LE REPOS DU GUERRIER (extraits)
Dans tous les quartiers, et dans Bab El Oued en particulier, il était coutume (purée, qu’est ce que je parle bien !) de se dobzer l’œil dans une entrée de maison, tête contre tête pour prouver qui c’était le plus fort du monde et des z’alentours. Mais, quand même, on se faisait pas trop mal parce qu’on se battait toujours contre des camarades de rues ou d’écoles avec qui on voulait pas se fâcher « à la vie, à la mort. ».
Mais la vérité, nous autres, on préférait nettement se dobzer l’œil au football, premièrement ça faisait moins mal et en plus on était des fous de football, (chof, la répétition, mon maître d’école, le pauvre, y doit se retourner dans sa tombe) alors obligé, sara-sara, on se défiait dans d’homériques rencontres qui se terminaient qu’à la nuit tombée, quand le couvre-feu y nous pourrissait la vie ou quand notre mère elle venait nous chercher en nous disant immanquablement « tu veux pas que je te descende ton lit à la rue, non ! ».
Ce jour-là, le quartier de la Rampe Valée, va savoir ce qu’il lui est passé par la tête, toujours est-il ( re-chof, comme j’écris bien quand je veux !) il nous a donné rendez vous pour le lendemain à 9 heures du matin pour disputer le match du siècle qui se renouvelait chaque semaine. Nous autres, on a commencé a se casser la tête pour mettre en place une équipe qu’elle ferait pas perdre la figure à tout le quartier pace qu’attention, les grands, déjà, y nous mettaient en garde : « la rampe Valée c’est que des casseurs » , « c’est des tchique-tchiqueurs, rien qu’y dribblent », « y vont vous ri-di-cu-li-ser ». Nous bien sur, on en menait pas large (la vérité si quelqu’un y sait d’où ça vient cette expression, y me tape l’expliquement parce que moi….).
Donc, on avait une de ces roufs, j’vous dis pas ! Ou mieux, j’vous dis ! Y avait pas une paille qui passait ! Alors, après bien des palabres et des insultes parce qu’untel y voulait jouer alors qu’il était mauvais, c’était rien de le dire, l’autre y voulait pas faire goal pace que le vrai goal y devait se taper les commissions au marché sinon sa mère elle le tue, un troisième y voulait taper la grasse matinée. Comme dans les sélections de tous les pays du monde sauf que là, tout le monde il était sélectionneur et tout le monde y voulait jouer pour défendre l’honneur du quartier ! On s’arrête sur une équipe de bras cassés, j’vous dis que ça !
Le matin fatidique, tout le monde il est là. Zarmah, on s’échauffe comme on voit faire les gallistes au Municipal ou les Saint-Eugénois à Saint-Engène, on jongle pour épater la galerie et pour impressionner la sélection de la Rampe Valée, on bombarde notre faux goal qu’on comprend tout d’suite que c’est une passoire, on bombe le torse et soudain on s’aperçoit qu’il manque quelqu’un, « où il est passé King Kong ? » (c’est le surnom de l’absent). Aussitôt, on court le siffler parce que le match y va commencer. Du balcon, y nous assure que le temps de le dire, y descend mais seulement après être passé par le vatère. C’est comme ça qu’on désigne le petit coin en Algérie.
Le match y débute avec un remplaçant de fortune. (Fortuné c’était l’arrière gauche du Gallia, chauve comme Roger Marche). Ya pas à dire, je connais mes classiques.
Dans tous les quartiers, et dans Bab El Oued en particulier, il était coutume (purée, qu’est ce que je parle bien !) de se dobzer l’œil dans une entrée de maison, tête contre tête pour prouver qui c’était le plus fort du monde et des z’alentours. Mais, quand même, on se faisait pas trop mal parce qu’on se battait toujours contre des camarades de rues ou d’écoles avec qui on voulait pas se fâcher « à la vie, à la mort. ».
Mais la vérité, nous autres, on préférait nettement se dobzer l’œil au football, premièrement ça faisait moins mal et en plus on était des fous de football, (chof, la répétition, mon maître d’école, le pauvre, y doit se retourner dans sa tombe) alors obligé, sara-sara, on se défiait dans d’homériques rencontres qui se terminaient qu’à la nuit tombée, quand le couvre-feu y nous pourrissait la vie ou quand notre mère elle venait nous chercher en nous disant immanquablement « tu veux pas que je te descende ton lit à la rue, non ! ».
