samedi 28 novembre 2009

ALEXANDRE ARCADY


Alexandre Arcady est né à Alger en 1947 d'une mère juive pied-noir et d'un père d'origine hongroise - comme le patronyme de son fils. La famille s'installe en France en 1961 et, après ses études, Alexandre s'essaye à la mise en scène de théâtre, réalise quelques courts métrages et, pour la Télévision, enregistre une représentation du "Dom Juan" de Molière en 1978. Il se fera connaître en interprétant, dans AVOIR 20 ANS DANS LES AURÈS (René Vautier, 1972), le rôle de Noël, soldat de l'armée française engagée dans la guerre d'Algérie, qui refuse de combattre puis déserte. LE COUP DE SIROCCO, son premier long métrage, est largement autobiographique. C'est aussi le premier qui s'adresse au public des « Pieds-Noirs » émus de retrouver, dans cette chronique nostalgique de l'exil, le souvenir du « pays perdu ». Interprété par des comédiens hauts en couleurs, Marthe Villalonga, Roger Hanin, Patrick Bruel, qu'on retrouvera souvent dans la suite de l'œuvre du cinéaste, LE COUP DE SIROCCO sera un succès inattendu et prometteur. « D'une manière ou d'une autre, il y aura toujours dans mes films quelque chose qui sera marqué par l'Algérie et la Méditerranée » avait déclaré Arcady avant d'entreprendre LE GRAND PARDON. Situé dans le quartier parisien du Faubourg et de la Butte Montmartre, le film est en effet la description quasi sociologique d'une famille juive immigrée d'Algérie. Film policier dans lequel nombre de critiques trouvent des similitudes avec LE PARRAIN de Francis Ford Coppola (1972), LE GRAND PARDON rencontra un vaste public et conforta la réputation de son auteur de cinéaste à succès. Pour LE GRAND CARNAVAL, Arcady disposa d'un budget dix fois supérieur à celui du COUP DE SIROCCO. Il put ainsi faire évoluer des centaines de figurants, des tanks et autres véhicules militaires, des bateaux, pour reconstituer le débarquement américain en Algérie du 8 novembre 1942. Avec HOLD-UP, Arcady quitte le continent africain pour installer ses caméras au Canada, à Montréal, et diriger la star du moment, Jean-Paul Belmondo, dans un polar classique. Après le relatif insuccès de HOLD-UP, le cinéaste retourne en Afrique du Nord pour DERNIER ÉTÉ À TANGER. L'intrigue, celle d'une vengeance mettant aux prises deux gangs adverses, est cette fois sans rapport avec l'Histoire, passée ou actuelle, et le film, où Roger Hanin est encore en haut de l'affiche, passe inaperçu. C'est sans doute la raison pour laquelle Arcady, avec L'UNION SACRÉE et POUR SACHA, revint à des sujets enracinés dans la réalité contemporaine. Le premier dénonce le fanatisme d'où qu'il vienne et prône la tolérance entre les communautés juive et arabe. Le second est une histoire d'amour sur fond de conflit israélo-arabe à l'époque de la Guerre des Six Jours, en 1967. Les deux réconcilient leur auteur avec un succès qui l'incite à reprendre, avec LE GRAND PARDON II, la recette du premier opus réalisé dix ans plus tôt. Cette fois, il transporte l'intrigue et ses personnages aux États-Unis et ce dépaysement explique peut-être une certaine désaffection du public. Mélodrame aux accents de conte de fées, DIS-MOI OUI ne rencontrera pas le succès escompté. Arcady va retrouver alors ses préoccupations de cinéaste qui se veut responsable et engagé, à la manière d'un Costa-Gavras auquel on le compare parfois. C'est ainsi que K (première lettre de Kadish qui est, dans la religion juive, la prière des morts) utilise comme ressorts dramatiques le souvenir de la Shoah, l'antisémitisme historique et toujours actuel, la montée du néo-nazisme, la chute du mur de Berlin, la première Guerre du Golfe. K est un thriller politique comme le cinéaste les aime. Dans LÀ-BAS... MON PAYS, Arcady revient sur les traces de son enfance et signe une œuvre qui dénonce la montée de l'intégrisme et le sort fait à la femme dans l'Algérie d'aujourd'hui. C'est en Roumanie qu'Arcady situe l'intrigue d'ENTRE CHIENS ET LOUPS, où des tueurs (Richard Berry et Saïd Taghmaoui) sont envoyés à Bucarest pour exécuter un politicien véreux. Le cinéaste trouve ici une nouvelle occasion de stigmatiser la corruption de certains politiques dont le comportement est en tous points comparable à celui des truands qu'ils sont censés combattre.

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