mercredi 2 décembre 2009

JEAN NEGRONI


Une belle voix grave s'est éteinte : le comédien Jean Négroni est mort, dans la nuit du vendredi 27 au samedi 28 mai, à L'Ile-Rousse, en Corse, où il s'était retiré. Il était âgé de 84 ans. Il avait joué pour la dernière fois en 2001 à Paris, au Théâtre 14, dans Marie Hasparren, de Jean-Marie Besset, mis en scène par Jacques Rosner.
Né le 4 décembre 1920, à Constantine, en Algérie, Jean Négroni rencontre le théâtre à travers Albert Camus qui, à la fin des années 1930, l'incite à jouer dans Le Retour de l'enfant prodigue. Ainsi naît une vocation. En 1944, à Paris, le jeune homme rencontre son deuxième "père" de scène, Jean Vilar. Vilar, qui n'est pas encore patron du Théâtre national populaire (TNP), mais directeur de la Compagnie des 7, engage Jean Négroni comme comédien et assistant metteur en scène. Ils travailleront ensemble jusqu'en 1953. Le temps de signer parmi les plus belles pages de l'histoire du théâtre : la création du Festival d'Avignon, en 1947, et la fondation du TNP, au Palais de Chaillot, à Paris, en 1951.
PREMIER VOYAGE VERS AVIGNON
Avec Bernard Noël, Michel Bouquet, Alain Cuny, Silvia Monfort ou Jeanne Moreau ­ - appelée "la môme" par Vilar ; elle n'a pas 20 ans ­-, Jean Négroni est de ceux qui font le premier voyage vers Avignon. Pendant sept ans, à Avignon et à Paris, il jouera dans Richard II, Le Prince de Hombourg et Lorenzaccio (avec Gérard Philipe), La Mort de Danton...
Puis il partira pour une autre aventure de troupe : celle de la compagnie Renaud-Barrault. Comme ce fut le cas avec Vilar, Jean Négroni n'est pas nécessairement en tête de distribution, mais il impose un physique et une voix qui font merveille dans ce que l'on appelle le corps de troupe.
En 1968, son engagement et sa haute idée d'un théâtre populaire le mènent à prendre la direction de la maison de la culture de Créteil. Là, il se bat pour faire vivre l'héritage politique et artistique de Jean Vilar. En 1976, il jette l'éponge, faute d'obtenir l'argent garant de l'idée qu'il se fait de sa mission.
Ces grandes étapes de la carrière de Jean Négroni s'accompagnent d'autres aventures, certaines admirables, au cinéma ou à la télévision. En 1952, Alain Resnais et Chris Marker font appel au comédien pour Les statues meurent aussi, court-métrage d'anthologie sur l'Afrique à travers l'art. En 1961, il tourne avec Armand Gatti qui, avec L'Enclos, signe son premier film : un face-à-face imposé par un officier SS dans un camp de concentration, entre un communiste allemand et un juif français.
Le réalisateur Stellio Lorenzi le dirige dans La Croisade et L'Inquisition, en 1964, puis dans La Terreur, la même année. Dans ce film tourné pour l'émission "La caméra explore le temps", à la télévision, Jean Négroni joue Robespierre. Il rejouera ce rôle deux autres fois : dans 1989 et nous..., un spectacle deMaurice Béjart pour le bicentenaire de la Révolution française, et dans Je m'appelais Marie-Antoinette, mis en scène par Robert Hossein, en 1993.
Le comédien, amoureux de poésie, prêtera sa voix à des émissions de radio. Et il répond "oui" quand, en 2000, le compositeur Pierre Henry lui demande d'accompagner sa musique dans Mix. Ainsi restera la voix d'une belle vie.

1 commentaire:

  1. Pour moi, il restera toujours ROBESPIERRE dans "La caméra explore le temps".
    Quelle présence!
    Ricardo Jiménez

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