Ce jour-là, le quartier de la Rampe Valée, va savoir ce qu’il lui est passé par la tête, toujours est-il ( re-chof, comme j’écris bien quand je veux !) il nous a donné rendez vous pour le lendemain à 9 heures du matin pour disputer le match du siècle qui se renouvelait chaque semaine. Nous autres, on a commencé a se casser la tête pour mettre en place une équipe qu’elle ferait pas perdre la figure à tout le quartier pace qu’attention, les grands, déjà, y nous mettaient en garde : « la rampe Valée c’est que des casseurs » , « c’est des tchique-tchiqueurs, rien qu’y dribblent », « y vont vous ri-di-cu-li-ser ». Nous bien sur, on en menait pas large (la vérité si quelqu’un y sait d’où ça vient cette expression, y me tape l’expliquement parce que moi….).
Donc, on avait une de ces roufs, j’vous dis pas ! Ou mieux, j’vous dis ! Y avait pas une paille qui passait ! Alors, après bien des palabres et des insultes parce qu’untel y voulait jouer alors qu’il était mauvais, c’était rien de le dire, l’autre y voulait pas faire goal pace que le vrai goal y devait se taper les commissions au marché sinon sa mère elle le tue, un troisième y voulait taper la grasse matinée. Comme dans les sélections de tous les pays du monde sauf que là, tout le monde il était sélectionneur et tout le monde y voulait jouer pour défendre l’honneur du quartier ! On s’arrête sur une équipe de bras cassés, j’vous dis que ça !
Le matin fatidique, tout le monde il est là. Zarmah, on s’échauffe comme on voit faire les gallistes au Municipal ou les Saint-Eugénois à Saint-Engène, on jongle pour épater la galerie et pour impressionner la sélection de la Rampe Valée, on bombarde notre faux goal qu’on comprend tout d’suite que c’est une passoire, on bombe le torse et soudain on s’aperçoit qu’il manque quelqu’un, « où il est passé King Kong ? » (c’est le surnom de l’absent). Aussitôt, on court le siffler parce que le match y va commencer. Du balcon, y nous assure que le temps de le dire, y descend mais seulement après être passé par le vatère. C’est comme ça qu’on désigne le petit coin en Algérie.
Le match y débute avec un remplaçant de fortune. (Fortuné c’était l’arrière gauche du Gallia, chauve comme Roger Marche). Ya pas à dire, je connais mes classiques.
Le match y se déroule plutôt bien que mal mais toujours pas de King Kong ! On arrache un match nul inespéré. Archi dominés, c’est notre courage qui a sauvé les meubles. J’aurai pu écrire que c’était pas du c… qu’il avait eu notre faux goal, c’était une malle arabe. Mais c’est bon de mentir de temps en temps !
Tout le monde, y nous félicite. Portés en triomphe, y faut pas exagérer mais on eu droit à deux bouteilles de Sélecto en guise de récompense. En regagnant la rue Rochambeau, on voit la sœur de King Kong au balcon qui s’étonne que son frère il est pas au milieu de nous. On s’étonne à notre tour. Son frère, que nenni, il est pas descendu. Elle nous demande de patienter et en rentrant dans l’appartement, elle nous glisse : « Je crois savoir où il a passé ces deux dernières heures ! »
Elle ressort au balcon pas le moins étonnée du monde. Son frère, notre ami King Kong il avait dormi deux heures assis sur……………..la lunette du vatère ! Yaré King Kong!
FIN
Tout le monde, y nous félicite. Portés en triomphe, y faut pas exagérer mais on eu droit à deux bouteilles de Sélecto en guise de récompense. En regagnant la rue Rochambeau, on voit la sœur de King Kong au balcon qui s’étonne que son frère il est pas au milieu de nous. On s’étonne à notre tour. Son frère, que nenni, il est pas descendu. Elle nous demande de patienter et en rentrant dans l’appartement, elle nous glisse : « Je crois savoir où il a passé ces deux dernières heures ! »
Elle ressort au balcon pas le moins étonnée du monde. Son frère, notre ami King Kong il avait dormi deux heures assis sur……………..la lunette du vatère ! Yaré King Kong!
FIN