes les races, toutes les citoyennetés, toutes les religions se côtoient. Ce melting-pot souhaité par certains, imposé par d'autres, refusé par des tiers se trouve aux antipodes des partisans d'une appartenance identitaire à un continent, à un pays, à une région, à une ville, à une religion.
La conséquence de cette turbulence qui charrie d'amont en aval et de bâbord à tribord des populations homogènes ou hétérogènes vers des terres d'asile où il fait meilleur vivre est figée dans les préceptes évoqués par les tenants de l'antiracisme: les mariages mixtes.
La diaspora du peuple juif a suivi cette évolution que d'aucuns jugeront fâcheuse. La survie du judaïsme est toujours passée par ce vieil adage empreint de sagesse : " Si tu veux être heureux, maris toi dans ta rue!"
Tout était résumé dans ce conseil avisé offert à la réflexion de la jeunesse par les anciens. L'expérience parlait par la bouche de ces parents, oncles, tantes, voisins qui vivaient dans une ville, dans un quartier où tout le monde se connaissait, voyait naître et grandir les enfants, appréciait une "famille bien comme il faut", partageait les petites misères, les grandes joies ou les terribles malheurs qui jalonnaient l'existence du faubourg. De cette osmose entre les gens, les générations, les communautés, s'était instauré une identité de vue et de pensée cimentée par l'identification à une religion et une foi inébranlable en Dieu. Les catholiques épousaient des filles de Marie, les juives unissaient leur destin à celui des fils de Moïse, les enfants de Mahomet convolaient en justes noces aux bras de belles musulmanes. Ainsi, chacun s'ancrait dans sa religion avec le sentiment d'œuvrer pour sa Maison sans l'ombre d'une pensée mauvaise à l'égard des autres fois. Les ventres s'arrondissaient, les baptêmes succédaient aux circoncisions et la vie s'écoulait au rythme des mariages intra-communautaires.
Dans les pays arabes, le judaïsme et l'islam s'émancipèrent à travers leur apport culturel. Les casbahs, lieux de vie et de coexistence pacifique, résonnèrent souvent d'une musique andalouse qui s'épanouissait grâce aux virtuoses issus des deux communautés jumelles. La cuisine aux mille saveurs embauma les ruelles parfois nauséabondes de la vieille ville. On parla, alors, de casbah, de cuisine, de musique judéo-arabe. L'Afrique du Nord porte en elle les traces visibles de "cette haine qui ressemble à l'amour" à laquelle on se doit d'associer les "Pieds Noirs" de confession catholique. Ce fut une grande et belle aventure d'un melting-pot d'avant-garde, à une époque où les bonnes consciences métropolitaines s'effarouchaient du "paternalisme" des européens envers les "indigènes". La superbe terre africaine fut un merveilleux laboratoire d'une Europe tant désirée de nos jours. Les pauvres bougres du bassin méditerranéen, italiens, espagnols, maltais, mahonnais, siciliens, grecs s'associèrent à la France pour ne faire qu'une seule et même entité: les " européens d'Algérie, du Maroc et de Tunisie". Les juifs s'y intégrèrent, au delà du décret Crémieux, tout en conservant leur particularisme.
Bien sûr, cette cohabitation judéo-arabe ne ressembla jamais à une idylle. Ici comme ailleurs, les synagogues furent pillées, les juifs assassinés, les thoras lacérées. Mais la terre d'islam fut de temps à autre, une terre d'asile, de repos, de travail et de respect du culte.
L'histoire des fils de Moïse est universelle. Il n'existe pas un bout de planète vierge d'une présence juive passée ou actuelle. Les exodes successifs favorisèrent ce déploiement vers le Portugal, les Pays-Bas, les Etats Unis, l'Union Soviétique, les Pays Arabes, la Grande-Bretagne, l'Italie, l'Argentine, l'Afrique du Nord, la France ou Israël. Ne dit-on pas que la plus vieille synagogue du monde se trouve à Djerba dans le sud tunisien et porte le nom d'une jeune fille qui serait sortie indemne d'un incendie: La Ghriba.
Cette errance, cadencée d'accalmies temporaires, perpétuée dans les mémoires, transmise de générations en générations, est l'un des moteurs essentiels de la communauté. Le verbe se fait sirène. Les mots alertent avant que les cris n'alarment. La sentinelle endormie garde le doigt crispé sur la gâchette. Le conseil de prudence mobilise le corps et l'esprit. Le regard-girophare épie malgré lui. La défensive reste prioritaire.
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