mardi 17 novembre 2009

TCHALEFS D UN ENFANT DE BAB EL OUED - 3 -


LA CALBOTE D’ALPHONSE HALIMI.

Alphonse HALIMI , c’était le roi de la calbote. De la botcha, si vous préférez. Zarmah, ça fait plusse mieux mais ça fait pas moinsse mal pour autant, c’est moi qui vous le dit. Surtout si cuilà qui vous donne la schkobe (c’est une autre façon pataouète de nommer ce coup qu’on met entre les deux yeux de cuilà qui nous énerve !) y se prépare à devenir le champion du monde des poids coqs de boxe anglaise. Anglaise, indochinoise ou cochinchinoise, comme tu veux, tu choises ou sinon, je te cherche des noises. Donc, vous avez compris que le Alphonse HALIMI en question, quand il était jeune (je peux pas dire « petit » parce que quand il est devenu grand, il est resté petit de taille) il travaillait comme apprenti tailleur chez mon oncle, que lui, il était chef-tailleur.
Sara-sara, mon tonton, il l’envoyait faire des commissions (on disait pas courses en Algérie sauf si on parlait de Mimoun et de Zatopek)
Et vas-y chez l’apiéceur de l’avenue Malakoff, tailleur comme mon oncle. Et vas-y chez apicela, l’épicier de la rue rochambeau où la vérité, il avait rien à faire sauf faire la cour à une (toute) petite apprentie-vendeuse. Et, obligé, il allait pas jeter son dévolu (la classe du narrateur dé !) sur une fille touèle vu sa petite taille ! Oh ! Vous comprenez rien, dé ! Tout y faut vous expliquer, alors !
Mon oncle, il habitait en face le stade Marcel Cerdan. Alors, obligé le (petit) Alphonse, le soir, y s’entrainait avec des sparring-partners (Ba ba ba ! Qué je parle bien l’américain ! On dirait Humphrey Bogart, dé !) Y avait Chérif HAMIA et Albert YVEL aussi ! Y faut dire qu’on pouvait pas rêver mieux pour des boxeurs que disputer des matches au stade Marcel CERDAN, sous l’œil (de bronze) de la stèle du grand champion marocain.
Ma mère que c’était la sœur de mon oncle, sans arrêt elle rendait visite à son mazozé de frère avant de venir nous chercher mes frères et moi, à la sortie de l’école. Mon oncle, gentil et profiteur comme pas un, y demande à sa couturière de sœur de lui recoudre une doublure de veston qu’elle avait laissé des plumes au stade de saint-Eugène lors du dernier match entre l’A.S.S.E et le Gallia Sports d’Alger. Vous me direz, et les enfants qui c’est qui va les chercher ? Alphonse HALIMI il est tout trouvé !
On savait pas qui de mon frère aîné ou du futur champion du monde y prendrait la responsabilité de ramener la « mauvaise troupe » car mon frère dépassait d’une bonne tête le « petit » boxeur. Ca faisait désordre. Toujours est-il que Alphonse HALIMI demanda à mes frères d’avancer et se chargea de bibi qui, du haut de ses cinq ans, y tardait à sortir de sa classe. En effet, Madame DAHAN, la directrice de la maternelle Rochambeau, elle retenait les enfants chahuteurs cinq minutes après la sortie de l’école pour leur apprendre la discipline. Total, on s’en foutait du tiers comme du quart et même celui qui était retenu se voyait décerner par ses petits camarades le titre symbolique de « déconneur ». Seulement, cette attente devant l’école eut le don d’énerver Monsieur HALIMI qui me fila une botcha, une schkobe, une calbote, je sais même plus quoi mais tout colbate, je suis rentré à la maison comme si rien n’était. Y faut dire qu’en ce temps là et dans ce pays, si un enfant y se plaignait du mauvais traitement que lui faisait subir un maître même sadique, paf, y s’en prenait une, que le mur y lui en redonnait une autre.
Alors, comme un grand, quand je repense à ce petit bout d’aventure, je suis content car je me dis que j’ai reçu une calbote, une schkobe, une botcha d’Alphonse HALIMI, champion du monde des poids coqs et que même pas y m’a mis K.O. Ma parole, le roi, c’est pas mon cousin !


FIN hubert zakine

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