samedi 5 décembre 2009

AUGUSTE ROBINET le père de Cagayous


Le « Père » de Cagayous s'appelait Auguste Robinet.
Né à Alger en 1862 ; très tôt orphelin, il fut commis du Service Vicinal de la ville avant d'obtenir, après concours, le poste d'inspecteur de l'Assistance Publique.Fonctionnaire mais aussi, pendant un demi siècle, chroniqueur, critique de théâtre et, surtout... barde de la langue et des mœurs populaires algéroises.Robinet débuta à 20 ans dans la presse en signant « Tête d'âne », des fantaisies liées à actualité qui paraîtront dans « L'Akhbar ».
A partir de 1888, dans la « Revue algérienne » puis dans le « Turco », deux périodiques fondés par Ernest Mallebay, il donnera de régulières et spirituelles chroniques sous les pseudonymes de Rob ou de Jean de l'AGHA.Après s'être « exercé » dans quelques écrits en « pataouète », le langage parlé de Bab-el-Oued, qu'il avait parfaitement assimilé, il rédigea « Mardi Gras ». Pour cette première aventure du « plus grand voyou d'Alger » Robinet, curieusement, signa « Cagayous, vu et mis au point : Musette ». Elle fut publiée dans l'hebdo du dimanche « Le Turco » le 3 Mars 1895. L'immédiat succès de cette pochade incita à l'édition des épisodes suivants en brochures à deux sous.
Il s'en vendit dans les rues 12.000 en une seule journée.Réunies en volumes, ces histoires furent constamment rééditées au fil des ans.
Plus près de nous, les Editions Baconnier (1969) , Balland (1972) et Tchou (1979) redonnèrent vie à Cagayouset à ses « complices » hauts en couleurs.
Cagayous, « le roi des salaouetches », originaires de Bablouete (Bab el Oued), et sa petite bande de chenapans malicieux et turbulents parcouraient toutes les rues d'Alger où se déroulaient les cocasses péripéties de leurs exploits hebdomadaires. Une vie intense « d'en haut la cantera à en bas la mer ».Cagayous avait son langage, extraordinaire et typique. C'était du pataouète moderne... ou du « cagaoussien ». Les étymologistes en recherchèrent les origines aux sources diverses, espagnoles à Bab-el-Oued, italiennes dans le quartier de la Marine, arabes à la casbah et françaises un peu partout ailleurs.Cagayous savait ce qu'il voulait et se faisait comprendre : "Aucun, qu'il soit civil ou militaire, il m'empêchera à moi Cagayous que je chante ma chanson quand le soleil y me dit bonjour ! "
Un parler mais surtout un franc parler.
- Quand il « montait » à la Casbah avec sa bande de « Cagnelos » c'était « pour faire maronner à les femmes ». - Pendant la Semaine Sainte, il constatait « que le bon Dieu y s'en fout qu'on mange la bacalaô (morue) ou la viande, en condition qu'on se l'aye pas volée ».
Grand sentimental, sous une apparence « macho », le « pôvre » Cagayous eut des déboires matrimoniaux l'obligeant à « casser la carte » en conclusion de torrides «baroufas ». Musette le mobilisa en 1914 et il dut quitter Alger «ousque le sang il est chaud plus milleur qu'en France » pour rejoindre le front. « Cagayous Poilu », paru en 1920 à Alger, fut la dernière de ses 15 grandes épopées.
L'étonnante « humanité » de Cagayous, c'était le petit monde qui l'entourait :Auguste Robinet, à l'instar de son héros Cagayous avait du caractère. Amateur de belles voitures, membre fondateur de « l'Automobile Club d'Alger », il eut sa superbe Salmson réquisitionnée au début de la guerre ; circulant en tramway, il reconnut un jour son véhicule en stationnement et s'empressa d'aller s'informer dans une boutique voisine ; il apprit ainsi que l'attributaire ne s'en servait que pour un aller- retour quotidien. Robinet s'installa illico au volant, fonça à la Préfecture et avisa l'autorité qu'il reprenait possession de son bien. « Son service des enfants assistés étant plus important que les commodités d'un employé statique ». L'affaire n'eut aucune suite. Robinet fut un des promoteurs de la Maternité de l'Hôpital de Mustapha.
Frappé d'hémiplégie, il s'éteignit le 1er septembre 1930. Selon sa volonté, il n'eut que le cortège de ses trois enfants pour l'accompagner au cimetière du Boulevard Bru.
d'après John FRANKLIN

1 commentaire:

  1. Bonjour,
    Auguste ROBINET a récupéré ma garnd mère à l'assitance publique d'Alger, Pierrette APICARD. Je ne sais où? Avez-vous des pistes, ou les lecteurs de votre site.
    Mon père est Pied Noir espagnol d'origine juive d'Ibiza, Chueta, mes aiuex convertis de force ...Il habitait Rue de Suez
    a bientôt
    François RIBES

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