vendredi 29 janvier 2010

ELIE KAKOU l'enfant de Nabeul


Elie KAKOU est né le 12 Janvier 1960 à Nabeul (Tunisie)
Eté 1984. Un petit bonhomme franchit clandestinement au bras de sa sœur les portes de la Payotte, un célèbre cabaret marseillais. Diplôme de prothésiste en poche, il est décidé à fêter cela dignement. Il va en découdre, blouson de cuir sur le dos, avec l’exigeant public de l’endroit : C’est parti, le malingre kakou marseillais brûle les planches. Le public en redemande. Il revient, réclame KA-KOU, KA-KOU ! Sans savoir que le sobriquet qu’ils scandent avec appétit est en réalité le vrai patronyme d’Alain - Elie, le petit gars de Nabeul (Tunisie), cadet d’une famille de 7 enfants, né le 12 janvier 1960. La cartomancienne lui avait pourtant dit l’année du bac, au cours d’une séance offerte par sa sœur Brigitte : il serait célèbre.
Mais le destin prend parfois des détours inattendus avant de frapper.
En 1978, Elie a dix-huit ans lorsqu’il choisit l’appel du drapeau israélien. Dans cet univers solennel où le rire n’est pas au menu du programme quotidien, Elie fait rapidement davantage l’humour que la guerre. Comique troupier, il est très rapidement extrait des rangs par les gradés pour développer ses talents d’amuseur public. Le gros des troupes, les petits chefs, les moments absurdes qui n’existent que dans cet univers kaki, les humiliations bénignes ou malignes sont autant de situations dont il restitue la quintessence. Son premier public est uniquement viril mais déjà enthousiaste. Le deuxième, celui du Club Med sera plus exigeant.Un public qui se renouvelle une fois par semaine, qu’il faut toujours étonner et qui ne paie pas forcément pour cela. Intransigeant. Le succès est immédiat. Elie devient la mascotte de chaque Club dans lequel il exerce ses talents de plongeur ou de lavandier : “you put on the water, you wash it, you wash it, you rince, you rince, you rince, three time, you smell... hummm it smell like a flower !”Après ces quelques mois de rodage, Elie est enfin prêt à passer à la vitesse supérieure.

Il « monte » à la capitale et court les auditions. Il décroche rapidement son premier sésame cathodique. Madame Sarfati déboule sur le plateau de la première émission d’Arthur, « l’émission impossible ». Arrive ensuite « la Classe », le fleuron de France 3 (FR3 à l’époque), formidable tremplin pour les humoristes du moment. En sortiront d’autres de ses camarades qui se feront une notoriété à leur tour : Michèle Laroque, Jean-Marie Bigard, Anne Roumanoff, Gustave Parking, Pierre Palmade, Lagaf'.Premières télés, premières planches parisiennes.A cette époque, juste après avoir rodé son spectacle au Plateau 26, Elie squatte l’un des plus célèbres cafés-théâtres de la capitale, le Point Virgule qui s’avère rapidement trop petit pour contenir les interminables files d’attente. Huit mois seulement plus tard, après un été au théâtre Déjazet, il éblouira l’Olympia, puis fera des prolongations au Casino de Paris avant d’être le premier artiste « comique » à s’installer au Zénith de Paris. La tournée de l’Olympia durera deux ans, dans toutes les villes de France, Suisse, Belgique, et au Québec !Une éblouissante ascension qui finira au mythique Cirque d’Hiver en février 1997. Puis pendant un an, Elie emmène son « Cirque » en tournée : panthère, chameau, et une troupe de danseurs habillés par Jean-Paul Gaultier (qu’Elie admirait beaucoup, le personnage de Jean-Paul Goudier en est une preuve…).
L'ascension ne lui tourne pas la tête. Sa famille veille sur lui. A commencer par sa mère qui lui promet avec le plus grand sérieux : - Ne t’inquiète pas. Tu me donnes l’argent et moi je vais te le cacher. Et puis tu vas travailler. Tu vas gagner encore plus. Je m’occupe de tout.Il gagne surtout l’affection d’un public toujours plus nombreux et transporté au gré de ses tournées. Au cours d’une représentation à Marseille, le spectacle doit commencer par l’arrivée des danseurs. Mais le brouhaha est si puissant que ceux-ci ne peuvent pas entendre la musique, couverte par les cris du public. Finalement l’un d’entre eux décide qu’il est temps de s’y coller. Les autres le suivent comme un seul homme sur la scène et improvisent sous les hurlements du public, un grand et enthousiaste n’importe quoi. En 1997, à l’âge de 37 ans, Elie entame aussi une carrière cinématographique. Son premier film, la Vérité si je mens (sorti le 30 avril 1997) est un carton. Viendront ensuite les kidnappeurs (sorti le 25 novembre 1998) puis deux films qu’Elie ne verra jamais, emporté prématurément par un cancer aussi fulgurant que son succès : Prison à domicile (sorti le 9 juin 1999, la veille de sa mort) et enfin Monsieur Naphtali (sorti le 11 août 1999). Elie nous a quittés le 10 juin 1999, bientôt 10 ans… «Déjà !» (titre de son spectacle à l’Olympia).

La force comique d’Elie Kakou réside dans trois éléments. Les costumes tout d’abord car dès son apparition sur scène, en un instant, on sait dans quel registre on va le retrouver. La situation est posée dès le départ.Les mimiques en deuxième lieu. Elie peut entrer sur scène et ne piper mot pendant de nombreuses secondes. D’un regard, d’un geste, d’un mouvement d’épaule il pouvait déclencher l’hilarité dans le public. Certains sketches comme celui où il met en scène un oiseau, ou celui du chignon, ne reposent d’ailleurs que sur du mime.Et enfin les textes pour lesquels le phrasé, les expressions, la diction complètent parfaitement les deux premiers éléments sus-cités.Elie possède un univers très personnel rempli de personnages fabuleux et hilarants dont tout le monde se souvient encore : Madame Sarfati (attention, pas grosse, juste un peu dilatée

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